Le Conseil suprême des forces armées, qui préside aux destinées de l'Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak, a confirmé lundi son intention de satisfaire rapidement des revendications clés des manifestants de la place Tahrir.
Parallèlement, les militaires, soucieux de remettre le pays au travail, ont fait évacuer la grande place du Caire, qui a été durant 18 jours le coeur de la "Révolution du Nil", et réclamé la fin des grèves, demandant aux syndicats d'oeuvrer en ce sens.
Selon Waël Ghonim, un des organisateurs emblématiques de la révolte déclenchée le 25 janvier, le Conseil militaire attend la finalisation d'ici une douzaine de jours par une commission ad hoc d'amendements constitutionnels qu'il espère soumettre à référendum dans les deux mois.
Le représentant de Google en Egypte et sept autres jeunes cyber-activistes ont reçu des assurances sur ce point lors d'une rencontre dimanche soir avec deux membres du Conseil. L'opposition réclame notamment l'abrogation des entraves aux candidatures à la présidence et la limitation à deux du nombre de quinquennats.
Le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, en tournée au Moyen-Orient, a déclaré par ailleurs que le Premier ministre égyptien, Ahmed Chafic, lui avait annoncé que son gouvernement, nommé par Moubarak au début de la crise, serait remanié durant la semaine pour y inclure des personnalités de l'opposition.
Dimanche, le Conseil suprême des forces armées avait dissous le parlement élu en 2010 dans des conditions pour le moins controversées, suspendu la Constitution et annoncé son intention de diriger le pays pour une période transitoire de six mois, ou jusqu'à des élections présidentielle et législatives libres.
Dans son "communiqué n°5", le Conseil a invité lundi les travailleurs en grève à travers l'Egypte à reprendre le travail afin de mettre fin à la paralysie de l'activité économique du pays et a invité les syndicats et associations professionnelles à "jouer pleinement leur rôle" à cet égard.
"Nobles Egyptiens, voyez bien que ces grèves, en ce moment délicat, conduisent à des résultats négatifs", a-t-il plaidé, en demandant à chacun d'oeuvrer à "un climat propice à la direction des affaires du pays" jusqu'à la remise du pouvoir à "l'autorité civile légitime élue par le peuple".
Dans la même optique, les militaires ont fait évacuer dans la matinée le dernier noyau de manifestants de la place Tahrir, en menaçant de les arrêter s'ils restaient, afin d'y rétablir une activité et une circulation normales après trois semaines d'occupation.
Mais les manifestants ont promis de descendre de nouveau dans les rues si l'armée ne satisfaisait pas rapidement leurs revendications, qui incluent la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis que Hosni Moubarak a succédé il y a 30 ans à Anouar Sadate, assassiné par un militaire islamiste.
L'armée a promis de lever l'état d'urgence mais elle ne s'est fixé aucun délai pour prendre une telle initiative, précisant seulement qu'elle attendrait que les conditions de sécurité le permettent.
Quoi qu'il en soit, les artisans de la "Révolution du Nil" qui a eu raison vendredi dernier de Hosni Moubarak, ont appelé à une grande "marche de la victoire" vendredi prochain, manière de rappeler aux militaires que c'est la rue qui détient le vrai pouvoir.
Signe de nervosité persistante, la Bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, restera close jusqu'à ce que l'économie retrouve sa stabilité, a annoncé un responsable de la place financière.
William Hague a annoncé lundi que les nouvelles autorités égyptiennes avaient demandé à la Grande-Bretagne de geler les avoirs de plusieurs anciens responsables du pays.
A Paris, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré que la France se tenait "évidemment" à la disposition des nouvelles autorités égyptiennes pour examiner les avoirs que Moubarak détiendrait en France.
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