Le président égyptien Hosni Moubarak, fortement contesté dans la rue, a formé une commission en vue d'amender la Constitution, a annoncé mardi 8 février le vice-président Omar Souleimane.
Le président Hosni Moubarak a "signé un décret présidentiel en vertu duquel il a formé une commission qui aura pour mission d'apporter des amendements à la Constitution", a annoncé Omar Souleimane, le vice-président égyptien à la télévision d'Etat à l'issue d'une rencontre avec le président égyptien. Le président égyptien a "souligné la nécessité de poursuivre le dialogue, pour passer des lignes générales à une feuille de route claire au calendrier précis, en vue d'une transition pacifique et organisé du pouvoir, dans le respect de la légitimité constitutionnelle", a ajouté Omar Souleimane.
Les amendements qui font l'objet de ce dialogue sont liées au nombre de candidatures à la présidentielle ainsi qu'au mandat présidentiel, alors que l'élection est prévue en septembre prochain. Le président Hosni Moubarak, qui est au pouvoir depuis près de 30 ans, ne présentera pas à l’élection présidentielle, il l’avait annoncé le 1er février dans un discours, espérant ainsi apaiser le peuple égyptien qui réclame sa démission. Le 1er février, Hosni Moubarak, avait en outre appelé à "débattre d'un amendement aux articles 76 et 77 de la Constitution pour changer les conditions de la candidature à la présidentielle et limiter les mandats".
L'article 76, amendé en 2007, est très controversé. Il établit des conditions strictes pour se présenter à la présidentielle, notamment pour les indépendants qui doivent réunir le parrainage de 250 élus émanant de trois institutions différentes, toutes dominées par le parti au pouvoir.
L'article 77, établit la durée du mandat à six ans, pour un nombre illimité de mandats.
Un "comité de suivi" du dialogue engagé entre l'opposition et le pouvoir a également été formé, a précisé le vice-président. "La commission constitutionnelle et le comité de suivi entameront leurs réunions dès aujourd'hui".
Barack Obama, le président des Etats-Unis, a estimé lundi 7 février que le processus politique en Egypte enregistrait des "progrès".
Pour autant, selon le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley, l'organisation d'élections libres à brève échéance en Egypte constituerait "une entreprise ambitieuse". Il a rappelé que la Constitution égyptienne prévoyait des élections dans un délai de 60 jours si le président Moubarak quittait le pouvoir. "La question se poserait de savoir si l'Egypte est prête aujourd'hui à avoir des élections concurrentielles et ouvertes, sachant que le passé récent a montré, très honnêtement, que les élections n'avaient pas vraiment été libres et justes", a dit Philip Crowley.
La peur d'Israël
De son côté, tout en affirmant que la France ne souhaitait pas "s'ingérer dans le choix du peuple égyptien", le ministre français de la Défense Alain Juppé a souligné que Paris soutenait l'avènement d'une "réelle démocratie" et estimé que "la transition (devait) se développer dès que possible".
La Maison Blanche a par ailleurs appelé tout futur gouvernement égyptien à respecter les "traités et engagements" actuels, allusion évidente au traité de paix liant l'Egypte à Israël.
"J'ignore ce qui va arriver en Egypte, mais notre intérêt est clair : il faut préserver la paix qui existe depuis trois décennies et a apporté le calme dans le sud (d'Israël) et la stabilité dans la région", a à cet égard dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Par ailleurs, Moubarak a rencontré mardi 8 février au palais présidentiel le chef de la diplomatie des Emirats arabes unis, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, a rapporté l'agence Mena. Il s'agit de la première rencontre entre le chef d'Etat, et un responsable étranger depuis le début il y a deux semaines du mouvement de contestation sans précédent qui secoue l'Egypte. Le président Hosni Moubarak a reçu du ministre "une lettre de son frère le président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane", a précisé l'agence.
Manifestations : une accalmie relative
Les mesures politiques annoncées progressivement par le pouvoir n'ont pas apaisé la colère des protestataires qui exigent toujours un départ immédiat du président Hosni Moubarak. Des milliers d'Egyptiens continuaient à manifester mardi 8 février pour marquer le début de la troisième semaine de cette révolte sans précédent.
Espérant calmer les manifestant, le président égyptien Hosni Moubarak a promis lundi 7 février une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites.
Dans le même souci d'apaisement, Hosni Moubarak a demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences de mercredi place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé partisans et détracteurs du régime. Selon Omar Souleimane, il a donné des instructions pour empêcher toute "poursuite" ou harcèlement à l'encontre des manifestants, dont "la liberté d'expression" ne devrait pas être "confisquée" selon lui. "Les jeunes d'Egypte méritent l'estime de la nation", a indiqué mardi 8 février Omar Souleimane.
Même si les contestations persistent, la vie reprend doucement son cours au Caire, avec la réouverture des magasins et des routes depuis dimanche 6 février. La durée du couvre-feu a été de nouveau réduite dans la capitale, à Alexandrie (nord) et Suez (est) : il sera désormais en vigueur de 20h (18h GMT) à 06h (04h GMT), contre 19h auparavant.
La Bourse du Caire, fermée depuis le 30 janvier, doit de son côté rouvrir le 13 février. Le constructeur automobile japonais Suzuki a par ailleurs annoncé avoir fait repartir sa production en Egypte, une semaine après l'avoir suspendue.
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