Place Tahrir, des centaines de manifestants ont brandi leurs chaussures vers l'écran où était retransmis le discours du président Moubarak |
Le raïs a annoncé, jeudi, qu'il déléguait une partie de ses pouvoirs au vice-président Souleiman. Mais pas question de démissionner.
Il aura surpris le monde entier, jusqu'au président des États-Unis. Alors que son départ était présenté comme imminent, et que son peuple espérait un discours d'adieu, Hosni Moubarak a annoncé, lors d'une intervention télévisée très attendue, jeudi soir, qu'il ne démissionnerait pas. S'il a déclaré, sans plus de précision, qu'il déléguait une partie de ses pouvoirs au vice-président Omar Souleiman, le raïs conserve officiellement la fonction de président. Il a promis l'amendement de 5 articles de la Constitution.
"Je suis conscient du danger que représente cette croisée des chemins (...), et cela nous impose de faire passer d'abord les intérêts supérieurs de la nation", a déclaré Hosni Moubarak. "La transition du pouvoir va d'aujourd'hui à septembre" a-t-il ajouté, en référence à la date de l'élection présidentielle, à laquelle il a promis, une nouvelle fois, de ne pas se présenter.
Adresse aux manifestants
Hosni Moubarak s'est dit convaincu de l'honnêteté des intentions et des revendications des manifestants. Mais a jugé, catégoriquement, que ces annonces y apportaient une réponse suffisante. "L'Égypte se dirige jour après jour vers un transfert pacifique du pouvoir", a-t-il déclaré. Place Tahrir, les dizaines de milliers de personnes qui avaient attendu ce discours dans une atmosphère de liesse ont brandi leurs chaussures, furieux, pour dénoncer ces propos. Et de scander : "À bas, à bas Hosni Moubarak" ou "Dégage, dégage !"
En référence aux interventions étrangères demandant une "transition" du pouvoir en Égypte, le raïs a indiqué qu'il n'accepterait pas de diktats étrangers. "Nous voulons que ces jeunes et que tous les Egyptiens sachent que nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir une transition en bon ordre et véritable vers la démocratie en Égypte", avait déclaré, jeudi, le président américain.
Discours de Souleiman
Quelques minutes après le discours du raïs, Omar Souleiman a pris, à son tour, la parole dans une déclaration télévisée, pour appeler les jeunes manifestants à rentrer chez eux. Hosni Moubarak a placé les intérêts du pays au-dessus des siens, a-t-il estimé.
Il a déclaré, également, qu'il existait une feuille de route pour la transition, soulignant qu'il superviserait un "transfert pacifique de pouvoir". "Vos revendications sont légitimes et justes (...) Il n'y a aucune honte à entendre vos voix et opinions, mais je refuse tout diktat de l'étranger", a affirmé Hosni Moubarak. "J'ai annoncé ma détermination à remettre pacifiquement le pouvoir après la prochaine élection (...) Je conduirai l'Égypte et son peuple vers la sécurité", a-t-il dit.
Inquiétudes
Après un précédent discours de Moubarak, la semaine dernière, de nombreux Égyptiens appartenant aux élites urbaines à l'avant-garde des manifestations s'étaient déclarés satisfaits de la promesse d'un changement en temps voulu, ajoutant qu'ils étaient désormais attachés à ce que les activités économiques suspendues par les manifestations puissent reprendre. Mais, à quelques heures de la "Journée des Martyrs" prévue vendredi à la mémoire des victimes des manifestations, la colère dans les rues du Caire et d'Alexandrie fait redouter des dérapages, alors que l'armée, déployée dans les rues depuis deux semaines, a annoncé qu'elle prenait la situation en main pour protéger la nation.
"Il ne paraît pas comprendre la magnitude de ce qui se passe en Égypte. À ce stade, je ne pense pas que cela suffira", commente Alanous al-Charek, de l'Institut international d'Études stratégiques à propos du discours du raïs. "Il a réalisé un tour de passe-passe. Il a transféré l'autorité à Omar Souleiman tout en conservant en quelque sorte sa position de dirigeant." "Étant donné l'intense déception que provoque ce discours en Égypte, le pays est entré dans une période inquiétante de tension extrême et de danger qui ne peuvent être réglés que par un changement de régime crédible acceptable par la majorité des Égyptiens", note pour sa part Mohamed El Erian, de Pacific Investment Management Co.
Dans la journée, les forces armées avaient publié un "Communiqué n° 1" annonçant qu'elles intervenaient pour protéger la nation. Certains Égyptiens ont considéré cette intervention comme un coup d'État militaire, après deux semaines de manifestations sans précédent. L'annonce que Moubarak pourrait céder le pouvoir avait suscité des manifestations de joie sur la place Tahrir.
"Il ne paraît pas comprendre la magnitude de ce qui se passe en Égypte. À ce stade, je ne pense pas que cela suffira", commente Alanous al-Charek, de l'Institut international d'Études stratégiques à propos du discours du raïs. "Il a réalisé un tour de passe-passe. Il a transféré l'autorité à Omar Souleiman tout en conservant en quelque sorte sa position de dirigeant." "Étant donné l'intense déception que provoque ce discours en Égypte, le pays est entré dans une période inquiétante de tension extrême et de danger qui ne peuvent être réglés que par un changement de régime crédible acceptable par la majorité des Égyptiens", note pour sa part Mohamed El Erian, de Pacific Investment Management Co.
Dans la journée, les forces armées avaient publié un "Communiqué n° 1" annonçant qu'elles intervenaient pour protéger la nation. Certains Égyptiens ont considéré cette intervention comme un coup d'État militaire, après deux semaines de manifestations sans précédent. L'annonce que Moubarak pourrait céder le pouvoir avait suscité des manifestations de joie sur la place Tahrir.
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