lundi 28 février 2011

Mobile: ce qu'il faut retenir du Salon de Barcelone

Technologies émergeantes, nouvelles tendances des tablettes et des mobiles... Les points saillants du salon mondial qui se tient à Barcelone.

 


Nouvelle vague de tablettes 10 pouces

Samsung a choisi la taille de 10,1 pouces pour le Galaxy Tab 2, affirmant que c'est la taille la plus appropriée pour les tablettes. Même choix pour le futur modèle de Toshiba, prévu pour le 1er semestre. Il semble que tous les concurrents les plus sérieux de l'iPad optent pour un format équivalent. C'est le cas de Motorola et de son Xoom, dont la diagonale mesurera aussi 10,1".



Des "Facebook phones" monomaniaques

Ils ont pour jolis noms de Chacha et le Salsa, et ce sont des "smartphones Facebook" conçus par HTC. Soit des téléphones spécialement conçus pour partager et accéder facilement à du contenu sur le réseau social. "Cette année vous pouvez vous attendre à voir des douzaines de téléphones qui pousseront l'intégration du social, plus loin que ce qu'on a vu jusqu'à présent", a prévenu le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg. Et Facebook est tout prêt à faciliter cette intégration. Sur le salon, Gemalto a aussi montré que l'intégration pouvait aussi passer par la carte SIM, et pas seulement par le téléphone. La société a présenté une carte SIM embarquant Facebook, et permettant aux détenteurs de téléphones standards d'accéder aux flux (texte) de Facebook sans avoir besoin de télécharger d'application et de se connecter à internet, par SMS.



De la 3D avec ou sans lunettes

Grâce à LG, la 3D débarquera dans les tablettes et les smartphones en mai prochain. Le smartphone Otpimus 3D fonctionnera sans lunettes spéciales, tandis que la tablette Optimus Pad nécessitera le porte de lunettes 3D.



Le décollage du "sans contact"

La technologie sans contact NFC va faire partie des grandes tendances de l'année dans le domaine du mobile. La technologie sera présente dans tous les nouveaux smartphones de Nokia, et dans tous les téléphones du chinois ZTE à partir du 2e trimestre. Google, qui y voit aussi un potentiel publicitaire, l'a intégrée au Nexus S et à sa plateforme Android 2.3 Gingerbread. Samsung - qui a présenté le Galaxy S 2, compatible NFC - fait pareil dans la version 2.0 de son OS Bada. RIM l'ajoutera dans "la plupart" de ses nouveaux Blackberry. Deutsche Telekom a indiqué qu'il lancera un "porte-monnaie mobile" dès cette année en Europe, et en France quatre opérateurs se sont associés pour proposer leur solution de paiement sans contact. 



Des smartphones qui ressemblent à des consoles de jeu

L'Xperia Play de Sony Ericsson est un smartphone équipé d'une manette de jeu coulissante de PSP, la console Playstation portable. Une cinquantaine de jeux seront disponibles au lancement, au 2e trimestre. Avec le succès des applications de jeux sur mobile, les fabricants sont tentés d'intégrer au maximum des fonctionnalités de jeu à leurs téléphones. Microsoft a proposé sa propre version, avec une démonstration de l'intégration entre Windows Phone 7 et Kinect. On y voit une partie multijoueurs, où le smartphone sous Windows Phone sert de contôleur à deux joueurs, pendant que le troisième utilise le Kinect. Cette fonctionnalité sera disponible lors de la prochaine mise à jour du système d'exploitation Windows Phone 7.



La montée en puissance de WebOS

Le Pre 3, présenté par HP et tournant sous le système d'exploitation WebOS, a attiré l'attention au Mobile World Congress. Les premières impressions sur ce téléphone à clavier coulissant, trouvées sur les blogs, sont enthousiasmantes.



Meego n'est pas mort

Relégué au rang de simple laboratoire d'innovations par Nokia, le système d'exploitation Meego a été soutenu par Intel, partenaire du projet depuis le départ. Le fabricant de processeurs, qui s'est déclaré "déçu" par ce choix, pense toujours que Meego peut se placer derrière iOS et Android. Intel en a fait une démonstration sur une tablette, expliquant que l'interface a été conçue autour de l'utilisateur et non pas des applications.


 Seifeddine DEPASSE

Oman gagné à son tour par la contestation

Les manifestants sur le rond-point de la Terre rebaptisé rond-point de la Réforme. 

Des affrontements ont éclaté ce lundi dans la ville de Sohar à Oman entre police et manifestants qui dénoncent la corruption du régime, des protestataires bloquant l'entrée du port, le deuxième de ce sultanat du Golfe. Les manifestants, qui demandent des emplois et des réformes, campent, ce lundi, sur une place de la ville industrielle de Sohar dans le sultanat d'Oman en proie à une agitation sociale, au lendemain de la mort d'au moins un protestataire par les tirs de la police. 

Ils ont dressé des barricades sur des routes de cette ville située à 200 km au nord de Mascate, après avoir incendié un centre commercial proche de la place où ils campent, le rond-point de la Terre rebaptisé rond-point de la Réforme, malgré l'annonce de mesures sociales pour lutter contre le chômage. 

Les dizaines de manifestants ont été survolés dans la matinée par deux hélicoptères vers lesquels ils ont levé des bras vengeurs en criant "Allah Akbar (Dieu est grand)".  

Le gouvernement omanais a affirmé qu'il y avait eu un seul mort dans les troubles dimanche à Sohar. Une source au sein des services de sécurité avait indiqué à l'AFP que deux personnes avaient été tuées et cinq blessées lorsque les forces de l'ordre ont repoussé une attaque de manifestants contre un poste de police. Mais le ministre de la Santé, Ahmed Saïdi, a expliqué à la télévision Al-Jazira, que le deuxième manifestant donné pour mort avait en fait été blessé au ventre. "On a extrait la balle et son état est stable". 

Selon un photographe de l'AFP, les manifestants ont passé la nuit sur la place de Sohar qu'ils disent occuper depuis samedi et ne veulent pas quitter. Ils ont résisté dimanche à une tentative de la police de les éloigner du rond-point qui commande la route reliant la ville à Mascate. 

Dimanche, le sultan Qabous a annoncé des mesures sociales, pour apaiser les tensions dans son pays qui contrôle la sécurité du détroit d'Ormuz, par où transite 40% du pétrole exporté par voie maritime dans le monde. Il a ordonné le versement d'allocations mensuelles de 150 rials (390 dollars) à tout chômeur inscrit en quête d'un emploi, et la création de 50.000 emplois.  

Le sultan a aussi donné l'ordre de créer un comité ministériel pour proposer plus de pouvoirs au conseil consultatif de 83 membres qui conseille le gouvernement sur les questions sociales et économiques.  

En fait, la contestation sociale a commencé dans le sultanat à la mi-janvier avec une première manifestation de quelque 200 personnes demandant des emplois et des prestations sociales. Les autorités avaient alors décidé d'augmenter substantiellement le salaire minimum, ce qui n'a pas empêché une autre manifestations un mois plus tard.  

Plus récemment, d'autres villes comme Salalah dans le sud et Jaar dans l'est ont connu de petites manifestations de mécontentement qui ne vont pas, selon différents témoignages, jusqu'à demander la chute du sultan Qabous qui règne depuis 40 ans.  

Oman, sultanat pétrolier, avec une population de près de trois millions de personnes, dont 20% d'étrangers, est relativement prospère mais le chômage touche une partie de la jeunesse qui a été massivement scolarisée.  






Egypte : Le référendum voulu par l'armée égyptienne aura lieu en mars

Le Conseil suprême des forces armées qui a pris les rênes de l'Egypte après la chute du président Hosni Moubarak envisage d'organiser un référendum constitutionnel en mars, a indiqué dimanche un juriste qui a contribué à rédiger un projet d'amendements.



Sobhi Saleh, membre du comité de juristes qui a dévoilé samedi des projets d'amendements de la Loi fondamentale, a déclaré à l'agence Reuters que cette consultation serait officiellement annoncée dans la semaine qui vient.

Le référendum à proprement parler se tiendrait d'ici la fin mars. Ensuite, des élections législatives concernant les deux chambres du Parlement seront organisées.

Les généraux qui ont succédé au "raïs" déchu et promis de restituer le pouvoir aux civils d'ici six mois ont dissous le Parlement et suspendu la Constitution.

Les amendements présentés samedi par un comité de juristes prévoient de limiter à un maximum de deux mandats de quatre ans la durée d'exercice du pouvoir par les prochains chefs d'Etat égyptiens.

Successeur du président Anouar el Sadate assassiné en 1981 par un islamiste, Hosni Moubarak effectuait son cinquième mandat consécutif de six ans chacun lorsqu'il a été renversé le 11 février par un soulèvement populaire baptisé "révolution du Nil".


Maroua Aouad;
Bertrand Boucey
et Jean-Loup Fiévet



dimanche 27 février 2011

L'ONU impose des sanctions contre le régime de Kadhafi

À l'unanimité, les quinze États membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté, cette nuit, une série de sanctions visant la famille et les proches de Mouammar Kadhafi. Parmi elles, un embargo sur les armes et une interdiction de voyager.


AFP - Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution imposant des sanctions sévères au colonel Mouammar Kadhafi, à sa famille et à des proches du régime.

Parmi ces sanctions adoptées par les quinze Etats membres, figurent notamment un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant seize personnes, dont Mouammar Kadhafi, sept fils et sa fille et des personnes intimement liées au régime.

Par cette résolution, les membres du Conseil de sécurité considèrent que "les attaques systématiques" contre la population civile en Libye actuellement en cours "peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité".

Le Conseil de sécurité a décidé de transférer au procureur à la Cour pénale internationale (CPI) "la situation en Libye depuis le 15 février" et demande aux autorités libyennes de "coopérer pleinement" avec le tribunal.

Cette mesure a fait l'objet de longues discussions entre les Etats membres, certains ayant soulevé des objections, selon des diplomates.

Les membres du Conseil demandent en outre la fin immédiate des violences et que des mesures soient prises pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen. Il exhorte les autorités libyennes à agir "avec la plus grande retenue", à "assurer la sécurité de tous les étrangers", à "assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales" et à "lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias".

Les Etats membres ont enfin décidé d'imposer un gel des avoirs financiers concernant le colonel Kadhafi, quatre de ses fils et un proche du régime.

Le vote a eu lieu en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant a souligné que la résolution adressait "un signal puissant de la détermination de la communauté internationale de se tenir aux côtés du peuple de Libye".

L'ambassadrice américaine Susan Rice a quant à elle souligné que la communauté internationale avait parlé samedi "d'une seule voix". "C'est un clair avertissement aux autorités libyennes sur le fait qu'elles doivent arrêter les violences", a-t-elle ajouté.

L'ambassadeur de France Gérard Araud a relevé que "l'impunité n'est plus une option". Il a salué le vote de la résolution "qui, nous l'espérons, va ouvrir une nouvelle ère pour la communauté internationale".

M. Ban Ki-moon a dit que la résolution "envoit un message fort sur le fait que les crimes ne seront pas tolérés". "J'espère que le message sera entendu" à Tripoli, a-t-il dit.

Le projet de saisir la CPI pour crimes contre l'humanité ne faisait pas l'unanimité. Selon des diplomates, la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et le Portugal avaient soulevé des objections.

Le recours à la CPI était d'autant plus discuté que six Etats du Conseil de sécurité n'en sont pas membres, dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

L'ambassadeur de Libye à l'ONU, Abdurrahman Shalgam, ancien ministre des Affaires étrangères du pays, avait cependant fait parvenir une lettre samedi au Conseil de sécurité dans laquelle il déclarait soutenir le recours à la CPI.

Après le vote, l'ambassadeur a souligné que le régime libyen n'avait "plus aucune légitimité". "Cette résolution sera un signal pour mettre fin à ce régime fasciste qui existe encore à Tripoli", a-t-il dit.

S'agissant de l'embargo sur les armes, il concerne toutes les ventes et tous les transferts de toutes les catégories d'armes et de munitions de même que toute assistance dans le domaine militaire à la Libye.

Vendredi, M. Ban Ki-moon avait estimé qu'il était temps pour le Conseil de prendre des mesures "concrètes" concernant la Libye. "Une perte de temps signifie une perte en vies humaines", avait-il dit.



L'Egypte progresse vers des réformes constitutionnelles

La Constitution égyptienne devrait limiter à un maximum de deux mandats de quatre ans la durée d'exercice du pouvoir par les prochains présidents du pays, selon les amendements présentés samedi par un comité de juristes.



Les propositions de ce comité nommé par le Conseil suprême des forces armées, qui a pris les rênes de l'Egypte après le renversement par la rue d'Hosni Moubarak, seront soumises à référendum avant des élections présidentielle et législatives promises dans un délai de six mois.

Parvenu au pouvoir en 1981, le "raïs" déchu effectuait son cinquième mandat consécutif de six ans chacun lorsqu'il a été renversé le 11 février par la "révolution du Nil".

L'actuelle Constitution, suspendue par les militaires, rendait quasiment impossible la candidature de personnalités d'opposition.

Les élections feront en outre désormais l'objet d'une supervision judiciaire, a déclaré l'ancien juge Tarik al Bichri, qui préside le comité de juristes. Ce dernier a souligné que les critères de candidature à la présidentielle seraient assouplis.

Une partie des opposants à Hosni Moubarak exigent l'adoption immédiate d'une nouvelle loi fondamentale et juge insuffisants les amendements proposés. Ils regrettent notamment que ne soient pas d'ores et déjà assouplies les conditions particulièrement strictes pour la création de partis politiques.

En l'absence de proposition en ce sens, il revient au conseil militaire au pouvoir de délivrer les autorisations d'ici les élections, a souligné le politologue Moustapha Kamal al Sayyid.
D'autres considèrent qu'il s'agit d'une première étape vers l'instauration d'un régime démocratique.

Une nouvelle Constitution sera élaborée après les élections, a souligné Tarik al Bichri.
Pour réaffirmer leurs revendications en faveur de réformes démocratiques, plusieurs centaines de manifestants ont entrepris samedi soir de camper sur la place Tahrir du Caire, épicentre du soulèvement ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak.

La nuit précédente, une manifestation similaire a été dispersée par la force, ce qui a conduit des contestataires à accuser l'armée de "trahir le peuple".

Les manifestants, qui célébraient place Tahrir les deux semaines de la chute d'Hosni Moubarak et réclamaient la démission des ministres compromis avec l'ancien régime, accusent les soldats d'avoir, une fois minuit passé, éteint les lampadaires, tiré en l'air et fait usage de matraques pour disperser la manifestation.

Le Conseil suprême des forces armées a assuré qu'il n'avait pas donné l'ordre de "charger" les manifestants.

"Ce qui s'est passé la nuit dernière (...) était le résultat d'altercations involontaires entre la police militaire et les enfants de la révolution", a dit le conseil sur sa page Facebook, qu'il utilise pour communiquer.

Le Conseil affirme que les personnes interpellées seront libérées et accuse des fauteurs de trouble "infiltrés" d'avoir jeté des pierres et des bouteilles sur les forces de l'ordre.

Selon Achraf Omar, un manifestant, les militaires ont utilisé matraques et pistolets immobilisant. "Je pensais que les choses changeraient. Je voulais donner une chance au gouvernement mais c'est sans espoir avec ce régime", a-t-il dit.

L'armée s'est engagée à empêcher une "contre-révolution" mais a été confrontée vendredi à des manifestations dans tout le pays, réclamant une modification en profondeur de la Constitution et la démission du Premier ministre Ahmed Chafic.

Les protestataires réclament la formation d'une équipe de technocrates dans l'attente des élections, tandis que l'armée a maintenu à leurs postes les ministres de la Défense, de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires étrangères, nommés par Moubarak avant son départ.


Clément Guillou,
Jean-Loup Fiévet 
et Bertrand Boucey




samedi 26 février 2011

Un départ de Kadhafi ouvrirait une période à risque pour la Libye

Des militaires libyens fraternisent avec des habitants de Benghazi, le 25 février 2011

WASHINGTON — La fin du pouvoir de Mouammar Kadhafi ouvrirait un "énorme vide" et une période de transition pleine d'écueils en Libye, pays divisé aux institutions faibles qui peut cependant compter sur le pétrole et l'appétit de sa jeunesse pour la liberté et la démocratie, selon des experts.

A la différence de l'Egypte et de la Tunisie, la Libye fait figure de "cas extrême" des maux observés dans d'autres pays arabes, tels que le Yémen ou les monarchies du Golfe, affirme à l'AFP Khalil Matar.

Les trois régions est, ouest et sud, longtemps séparées avant l'indépendance, continuent de structurer un pays dans lequel "les alliances tribales sont plus importantes que quoi que ce soit d'autre", affirme ce consultant en politique, auteur d'un livre sur l'attentat libyen contre un avion de ligne américain, en 1988 à Lockerbie en Ecosse.

"L'avenir dépendra de la façon dont ces tribus peuvent tenir ensemble", poursuit-il, pointant un risque de sécession à l'Est.

L'expert américain Robert Danin n'écrit pas autre chose sur le site du Conseil des relations étrangères (CFR) : "Bien peu regretteraient que Kadhafi quitte la scène, mais cela créerait aussi un énorme vide de pouvoir. Bien malin qui peut dire ce qui pourra unir ce pays, dans lequel l'identification nationale est faible, et où prévalent les affinités tribales et claniques".

Le manque d'institutions, délibérément entretenu par le dictateur depuis 42 ans, est un autre handicap.
"La Tunisie et l'Egypte étaient aussi des dictatures, mais avec une Constitution, un Parlement, des élections et un semblant de démocratie", note pour l'AFP un porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme, un groupe basé à Genève.

"Tout ceci est étranger à la Libye, ce qui rendra le défi un peu plus difficile", admet ce responsable qui ne souhaite pas être cité nommément.

Des "craintes infondées", juge pourtant l'avocat algérien basé à Londres Saad Djebbar, qui mise sur "la jeune génération".

Les jeunes qui ont défilé à Tripoli et Benghazi, dit-il à l'AFP, sont branchés sur Facebook et Twitter comme ceux du Caire ou de Tunis: "La jeune génération fait partie d'un ordre universel, celui dans lequel on veut que l'Etat de droit soit respecté, que les sociétés soient ouvertes et qu'il y ait une bonne gouvernance".

"Ils regardent la télé satellitaire, ils regardent comment Obama a été élu, comment les gens parlent et se réunissent sans crainte", continue M. Djebbar, qui a participé à des tables rondes de l'institut Chatham House.

Mouammar Kadhafi a menacé du vide et d'une balkanisation de la Libye s'il quittait le pouvoir, rappelle-t-il. Mais "dans l'est du pays, les jeunes scandaient dans la rue que +la Libye est une seule tribu, un seul Etat+".

"Il ne fait guère de doute que la Libye, même sans M. Kadhafi, restera un endroit désordonné et peut-être violent", tranche The Economist dans un éditorial vendredi.

L'hebdomadaire britannique souligne toutefois, pour équilibrer la balance, que le pays, l'un des principaux producteurs africains de pétrole, dispose de réserves étrangères évaluées à 140 milliards de dollars, et que "des exilés plein de talent veulent revenir".

Et estime le journal, le "traumatisme" causé par le long règne de Kadhafi "pourrait avoir forgé une identité bien plus sincère, venant du fond du coeur, qu'elle ne l'était autrefois".




jeudi 24 février 2011

Égypte/Tunisie: le tourisme reprend

 

L'Organisation mondiale du tourisme (OMT), qui dépend des Nations Unies, a salué jeudi la reprise du tourisme en Egypte et en Tunisie après les récents mouvements de contestation populaire, estimant que cela pouvait jouer "un rôle important dans la reprise économique". "L'OMT salue les efforts des autorités touristiques en Egypte et en Tunisie pour rétablir la confiance parmi les touristes et ceux des gouvernements étrangers pour mettre à jour en conséquence leur conseils aux voyageurs", écrit cet organisme, dont le siège est à Madrid, dans un communiqué.

"Le tourisme est une composante centrale dans les économies de ces deux pays et avec le retour des touristes, cela peut jouer un rôle important dans la reprise économique en général", a estimé l'OMT. Le secteur touristique représente 6% du PIB en Egypte et 10% en Tunisie. L'an dernier, il a généré en Egypte 13 milliards de dollars avec l'entrée de 15 millions de touristes tandis qu'en Tunisie les gains se sont élevés à 3 milliards de dollars pour 7 millions de visiteurs, selon l'OMT.


C'est "un secteur économique très résistant" et "l'un des premiers à rebondir", a souligné le secrétaire général Taleb Rifai. "Les principaux sites touristiques ont rouvert au public, les compagnies aériennes ont repris leurs vols, les tour opérateurs dans la plupart des marchés importants ont recommencé à vendre des offres de vacances", a noté l'organisation.


En Egypte, où les manifestations anti-Moubarak ont paralysé le pays pendant trois semaines, les professionnels du secteur désespéraient devant la défection des touristes. Le 14 février, à l'appel de leurs syndicats, quelques centaines de guides manifestaient au pied des pyramides de Gizeh, pancartes "l'Egypte vous aime !" en main, suppliant pour un retour rapide des vacanciers. Mis en confiance par les autorités tunisiennes et égyptiennes, la plupart des pays pourvoyeurs de touristes ont levé durant la première quinzaine de février leurs restrictions de voyage dans les deux pays.

 

  

Après la révolte, l'Egypte se lance dans une opération "mains propres"

Le président de l'audiovisuel d'Etat Oussama el-Cheikh

LE CAIRE — Arrestations, poursuites judiciaires, démissions et révélations sur des malversations se multiplient en Egypte, invoquant la lutte contre la corruption et les détournements de fonds, deux semaines après le départ du président Moubarak sous la pression de la rue.

Confrontées à la persistance des critiques contre les anciennes figures du régime toujours en place, les nouvelles autorités veulent manifestement donner des gages de rupture avec les moeurs du passé.

Mais des règlements de compte transparaissent aussi : sont particulièrement visés d'anciens responsables politiques ou économiques proches du fils de l'ex-président, Gamal Moubarak, très impopulaire dans la rue mais aussi parmi les militaires qui aujourd'hui tiennent les rênes du pouvoir.

Sont aussi visées des personnalités très décriées pour avoir été en première ligne de la répression policière contre la révolte populaire qui a fait chuter M. Moubarak, ou pour avoir dirigé l'appareil de propagande de l'ancien pouvoir.

Au cours des derniers jours quatre anciens ministres ont été arrêtés, une performance dans un pays où l'impunité était de règle.

L'ancien ministre de l'Information Anas al-Fekki et le président de l'audiovisuel d'Etat Oussama el-Cheikh ont été arrêtés jeudi à leur domicile sur instruction de la section financière du parquet.

Ces arrestations surviennent après celles des ex-ministres de l'Intérieur, Habib el-Adli, du Tourisme Zoheir Garranah et de l'Habitat Ahmad al-Maghrabi, sur fond d'accusations de détournement de fonds et de blanchiment d'argent.

Mercredi, la justice égyptienne a annoncé que l'ancien ministre de la Culture pendant 23 ans Farouk Hosni, et candidat malheureux à la direction de l'Unesco en 2009, faisait partie d'une liste de personnes ayant interdiction de quitter l'Egypte.

Cette liste comprend également un ancien Premier ministre, Atef Ebeid, et une dizaine d'hommes d'affaires.

Le président déchu et sa famille proche sont quant à eux frappés par une demande de gel de leurs avoirs à l'étranger, pour lesquels aucun chiffre ou estimation n'ont toutefois encore été divulgués.

Aujourd'hui derrière les barreaux, l'industriel Ahmad Ezz (une des plus grosses fortunes du pays qui monopolisait le secteur de l'acier) par ailleurs considéré comme l'éminence grise de Gamal Moubarak.

Pratiquement tous les quotidiens égyptiens (y compris ceux qui il y a quelques semaines à peine étaient les plus révérencieux envers l'ancien pouvoir) montraient jeudi en une les photos de deux anciens ministres (Tourisme et Habitat) et de Ahmad Ezz derrière les barreaux, tous trois en tenue de prisonnier.

"Corrompus jusqu'à la moelle", titrait le journal al Akhbar tandis que le quotidien économique "Al Alam al Youm" annonçait: "le gouvernement déclare la guerre à la mafia des terrains", accusée d'avoir cédé à vil prix des dizaines de milliers de km2 de terres appartenant à l'Etat pour des opérations immobilières.

La publicité donnée à cette lutte contre la corruption survient aussi dans un contexte de grogne sociale et de revendications salariales, alimentées par la colère contre le climat d'argent facile au profit des hautes sphères politiques et économiques qui prévalait dans les dernières années du pouvoir de M. Moubarak.

La lutte contre la corruption touche également les dirigeants de nombreuses entreprises publiques et privées dont les salariés réclament la démission.

Toutefois, "il y a encore du chemin à faire (..) de nombreux caciques de l'ancien régime sont toujours là", expliquait à l'AFP un jeune militant qui a manifesté place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte.



La Libye et l’impérialisme

De toutes les luttes qui se déroulent actuellement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la plus malaisée à décortiquer est celle qui se passe en Libye.




Quel est le caractère de l’opposition au régime de Kadhafi et qui, rapporte-t-on, contrôle actuellement la ville de Benghazi, dans l’est du pays ?

Est-ce précisément une coïncidence si la rébellion a démarré à Benghazi, située au nord des champs pétroliers les plus riches de la Libye et proche en même temps de ses oléoducs, gazoducs, raffineries et port GNL ? Existe-t-il un plan de partition du pays ?
 
Quel est le risque d’intervention militaire impérialiste, ce qui pose un très grave danger pour la population de toute la région ?

La Libye n’est pas comparable à l’Égypte. Son dirigeant, Mouammar Kadhafi, n’a pas été une marionnette de l’impérialisme comme Hosni Moubarak. Durant de nombreuses années, Kadhafi a été l’allié de pays et de mouvements combattant l’impérialisme. En prenant le pouvoir en 1969, à la faveur d’un coup d’État militaire, il a nationalisé le pétrole libyen et a utilisé une grosse partie de cet argent pour développer l’économie libyenne. Les conditions de vie se sont considérablement améliorées, pour le peuple.

Pour cette raison, les impérialistes étaient bel et bien décidés à écraser la Libye. En fait, en 1986, les États-Unis ont lancé des frappes aériennes sur Tripoli et Benghazi, lesquelles avaient tué 60 personnes, dont la petite fille de Kadhafi – chose que l’on mentionne rarement dans les médias traditionnels. Des sanctions dévastatrices ont été imposées à la fois par les États-Unis et par les Nations unies, afin de couler l’économie libyenne.
 
