C'était dans l'air depuis quelques heures: le vice-président Omar Souleimane a annoncé la démission d'Hosni Moubarak. Explosion de joie dans les rues du Caire et sur la place Tharir. Un conseil militaire va diriger le pays.
Depuis le début de l'après-midi, des informations quant au départ du Raïs s'étaient multipliées.
Selon le vice-président Omar Souleimane, qui intervenait à la télévision, Hosni Moubarak "a décidé de renoncer à ses fonctions". Il a confié le gouvernement du pays à un "conseil militaire" pour faire face "aux circonstances difficiles que traverse le pays". Le président du Parlement assurera l'intérim pour une période de 60 jours.
Les centaines de milliers de manifestants réunis place Tahrir au Caire ont explosé de joie à l'annonce de la démission du président égyptien après trente ans au pouvoir, ont constaté les journalistes de l'AFP sur place.
"Le peuple a fait tomber le régime! le peuple a fait tomber le régime!", scandait une foule en délire sur cette place devenue symbole du mouvement de contestation déclenché le 25 janvier contre Hosni Moubarak.
Les manifestants hurlaient de joie et agitaient des drapeaux égyptiens. Certaines personnes se sont évanouies sous le coup de l'émotion.
A Tunis également, où une révolution avait forcé le président Ben Ali à quitter le pouvoir début janvier, des concerts de klaxon ont salué cette démission.
Des scènes de liesse ont été observées dans la bande de Gaza. Le Hamas n'a d'ailleurs pas tardé à réagir: c'est "le début de la victoire de la révolution égyptienne" a dit le mouvement.
Nombreuses manifestations vendredi
Un peu plus tôt, le Parti national démocrate (PND) de Hosni Moubarak avait indiqué que le chef de l'Etat avait quitté Le Caire pour la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, où il dispose d'une résidence.
Au 18e jour de la mobilisation populaire, un million de personnes manifestaient au Caire, selon un responsable de la sécurité, tandis qu'elles étaient entre 400 000 et 500 000 à Alexandrie, selon un photographe de l'AFP.
Plus de 3000 personnes étaient notamment rassemblées aux abords de la principale résidence de Hosni Moubarak, dans le quartier de Heliopolis, dans la périphérie du Caire, tandis que plus de 2000 autres se trouvaient à l'extérieur du bâtiment abritant la télévision d'Etat, sur les rives du Nil.
Alors que les manifestations se déroulaient le plus souvent dans le calme depuis le 3 février, une personne a été tuée et 20 blessées vendredi lors de heurts à Al-Arich, dans le Sinaï égyptien, entre manifestants et policiers, selon un responsable des services de sécurité.
Le manifestant a été tué lors d'un échange de tirs entre policiers et protestataires qui tentaient de libérer des détenus dans un poste de police.
Selon des témoins, un millier de manifestants ont lancé des bombes incendiaires sur le poste de police et mis le feu à des véhicules.
Jeudi soir, Hosni Moubarak avait annoncé qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président Souleimane, mais qu'il restait de droit président jusqu'à la fin de son mandat en septembre, ce qui lui conférait encore d'importantes prérogatives. Cette annonce avait provoqué la colère des manifestants qui réclamaient son départ immédiat.
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