Les événements, autour de la place Tahrir, en Égypte, minute par minute ce mercredi 2 février.
Les pro Moubarak attaquent les anti gouvernementaux et l'armée regarde impassible |
9h55 : La foule afflue de nouveau place Tahrir, au centre du Caire, où s'étaient réunis la veille plus d'un million de manifestants pour réclamer le départ d'Hosni Moubarak.
10h40 : L'armée égyptienne appelle à la fin des manifestations, dans un message diffusé à la télévision. Elle assure que le message des manifestants a été entendu. "Vous êtes descendus dans la rue pour faire entendre vos exigences et vous seuls êtes en mesure de permettre le retour à la vie normale", déclare un porte-parole de l'armée. Selon lui, il faut désormais penser à l'avenir du pays et faciliter le retour au calme.
Au début de la semaine, l'armée avait jugé "légitimes" les revendications de la population, assurant qu'elle ne tirerait pas sur la foule. Promesse tenue mardi, alors que plus d'un million de personnes se sont rassemblées dans les rues égyptiennes.
11h : Après plus de cinq jours de coupure, l'accès à internet a été en partie rétabli mercredi au Caire et dans d'autres villes.
11h15 : Le couvre-feu instauré vendredi dans tout le pays a été allégé au Caire ainsi qu'à Alexandrie et Suez. Il commencera à 17 heures locales, au lieu de 15 heures et se terminera à 7 heures au lieu de 8 heures. La décision, prise par Hosni Moubarak, a été annoncée par la télévision publique.
11h27 : Le Parlement égyptien a annoncé qu'il suspendait ses séances jusqu'à la révision des résultats des dernières élections législatives. Le scrutin est en effet entaché par des accusations de fraude et de violences.
11h50 : L'opposition égyptienne appelle à la poursuite des manifestations et maintient son rassemblement prévu vendredi pour demander le départ de Moubarak. Insatisfaite de la promesse du président d'abandonner le pouvoir en septembre prochain, elle ne veut dialoguer qu'avec le vice-président, Omar Souleïmane.
13h02 : Premiers heurts entre manifestants anti-gouvernementaux et militants pro-Moubarak rassemblés sur la place Tahrir. L'armée, qui se trouvait entre les différents cortèges, n'a pas tenté de séparer les manifestants qui se battent à coup de bâtons et de jets de pierres.
13h45 : Les journalistes présents sur place constatent la présence de plusieurs blessés. La chaîne Al-Jazeera annonce une centaine de blessés.
14h05 : Les militants pro-Moubarak chargent les manifestants à dos de cheval et de chameau. Certains sont encerclés, désarçonnés et battus à terre.
14h15 : Certains manifestants anti-Moubarak accusent leurs adversaires d'être des policiers en civil. Selon la chaîne d'information Al-Jazeera, des manifestants montrent des cartes de police qu'ils affirment avoir trouvé sur les attaquants. Des informations démenties par le ministère égyptien de l'Intérieur.
14h44 : L'envoyé spécial de France 24 au Caire indique que des coups de feu ont été entendus à proximité de la place Tahrir.
14h45 : Les manifestant anti-gouvernementaux déclarent, malgré les heurts, qu'ils ne quitteront pas la place Tahrir tant que le président Hosni Moubarak ne serait pas parti. Les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont répété qu'ils refusaient que me président égyptien reste au pouvoir jusqu'en septembre.
14h50 : Selon la chaîne américaine CNN, des manifestants pro-Moubarak affirment avoir été forcés à se rendre place Tahrir.
15h10 : Le gouvernement égyptien refuse les appels à une transition immédiate du pouvoir, après des appels répétés en ce sens de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis. "Ce que disent des parties étrangères sur 'une période de transition commençant immédiatement' en Egypte est refusé", écrit dans un communiqué le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Hossam Zaki.
15h15 : Les manifestants se dirigent vers le Musée égyptien du Caire. Des soldats forment une chaîne dans l'enceinte du musée pour tenter de le protéger mais ne s'interposent pas entre les deux camps. Des manifestants anti-Moubarak ont poussé cinq camions de l'armée à proximité du musée pour former une barrière.
15h25 : L'armée tire en l'air pour disperser les manifestants. La télévision publique égyptienne dément ces coups de feu.
15h55 : Des cocktails molotov et des gaz lacrymogènes sont tirés dans l'espace qui sépare les deux camps.
15h58 : L'opposant égyptien Mohammed ElBaradei dit s'attendre à une intervention de l'armée égyptienne aujourd'hui, sur Al-Jazeera. Il dit avoir demandé à l'armée d'intervenir pour protéger les Egyptiens. Il affirme par ailleurs avoir des preuves que des manifestants pro-Moubarak sont des policiers.
16h02 : Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, qualifie d'"inacceptables" les attaques contre les manifestants pacifistes au Caire et les "les condamne fermement". Il a appelé "toutes les parties à la retenue".
16h10 : Un correspondant de France 24 au Caire affirme avoir assisté à des arrestations musclées de manifestants pro-Moubarak qui sont en fait des policiers, selon la profession indiquée sur leur carte d'identité.
16h15 : Les Etats-Unis dénoncent les "attaques" contre les médias en Egypte. Plusieurs journalistes ont en effet été molestés par des manifestants. Un des correspondants de France 24 parle de "chasse aux sorcières" contre les journalistes. Le journaliste vedette de CNN, Anderson Cooper, aurait lui été frappé à la tête par les manifestants pro-Moubarak.
Un journaliste belge, correspondant pour le quotidien français La Voix du Nord, aurait lui été enlevé alors qu'il était en reportage dans le centre du Caire. Le journaliste a pu appeler la rédaction et indiquer qu'il avait été "emmené auprès d'un poste militaire, où il s'est entendu accuser d'espionnage, puis annoncer qu'il allait être transféré vers des services de sécurité".
16h20 : Les partisans des deux camps sont montés sur les toits des immeubles pour jeter des pierres. Les pro-Moubarak lancent également des cocktails molotov. Des voitures, des camions et des arbres sont en feu, à proximité du musée égyptien.
16h35 : L'AFP fait état de centaines de blessés parmi les manifestants au Caire. La chaîne Al-Jazeera parle elle de 500 blessés.
16h41 : Les Etats-Unis sortent de leur silence et exhortent "toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter la violence". La Maison Blanche "déplore et condamne" la violence contre les "manifestants pacifiques".
17h : La nuit est tombée sur Le Caire. Des feux ont été allumés place Tahrir, où ne sont plus rassemblés que les manifestants les plus radicaux.
17h10 : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu met en garde contre le risque que le soulèvement populaire en Egypte ne débouche sur une période "d'instabilité et d'incertitude pendant de nombreuses années" dans la région.
17h25 : Le journaliste Ivan Watson, de la chaîne CNN, indique que les anti-Moubarak sont désormais encerclés par les supporters du président au milieu de la place Tahrir et dit craindre "un bain de sang" à la nuit tombée.
17h35 : Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a condamné sur France 24 les violences et exprimé sa "vive préoccupation". "La violence n'est pas la réponse à ce qui est en jeu, aux aspirations des Egyptiens", a-t-il dit. Le ministère des Affaires étrangères demande donc la fin des affrontements.
17h40 : Au moins 500 blessés ont été soignés dans une mosquée transformée en hôpital de campagne à proximité de la place Tahrir, ont indiqué des sources médicales. Le bilan pourrait être plus lourd car "d'autres blessés ont été transférés vers des hôpitaux ailleurs".
17h46 : Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, demande la "libération immédiate" du journaliste Serge Dumont. "Notre ambassade demande aux autorités égyptiennes d'assurer la sécurité du reporter belge et de faire tout ce qui est nécessaire pour pouvoir le localiser", explique le ministre,
18h15 : La place Tahrir se vide progressivement mais les affrontements persistent, sans que l'armée n'intervienne. Une vingtaine d'ambulances sont postées aux différents points d'accès à la place.
18h26 : Plusieurs manifestants ont affirmé au New York Times qu'on leur a proposé de l'argent, l'équivalent de 6 euros, pour porter des affiches pro-Moubarak.
18h32 : Le ministère de la Santé égyptien communique un premier bilan chiffré faisant état de 350 blessés et d'un mort, présenté comme un appelé.
18h36 : La situation continue de se tendre, France 24 rapportant des jets de cocktails Molotov.
18h40 : Des jets de cocktails Molotov ont provoqué un début d'incendie sur l'une des façades du musée du Caire.
18h50 : Nouveau bilan officiel de 403 blessés et d'un mort. "Il y a eu un décès, celui d'un conscrit des forces armées", a indiqué le porte-parole du ministre de la Santé, Abderrahmane Chahine, à la télévision.
18h51 : Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères défend sur la BBC le comportement des militaires. "Ce n'est pas la place Tiananmen, cela ne le deviendra pas", a-t-il déclaré, tout en louant "le haut niveau de professionnalisme et de moralité des forces armées".
19h03 : "Une série de tirs a été entendue près du musée. Une fumée blanche se dégage de l'avenue située sur le flanc droit du musée", rapporte le correspondant de France 24. La place Tahrir continue de se vider.
19h09 : Un journaliste d'Al-Jazeera rapporte que les ambulances ne peuvent pas accéder à la place Tahrir malgré le grand nombre de blessés.
19h14 : "Les Etats-Unis déplorent et condamnent la violence qui a lieu en Egypte, et nous sommes profondément inquiets au sujet des attaques contre les médias et les manifestants pacifiques. Nous renouvelons notre appel à la retenue", précise le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
Seifeddine DEPASSE
Votre correspondant au Caire
Sources: Nile TV, Al Jazeera, Al Arabia, France 24, CNN et BBC
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