Après l’invasion de l’Irak par les Américains, en 2003, et la destruction d’une grande partie de Bagdad via une campagne de bombardement orgueilleusement baptisée « shock & awe » (choc et terreur) par le Pentagone, Kadhafi a tenté d’écarter d’autres menaces d’agression contre la Libye en faisant d’importantes concessions politiques et économiques aux impérialistes. Il a ouvert l’économie aux banques et sociétés étrangères, il a abondé dans le sens des demandes d’« ajustements structurels » émanant du FMI, privatisant ainsi de nombreuses entreprises de l’État et réduisant fortement les subsides de l’État à l’alimentation et au carburant.
 
Le peuple libyen souffre de ces mêmes prix élevés et du chômage à la base des rébellions qui éclatent ailleurs et qui découlent de la crise économique capitaliste mondiale.
 
Il ne fait pas de doute que la lutte pour la liberté politique et la justice économique qui balaie actuellement le monde arabe a également trouvé son écho en Libye. On, ne peut douter que le mécontentement suscité par le régime de Kadhafi motive une section signification de la population.
 
Toutefois, il est important que les progressistes sachent qu’un grand nombre des personnages dont l’Occident fait la promotion en tant que dirigeants de l’opposition sont à long terme des agents de l’impérialisme. Le 22 février, la BBC a montré des séquences où l’on voit à Benghazi des foules qui arrachent le drapeau vert de la république pour le remplacer par celui du monarque renversé (en 1969, NdT), le roi Idris – qui avait été une marionnette de l’impérialisme américain et britannique.
 
Les médias occidentaux appuient une bonne partie de leurs reportages sur des faits supposés, fournis par le groupe d’exilés du Front national pour la sauvegarde de la Libye, formé et financé par la CIA américaine. Cherchez sur Google en introduisant le nom du front plus CIA et vous découvrirez des centaines de références.
 
Dans un édito du 23 février, The Wall Street Journal écrivait ceci : « Les États-Unis et l’Europe devraient aider les Libyens à renverser le régime de Kadhafi. » On n’y dit mot des chambres de commission ou des corridors de Washington sur une intervention destinée à aider le peuple du Koweït, de l’Arabie saoudite ou du Bahreïn à renverser leurs dirigeants dictatoriaux. Même avec tout le semblant d’intérêt accordé aux luttes de masse secouant la région actuellement, la chose serait impensable. Quant à l’Égypte et à la Tunisie, les impérialistes tirent sur toutes les ficelles possibles pour retirer les masses des rues.
 
Il n’a pas été question d’intervention américaine pour aider le peuple palestinien de Gaza quand des milliers de personnes ont perdu la vie suite au blocus, aux bombardements et à l’invasion par Israël. Ce fut exactement le contraire : les États-Unis sont intervenus afin d’empêcher la condamnation de l’État sioniste occupant.

Il n’est pas difficile de voir où résident les intérêts de l’impérialisme, en Libye. Le 22 février, Bloomberg.com disait, à ce propos, que, tout en étant le troisième pays producteur de pétrole de l’Afrique, la Libye est en même temps le pays qui possède les plus importantes réserves – prouvées – du continent, avec 44,3 milliards de barils. C’est un pays à la population relativement peu nombreuse mais qui doté d’un important potentiel de production de bénéfices pour les compagnies pétrolières géantes. Voilà comment les grosses fortunes voient la Libye et c’est ce qui sous-tend les préoccupations qu’elles expriment quand aux droits démocratiques du peuple libyen.
 
Obtenir des concessions de Kadhafi ne suffit pas, pour les barons impérialistes du pétrole. Ils veulent un gouvernement dont ils peuvent disposer directement, le cadenasser, le tenir en dépôt et le mettre en fût. Ils n’ont jamais pardonné à Kadhafi d’avoir renversé la monarchie et nationalisé le pétrole. Dans sa rubrique « Réflexions », Fidel Castro, de Cuba, met en exergue la soif de pétrole de l’impérialisme et met en garde contre le fait que les États-Unis posent actuellement les bases d’une intervention militaire en Libye.
 
Aux États-Unis, certaines forces tentent de lancer au niveau de la rue une campagne de promotion en faveur d’une telle intervention américaine. Nous devrions nous y opposer carrément et rappeler à toutes les personnes bien intentionnées les millions de morts et de personnes déplacées provoquées par l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan.

Les progressistes éprouvent de la sympathie pour ce qu’ils considèrent comme un mouvement populaire en Libye. Nous pouvons aider un tel mouvement en soutenant ses revendications légitimes tout en rejetant toute intervention impérialiste, quelle que soit la forme qu’elle puisse revêtir. C’est au peuple libyen qu’il revient de décider de son avenir. 


Sara FLOUNDERS



 

Le fiasco annoncé du vote belge à l'étranger

 
La législation n'est pas adaptée pour le vote des Belges à l'étranger en cas d'élections anticipées. Le ministre le sait. Mais, en affaires courantes, rien ne changera.

Voyage en absurdie au Royaume de Belgique. Les prochaines élec tions fédérales serontanticipées. On peut le craindre, le supposer, le prédire. Peu importe. Les Belges résidant à l'étranger, eux, auront quoiqu'il arrive du mal à faire valoir leur vote. On le sait. Le ministère des affaires étrangères, Steven Vanackere (CD & V), en a parfaitement conscience. Il l'admet : la législation n'a pas été conçue pour répondre à ce cas de figure.

Les délais imposés par la Loi sont impossibles. L'expérience de juin 2010 l'a prouvé. Notamment parce que la moitié des Belges à l'étranger optent pour la procédure écrite: trop lourde, trop lente, elle ne parvient pas dans les temps ou si peu. La participation aux élections de la «communauté extérieure» a été restreinte drastiquement.

Moins d'un Belge sur quatre résidant à l'étranger a pu voter. Et ce n'est faute d'avoir voulu remplir leur devoir citoyen pour beaucoup. Et pourtant, rien ne pourra être modifié ou amélioré si nous devions revoter demain. Logique : nous sommes en éternelles affaires courantes depuis lors.

«Nous avons organisé des élections pour les Belges à l'étranger à trois reprises. Par deux fois, elles se sont déroulées dans le cadre d'élections "normales". Et le système a bien fonctionné même si tout n'était pas parfait, explique Bart Ouvry, porte-parole du ministre des affaires étrangères. La dernière fois, il s'agissait d'élections anticipées. On a constaté que toute la législation avait été conçue pour des élections prévues de longue date, pas pour un scrutin anticipé.» La législation doit être adaptée. C'est la volonté du ministre Vanackere. Mais pour cela, il faut un gouvernement de plein exercice. Alors? «En cas d'élections anticipées, il faudra faire le mieux possible », avoue Bart Ouvry.

En attendant, l'administration travaille pour trouver une solution... dans les années à venir. «L'Estonie permet le vote électronique à ses résidents à l'étranger. Nous sommes allés voir comment ça se passait pour nous en inspirer. Nous travaillons à un projet», poursuit Bart Ouvry.

Steven Vanackere a envoyé une enquête par e-mail à de nombreux Belges résidant à l'étranger. Ils devaient y répondre pour le 13 février. Objectif : évaluer si le vote électronique pouvait être envisagé. Ce serait «la» solution pour raccourcir les délais. 3400 réponses complètes sont arrivées au ministère des affaires étrangères.

Le courrier démarrait par ces mots : «Madame, Monsieur, j'accorde la plus haute importance à ce que les Belges résidant à l'étranger puissent faire un usage optimal du droit de vote qui leur a été conféré pour les élections législatives fédérales par le droit du 7 mars 2002.Il est néanmoins apparu que le système pourrait être fortement amélioré, très certainement dans le cadre d'élections anticipées. Votre opinion et votre perception en la matière sont très importantes .» 
 
 
 
 

L'UE réfléchit à une intervention militaire à des fins humanitaires en Libye

L'Union européenne doit encore évacuer quelque 6 000 de ses ressortissants bloqués en Libye.



L'Union européenne cherche un appui naval militaire pour évacuer ses quelque 6 000 ressortissants qui se trouvent encore en Libye, en situation de quasi-guerre civile et où une crise humanitaire est redoutée, a indiqué jeudi un porte-parole de la Commission européenne. "Nous savons qu'il y a encore 5 000 à 6 000 ressortissants européens en Libye qui ont besoin d'être évacués", a dit Raphaël Brigandi, le porte-parole de la commissaire chargée de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. "Nous cherchons à obtenir un soutien naval y compris de navires militaires qui se trouvent sur zone" pour les évacuer, a-t-il dit. L'UE n'exclut pas de mettre sur pied une intervention militaire à des fins humanitaires pour aider à l'évacuation de ses ressortissants en Libye, a aussi indiqué un haut responsable européen. "C'est une possibilité sur laquelle nous travaillons", a dit ce haut responsable, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Parmi les scénarios à l'étude, il pourrait y avoir une mobilisation de moyens militaires à des fins d'évacuation humanitaire, a-t-il précisé. Toutefois, rien n'est encore décidé. "Nous sommes en contact avec les États européens pour voir comment leurs moyens civils et militaires peuvent être déployés" à des fins d'évacuation, a-t-il ajouté. Toutefois, "on est encore loin" d'une intervention militaire. "Toute sorte d'opération militaire requiert un fondement légal", a-t-il précisé.

Recours éventuel à la force de réaction rapide

La Commission européenne craint une catastrophe humanitaire à la suite des violences en Libye et a envoyé des experts aux frontières tunisienne et égyptienne avec ce pays pour évaluer les besoins en cas d'exode de la population. Entre 500 000 et 1,5 million de ressortissants étrangers, originaires pour beaucoup de pays subsahariens, vivent en Libye, selon les données fournies par les autorités européennes.

Parmi les outils militaires à disposition de l'Union européenne figurent une force de réaction rapide de deux bataillons de 1 500 membres (groupements tactiques) dont elle s'est dotée. Des missions humanitaires ou d'évacuation figurent dans leur mandat. Il appartient au chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, de demander leur engagement. 




Maroc : réformes : un agenda réclamé

 L'USP, un des principaux partis de la coalition gouvernementale marocaines, réclame un "agenda pour des réformes politiques soit fixé", en "reconnaît l'importance" des manifestations de rue récentes, a déclaré aujourd'hui à l'AFP l'un de ses dirigeants.

"Les réformes politiques commencées il y a 15 ans au Maroc sont maintenant consommées. Notre parti doit être en phase avec les revendications des jeunes marocains", selon Ahmed Zaïdi, président du groupe parlementaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Cette déclaration intervient peu après les manifestations du 20 février dans plusieurs villes du pays pour exiger des réformes politiques "urgentes", en réponse à des appels de jeunes Marocains sur Facebook.


"Ces réformes sont de nature à préserver la crédibilité de l'action et du pluralisme politiques", a également souligné un communiqué de l'USFP publié hier. Contrairement aux autres partis politiques de la coalition gouvernementale, ainsi que le parti islamiste Justice et développment (PJD, opposition parlementaire), l'USFP "n'avait appelé ni à boycotter ni à soutenir les manifestations du 20 février", a indiqué M. Zaïdi.


