jeudi 10 février 2011

Un auteur libyen arrêté à la suite d'un appel à la contestation

 
Un auteur et commentateur politique libyen arrêté la semaine dernière et accusé d'une infraction au code de la route semble avoir été pris pour cible après avoir appelé à l'organisation d'actions de protestation pacifiques dans le pays, a déclaré Amnesty International.

Jamal al Hajji, un ancien prisonnier d'opinion ayant la double nationalité libyenne et danoise, a été arrêté le 1er février à Tripoli par des membres des forces de sécurité vêtus en civil. Ils l'ont accusé d'avoir heurté un homme avec sa voiture, ce qu'il nie.

L'arrestation de Jamal al Hajji est survenue peu après qu'il eut lancé sur Internet un appel à l'organisation de manifestations en faveur d'une plus grande liberté en Libye, à la manière des récentes actions de protestation de masse en Tunisie, en Égypte et dans d'autres États du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.

« Deux aspects particuliers de ce cas nous ont amenés à penser que l'accident de voiture présumé n'est pas le véritable motif de l'arrestation de Jamal al-Hajji, mais un simple prétexte visant à dissimuler ce qui constituait en réalité une arrestation à caractère politique », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

« Tout d'abord, des témoins ont signalé que l'homme qui se serait plaint d'avoir été renversé par la voiture de Jamal al Hajji ne présentait aucune lésion visible. »

« Ensuite, les agents qui ont effectué l'arrestation étaient en civil, ce qui signifie qu'il ne s'agissait pas de policiers ordinaires, qui s'occupent habituellement des accidents de la circulation, mais de membres de l'Agence de sûreté intérieure. C'est cette agence qui procède généralement aux arrestations politiques, et ses membres sont vêtus en civil. »

Jamal al Hajji a été appréhendé dans un parking de Tripoli par un groupe d'une dizaine d'officiers de sécurité en civil, qui lui ont dit qu'un homme affirmait avoir été heurté par sa voiture, qu'il venait de garer.

Le 3 février, Jamal al Hajji a été présenté devant le procureur général de Tripoli et accusé d'avoir blessé une personne avec son véhicule. Son placement en détention a été prolongé de six jours et il a été transféré à la prison de Jdaida.

« Les autorités libyennes doivent donner des éclaircissements sur le statut de Jamal al Hajji au regard du droit », a ajouté Malcolm Smart.

« Ils doivent le relâcher immédiatement et sans conditions si la véritable raison de son maintien en détention est l'exercice pacifique de son droit à la liberté d'expression, auquel cas il est un prisonnier d'opinion. »

Comptable de profession, Jamal al Hajji a écrit une série d'articles sur la vie politique et les droits humains en Libye, pour la plupart publiés sur des sites Internet d'information basés hors du pays.

Cet homme est un ancien prisonnier d'opinion. Il a récemment été incarcéré pendant plus de quatre mois, accusé d'« outrage aux autorités judiciaires », après qu'il se fut plaint aux autorités libyennes d'avoir été maltraité alors qu'il purgeait une peine de deux ans de prison - qui a pris fin en mars 2009.

Depuis sa libération, le 14 avril 2010, il a continué à demander que la Libye accorde des libertés plus étendues à la population.
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire