La reine Rania lors d'une soirée de charité |
"Nous demandons au roi Abdallah d'ordonner la récupération par le Trésor des terres et de fermes enregistrées au nom de la famille Yassine (famille de la reine Rania) alors qu'elles sont la propriété du peuple jordanien", a indiqué un communiqué signé par 36 personnalités appartenant aux grandes tribus.
Ce texte brise un tabou dans un pays où les critiques visant la famille royale sont passibles de trois ans de prison.
Aucune réaction n'a pu être obtenue mercredi auprès du palais royal.
Les signataires du document, appartenant à de grandes familles bédouines, traditionnellement loyales à la famille régnante hachémite, estiment que la Jordanie "traverse une crise du pouvoir".
Selon eux, elle "sera tôt ou tard la cible d'un soulèvement semblable à la Tunisie et l'Egypte" et ils exigent "le jugement des corrompus qui ont pillé le pays, quels qu'ils soient et quels que soient leur rang et leur importance".
"Les événement en Tunisie et en Egypte ont donné du courage aux Jordaniens de dire publiquement ce qu'ils chuchotent depuis un moment", a déclaré mercredi à l'AFP un analyste politique jordanien.
"La peur, tellement commune chez les peuples arabes en raison de régimes autoritaires, a changé de camp, elle est aujourd'hui dans celui des dirigeants", a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
"Certaines tribus font l'objet depuis quelques jours de pressions de la part des autorités qui les a sommées de faire attention à ce qu'elles disent à la presse internationale", a pour sa part déclaré à l'AFP un membre d'une grande tribu, sous couvert de l'anonymat.
"Nous continuons à être loyaux au trône hachémite, mais nous estimons que le roi Abdallah doit mettre fin aux abus de son épouse et de sa famille sinon le trône sera en danger", a-t-il ajouté.
Dans leur texte, les signataires accusent la reine d'avoir établi des "centres de pouvoir pour ses propres intérêts, qui vont à l'encontre des intérêts des Jordaniens et constituent un danger pour la nation, la structure de l'Etat et l'institution de la monarchie".
Les tribus se réfèrent à des informations, non confirmées, selon lesquelles le bureau de la reine aurait facilité l'obtention de la nationalité jordanienne à 78.000 Palestiniens de 2005 à 2010.
Les Jordaniens de souche craignent que l'obtention de la nationalité jordanienne par un grand nombre de Palestiniens, faciliterait un plan israélien qui, selon eux, veut transformer la Jordanie en patrie de substitut pour les Palestiniens. Ces derniers constituent déjà près de la moitié de la population jordanienne (6,3 millions).
La reine Rania qui a eu 40 ans le 31 août, est une Palestinienne née au Koweït, dont la famille a fui ce pays du Golfe après son invasion par l'Irak en 1990, et s'est établie en Jordanie. Elle a épousé le roi Abdallah, alors prince en 1993.
"Les critiques contre la reine ne sont pas motivées par la vieille querelle palestino-jordanienne (...) mais par son mode de vie et son ingérence notamment dans les questions de politique locale", a déclaré à l'AFP un militant des droits de l'homme, Labib Kamhaoui, lui-même d'origine palestinienne.
Le train de vie de la reine Rania a souvent fait l'objet de critiques. La soirée de son 40e anniversaire célébrée en septembre, en plein air dans le célèbre désert du Wadi Rum (sud) est dénoncée par le document des tribus qui estiment que "son coût colossal s'est fait aux dépends du Trésor et des pauvres".
La reine Rania jouit d'une grande popularité à l'étranger où elle est souvent citée parmi les personnalités les plus influentes du monde.
La grogne a pris une nouvelle tournure en Jordanie avec des critiques directes et sans précédent contre la reine Rania accusée de "corruption" par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime.
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