L'Algérie ne suivra pas la voie de la Tunisie et de l'Egypte, a déclaré lundi le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci.
Sur Europe 1, il a cependant précisé que l'état d'urgence, instauré en 1992, serait levé "dans les jours prochains", semblant donner des gages à l'opposition algérienne qui appelle à manifester chaque samedi jusqu'à la démission du gouvernement.
"L'Algérie n'est pas la Tunisie, n'est pas l'Egypte", a prévenu Mourad Medelci.
Début février, alors qu'un soulèvement populaire venait de faire tomber le régime Ben Ali à Tunis et qu'un autre menaçait le président égyptien Hosni Moubarak, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé février la levée prochaine de l'état d'urgence, sans plus de précision.
Il a également promis un meilleur accès aux médias pour les partis d'opposition et l'adoption de mesures favorables à la création d'emploi.
Plusieurs centaines de manifestants algériens ont défié samedi l'interdiction qui leur était faite de se rassembler place du 1er-Mai dans le centre d'Alger.
Des milliers de policiers antiémeutes avaient été déployés pour faire échec à cette tentative de rassemblement pour réclamer des réformes démocratiques.
Les révolutions en Tunisie et en Egypte "réveillent un certain nombre de voix, minoritaires" en Algérie, a expliqué le ministre algérien des Affaires étrangères.
"Les marches qui ont été organisées (...) ont bien démontré que ces mouvements sont des mouvements minoritaires", a-t-il estimé.
Interrogé sur la levée de l'état d'urgence, il a répondu: "dans les jours prochains, on en parlera comme du passé".
Cela veut dire "le retour à l'état de droit qui permet de manière totale l'expression des opinions", a-t-il ajouté.
"Les mesures exceptionnelles prévues par l'état d'urgence pourront être levées mais la lutte contre le terrorisme sera encadrée par des lois", a souligné le chef de la diplomatie algérienne.
Mourad Medelci a écarté toute démission du gouvernement algérien, évoquant seulement des "ajustements".
"Le changement de gouvernement appartient au seul choix du président de la République qui évaluera la possibilité, comme il l'a fait dans le passé, d'apporter des ajustements", a fait valoir Mourad Medelci.
Instauré en 1992 après l'annulation par l'armée du second tour des élections législatives que le Front islamique du salut (Fis) était sur le point de remporter, l'état d'urgence était présenté par les autorités comme une mesure nécessaire à la "lutte antiterroriste".
Après les démissions de Zine ben Ali et d'Hosni Moubarak sous la pression de la rue, de nombreux observateurs se demandent si un autre pays du monde arabe ne va pas à son tour s'enflammer contre le pouvoir en place.
Des troubles en Algérie pourraient avoir des conséquences sur l'économie mondiale en raison de son statut de puissance exportatrice de gaz et de pétrole.
Beaucoup d'experts doutent toutefois d'un scénario à l'égyptienne ou à la tunisienne car le gouvernement semble disposer des ressources nécessaires, via la manne énergétique, pour répondre à la plupart des revendications.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire