Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU, s'adressait lundi 21 février aux médias au sujet de la situation en Lybie. |
Sous le choc des événements dramatiques en Libye, le Conseil de sécurité de l'ONU était réuni d'urgence mardi à New York, les occidentaux plaidant pour l'adoption d'une déclaration forte condamnant les violences en Libye.
Une première réunion informelle dans la matinée à été suivie dans l'après-midi de consultations formelles. "Il y a encore plus d'inquiétude après l'inquiétant discours de Mouammar Kadhafi", a dit un diplomate à la suite de l'allocution du numéro un libyen, qui a menacé ses compatriotes d'une répression sanglante.
La répression engagée contre les manifestants "est vraiment choquante", a déclaré l'ambassadeur d'Allemagne, Peter Wittig, avant le début des travaux. "Voici pourquoi nous pensons que cela relève des attributions du Conseil de sécurité. Le Conseil doit agir avec un message rapide et clair", a-t-il dit. "Nous soutiendrons des mesures très rapides", a ajouté l'ambassadeur, soulignant que la situation explosive en Libye avait "des implications régionales et internationales".
"Nous espérons que quelque chose sortira du Conseil afin de protéger le peuple libyen", a indiqué de son côté Ibrahim Dabbashi, ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l'ONU, qui a fait défection lundi. M. Dabbashi avait envoyé une lettre au Conseil lundi soir demandant cette réunion. Il a demandé que l'ONU proclame une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye et l'établissement d'un corridor humanitaire pour apporter une aide aux civils.
L'ambassadeur libyen à l'ONU Mohamed Shalgham, qui lui n'a pas fait défection, a parlé devant le Conseil de sécurité, de même que Lynn Pascoe, sous-secrétaire général pour les affaires politiques de l'ONU. M. Shalgham, qui s'est décrit comme un ami d'enfance de Mouammar Kadhafi, a indiqué qu'il ne soutenait pas tous les actes de son adjoint mais qu'il avait dit aux dirigeants libyens que "la violence doit cesser". "Kadhafi est mon ami. Je peux le critiquer mais je ne peux pas l'attaquer. Il est très courageux", a-t-il dit aux journalistes.
"Différent de l'Egypte ou la Tunisie"
C'est la première fois que le Conseil discute de la tourmente qui a gagné le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. "Il s'agit à l'évidence d'un cas différent de ce que nous avons vu en Egypte et en Tunisie du fait de l'étendue de la violence et de l'utilisation de mercenaires" contre les manifestants, a souligné un diplomate sous couvert d'anonymat.
Bien que la Chine et la Russie s'opposent traditionnellement à toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, "tout le monde reconnaît fait qu'il s'agit d'une situation très grave et que la violence a atteint un niveau choquant", a indiqué un autre diplomate. Les violences qui ont accompagné la révolte contre le régime libyen ont fait 300 morts -- 242 civils et 58 militaires --, selon les premiers chiffres officiels communiqués mardi soir. Certaines ONG ont indiqué que jusqu'à 400 personnes avaient été tuées dans les violences lors desquelles des avions de combat et des hélicoptères ont mené des attaques aériennes contre des manifestants.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "indigné" par ces informations. Il a parlé lundi au téléphone pendant 40 minutes avec le colonel Kadhafi et lui a demandé un arrêt "immédiat" des violences. A Genève, la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a averti mardi dans un communiqué les autorités libyennes que "les attaques systématiques et généralisées contre la population civile pouvaient constituer des crimes contre l'humanité".
Seifeddine DEPASSE
Sources : AP, Reuters, AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire