jeudi 10 février 2011

Forte mobilisation des anti-Moubarak malgré les menaces du pouvoir


Alors que le mouvement anti-Moubarak entre dans son 17e jour ce jeudi, les manifestants restent fortement mobilisés place Tahrir malgré les menaces d'intervention militaire brandies par le pouvoir égyptien. 

AFP - Malgré la menace du pouvoir de faire intervenir l'armée en cas de "chaos", les manifestants restaient fortement mobilisés jeudi place Tahrir au Caire pour obtenir le départ du président Hosni Moubarak, qui n'a pas réussi à apaiser une révolte sans précédent.

Au 17e jour du soulèvement contre M. Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, les protestataires scandaient dès le petit matin "Le peuple veut faire tomber le régime", leitmotiv de la contestation. 

"Alaa (fils aîné du président), dis à papa qu'un quart de siècle, ça suffit!", criaient-ils place Tahrir, occupée jour et nuit et devenue le symbole du mouvement.
Beaucoup portaient des photos de "martyrs" tombés lors des violences qui ont fait environ 300 morts selon un bilan de l'ONU et Human Rights Watch depuis le début du mouvement.

Défiant le pouvoir qui a durci mercredi le ton à leur égard, les manifestants ont installé de nouvelles tentes sur la place, selon un photographe de l'AFP.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a brandi mercredi la menace de l'armée, affirmant que l'institution militaire, considérée comme neutre, interviendrait "en cas de chaos pour reprendre les choses en main".
Le quotidien britannique The Guardian a toutefois fait état de témoignages accusant l'armée d'avoir détenu au secret des centaines de manifestants et d'en avoir torturé certains.
Des protestataires ont passé la nuit sur les deux bords de la chaussée menant au Parlement, et jeudi matin, les deux entrées de cette route étaient bloquées.
"Non à (Omar) Souleimane!", le vice-président (ex-chef des services secrets), "Non aux agents américains", "Non aux espions israéliens", "A bas Moubarak", scandaient-ils.  

Des centaines de manifestants avaient encerclé mercredi le Parlement et le siège du gouvernement, situés face à face dans le centre du Caire.
"Si nous ne mourons pas ici, nous mourrons en prison. Je préfère mourir ici", affirme à l'AFP Attiya Abou El-Ela, un diplômé de 24 ans au chômage.
Maintenant la pression, la Maison Blanche a estimé que la poursuite de la mobilisation populaire montrait que les réformes politiques n'étaient toujours pas suffisantes, alors que le département d'Etat a encouragé l'armée égyptienne à continuer à faire preuve de modération.

M. Aboul Gheit, dont le pays est l'un des principaux alliés de Washington dans la région, a accusé les Etats-Unis de chercher à "imposer" leur volonté à l'Egypte en exigeant des réformes immédiates, dans un entretien à la chaîne américaine PBS. 

Le calme semblait être revenu jeudi à El Kharga, une ville à 400 km au sud du Caire, où cinq personnes, blessées la veille dans des heurts entre manifestants et policiers qui ont fait usage de balles réelles, sont décédées, selon des sources médicales. Il y a aussi eu une centaine de blessés.  

Mardi, le vice-président Souleimane avait estimé qu'une fin immédiate du régime "signifierait le chaos", des propos aussitôt dénoncés par les Frères musulmans qui ont assuré que les manifestations "continueront quelles que soient les menaces".
 
L'armée, épine dorsale du régime, a été appelée le 28 janvier en renfort de la police, en particulier pour faire respecter le couvre-feu toujours en vigueur au Caire, à Alexandrie (nord) et Suez (est).  

La situation est revenue à la normale aussi à Assiout, au sud du Caire, où une voie de chemin de fer et une autoroute reliant le nord et le sud du pays, bloquées mercredi par des manifestants anti-Moubarak, ont été rouvertes.

Des manifestants avaient également saccagé un bâtiment officiel à Port Saïd (nord-est), à l'entrée méditerranéenne du canal de Suez.

Les manifestants exigent toujours le départ immédiat de M. Moubarak, 82 ans, qui a promis de s'effacer à la fin de son mandat en septembre sans apaiser les protestataires.
A la contestation politique se sont ajoutés des mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail, dans les arsenaux de Port-Saïd, dans des sociétés privées travaillant sur le canal de Suez (est) ou encore à l'aéroport du Caire.
 
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts entre policiers et manifestants les premiers jours, puis entre pro et anti Moubarak le 2 février, ont cependant fait près de 300 morts, selon l'ONU et HRW, ainsi que des milliers de blessés.

Le cybermilitant Wael Ghonim, devenu une icône de la révolte égyptienne après avoir passé douze jours en détention, a promis jeudi qu'il ne ferait pas de politique et qu'il "reviendrait à une vie normale (...) une fois que les Egyptiens auront réalisé leur rêve".
 
 
 

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