Le Premier ministre belge a reproché jeudi aux grands pays de l'UE de trop vouloir occuper le devant de la scène européenne sur l'Egypte et d'occulter la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, censée parler au nom des 27.
"L'Europe doit parler d'une seule voix, la voix de Mme Ashton", a déclaré Yves Leterme aux journalistes en arrivant à un sommet avec ses homologues de l'Union européenne à Bruxelles, consacré notamment à la vague de contestation en Egypte. "Maintenant c'est un test de vérité" auquel est confronté l'Europe, "il faut donner un espace politique à Mme Ashton", a-t-il dit. "Les gens doivent apprendre les nouvelles réalités" institutionnelles nées du traité de Lisbonne qui a créé le poste de haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères, confié à la Britannique et censé permettre à l'Europe de parler d'une seule voix.
La Belgique a été clairement irritée par l'initiative prise jeudi par les dirigeants des cinq plus grands pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) de publier un communiqué commun sur l'Egypte, en parallèle à une déclaration que faisait au même moment Catherine Ashton sur le sujet. Et qui a du coup a été en grande partie reléguée au second plan.
Les critiques à l'égard de la chef de la diplomatie européenne, récurrentes sur son manque d'expérience et de visibilité depuis sa nomination fin 2009, ont redoublé avec la révolution tunisienne et les manifestations anti-Moubarak en Egypte.
L'Europe apparaît depuis le début à la traîne de événements dans le monde arabe, qu'ils s'agisse de la révolution en Tunisie ou des manifestations en Egypte, où l'UE a toujours un temps de retard sur les Etats-Unis.
Jeudi, le chef de file du principal groupe politique au Parlement européen (Parti populaire européen, droite), Joseph Daul, a estimé que l'Europe avait "un problème de casting" avec Catherine Ashton au poste de haute représentante aux Affaires étrangères.
L'Union avertit l'Egypte contre tout nouveau dérapage
Les dirigeants européens, réunis vendredi en sommet à Bruxelles, ont mis en garde vendredi les autorités égyptiennes contre tout nouveau dérapage à l'occasion de la grande journée de manifestations contre le président Hosni Moubarak."Nous attendons que les forces de sécurité égyptiennes fassent en sorte qu'en ce vendredi décisif des manifestations libres et pacifiques puissent se dérouler", a lancé la chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée à Bruxelles.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a jugé pour sa part "insuffisantes" les premières mesures prises vers la transition par le pouvoir égyptien et estimé qu'il perdrait toute "crédibilité" en cas de nouvelles violences dans la journée contre les manifestants."Si nous voyons aujourd'hui dans les rues du Caire de la violence orchestrée par l'Etat ou un recours à des voyous pour s'en prendre aux manifestants, alors l'Egypte et son régime perdront le reste de crédibilité et de soutien dont il dispose de la part de l'Occident, y compris de la Grande-Bretagne", a averti David Cameron.
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