La Constitution égyptienne devrait limiter à un maximum de deux mandats de quatre ans la durée d'exercice du pouvoir par les prochains présidents du pays, selon les amendements présentés samedi par un comité de juristes.
Les propositions de ce comité nommé par le Conseil suprême des forces armées, qui a pris les rênes de l'Egypte après le renversement par la rue d'Hosni Moubarak, seront soumises à référendum avant des élections présidentielle et législatives promises dans un délai de six mois.
Parvenu au pouvoir en 1981, le "raïs" déchu effectuait son cinquième mandat consécutif de six ans chacun lorsqu'il a été renversé le 11 février par la "révolution du Nil".
L'actuelle Constitution, suspendue par les militaires, rendait quasiment impossible la candidature de personnalités d'opposition.
Les élections feront en outre désormais l'objet d'une supervision judiciaire, a déclaré l'ancien juge Tarik al Bichri, qui préside le comité de juristes. Ce dernier a souligné que les critères de candidature à la présidentielle seraient assouplis.
Une partie des opposants à Hosni Moubarak exigent l'adoption immédiate d'une nouvelle loi fondamentale et juge insuffisants les amendements proposés. Ils regrettent notamment que ne soient pas d'ores et déjà assouplies les conditions particulièrement strictes pour la création de partis politiques.
En l'absence de proposition en ce sens, il revient au conseil militaire au pouvoir de délivrer les autorisations d'ici les élections, a souligné le politologue Moustapha Kamal al Sayyid.
D'autres considèrent qu'il s'agit d'une première étape vers l'instauration d'un régime démocratique.
Une nouvelle Constitution sera élaborée après les élections, a souligné Tarik al Bichri.
Pour réaffirmer leurs revendications en faveur de réformes démocratiques, plusieurs centaines de manifestants ont entrepris samedi soir de camper sur la place Tahrir du Caire, épicentre du soulèvement ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak.
La nuit précédente, une manifestation similaire a été dispersée par la force, ce qui a conduit des contestataires à accuser l'armée de "trahir le peuple".
Les manifestants, qui célébraient place Tahrir les deux semaines de la chute d'Hosni Moubarak et réclamaient la démission des ministres compromis avec l'ancien régime, accusent les soldats d'avoir, une fois minuit passé, éteint les lampadaires, tiré en l'air et fait usage de matraques pour disperser la manifestation.
Le Conseil suprême des forces armées a assuré qu'il n'avait pas donné l'ordre de "charger" les manifestants.
"Ce qui s'est passé la nuit dernière (...) était le résultat d'altercations involontaires entre la police militaire et les enfants de la révolution", a dit le conseil sur sa page Facebook, qu'il utilise pour communiquer.
Le Conseil affirme que les personnes interpellées seront libérées et accuse des fauteurs de trouble "infiltrés" d'avoir jeté des pierres et des bouteilles sur les forces de l'ordre.
Selon Achraf Omar, un manifestant, les militaires ont utilisé matraques et pistolets immobilisant. "Je pensais que les choses changeraient. Je voulais donner une chance au gouvernement mais c'est sans espoir avec ce régime", a-t-il dit.
L'armée s'est engagée à empêcher une "contre-révolution" mais a été confrontée vendredi à des manifestations dans tout le pays, réclamant une modification en profondeur de la Constitution et la démission du Premier ministre Ahmed Chafic.
Les protestataires réclament la formation d'une équipe de technocrates dans l'attente des élections, tandis que l'armée a maintenu à leurs postes les ministres de la Défense, de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires étrangères, nommés par Moubarak avant son départ.
Clément Guillou,
Jean-Loup Fiévet
et Bertrand Boucey
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