"Les réformes dont le Maroc a besoin sont de nature institutionnelle, pour donner de la crédibilité à l'action politique à travers le rétablissement de la relation entre les élections et la décision politique", selon le responsable de l'USFP. Il faut "des réformes constitutionnelles visant à édifier des institutions fortes et capables de promouvoir les affaires du pays", lit-on par ailleurs dans le communiqué de l'USFP.


Au lendemain des manifestations, le pouvoir a assuré avoir "saisi le message". "Maintenant il faut passer à la vitesse supérieure" en matière de réformes, avait dit le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. Dans une allocution, le roi Mohammed VI s'est dit attaché à la "poursuite des réformes" et a exprimé sa volonté de "consolider (le modèle marocain) par de nouvelles réformes".



Le clan Kadhafi

Kadhafi ou l’homme qui a imposé son clan à tout un pays. Ses fils sont partout et font parler d’eux… plus souvent en mal qu’en bien. 


« La Libye, à l’inverse de l’Egypte et de la Tunisie, est composée de tribus, de clans, d’alliances » a déclaré Saif Al Islam Kadhafi, le deuxième fils du colonel Kadhafi, lors d’une allocution télévisée dans la nuit de dimanche à lundi. Tentant de désamorcer l’éventuelle partition qui menace le pays, le message était on ne peut plus menaçant. Une mise en garde à l’égard de quiconque se proclamerait opposant au pouvoir.

La répression en Libye a été plus meurtrière que dans les autres pays du monde arabe. La Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) a parlé d'au moins 640 morts depuis le début de la révolte le 15 février.

Qui est Mouammar Kadhafi ?

Mouammar Kadhafi est à la tête de la Libye depuis 41 ans. C’est à 27 ans à peine, qu’il mène en septembre 1969 un coup d’Etat à l’encontre du roi Idris al-Mahdi. Après sa prise de pouvoir, Kadhafi abolit la Monarchie et s’octroie le grade de Colonel. Fin des années 90, il prône la création d’Etats-Unis d’Afrique, avec la mise en place d’un gouvernement fédéral, une monnaie unique et une armée de 2 millions de militaires pour l’ensemble du continent africain. Accusée de financer le terrorisme, la Libye de Kadhafi est isolée par la communauté internationale dans les années 80. À partir de 2000, une proximité semble se redessiner avec certains états occidentaux. France, Etats-Unis et Royaume-Uni, font partie des nations avec lesquelles le rapprochement se fait de plus en plus ressentir.

Celui que l’on surnomme le « Guide suprême », est plus qu’un dirigeant. Son nom rime avec clans, tribus et grande famille. Connus pour leurs frasques sur la scène internationale, les descendants du colonel occupent des postes stratégiques au sein du pays. Ils ont ainsi pu asseoir, voire imposer leur autorité en Libye.

Les descendants du colonel



Seïf al-Islam Kadhafi
A 38 ans, Seïf al-Islam Kadhafi serait, avec son frère Moatassem, un des aspirants à la succession. Ce docteur en philosophie de la London School of Economics, est le fils aîné de la seconde épouse du colonel Kadhafi. Il est à la tête de la Fondation Kadhafi pour le développement. Il fait office de numéro deux du régime et est celui qui a prononcé le discours de la nuit de dimanche à lundi, menaçant les opposants au régime de guerre civile et de bain de sang.

Moatassem Billah Kadhafi
Agé de 35 ans, ce médecin de formation a été promu colonel au sein de l'armée. Il a dû quitter la Libye après avoir tenté un coup d’État à l’encontre de son père. Exilé, un temps, en Égypte, ce serait grâce à l’intervention du président déchu Hosni Moubarak qu’il aurait obtenu le pardon de son père. Depuis 2007, il dirige le Conseil de sécurité nationale et dispose de sa propre unité d’élite. Il est un des potentiels successeurs de Kadhafi.


Hannibal Kadhafi
Agé de 33 ans, ce médecin militaire est connu pour ses frasques sur la scène européenne. En France, il a été arrêté en 2004 pour avoir conduit à 140km/heure sur les Champs-Elysées, ainsi qu’en 2005 pour avoir frappé sa campagne, enceinte. Son arrestation, en Suisse, pour mauvais traitements envers des domestiques a entaché les relations diplomatiques entre la Libye et la Suisse.


Aïcha Kadhafi
Sa longue crinière blonde et son allure très occidentalisée lui ont valu le surnom de « Claudia Schiffer du désert ». Cette avocate profondément anti-américaine de 34 ans a défendu, en 2004, l'ex-dictateur irakien Saddam Hussein. Elle dirige l’ONG libyenne Waatassimou.

Khamis Kadhafi
Agé de 29 ans, Khamis Kadhafi aurait suivi un entraînement militaire en Russie. Il a pris la tête d'une unité des forces spéciales qui porte d’ailleurs son nom. Le colonel Kadhafi lui confierait souvent des missions de confiance. On lui attribuerait la récente répression à Benghazi, dans l'est du pays. Il aurait également été envoyé d’urgence à Washington pour convaincre les Américains de ne pas prendre part au conflit qui menace de diviser le pays.

Le clan Kadhafi paraît des plus soudés et loin d’être enclin à un quelconque vacillement du régime.


Ghizlaine Chérif




mercredi 23 février 2011

Libye : l'est du pays aux mains des insurgés


Des soldats rejoignent le mouvement de contestation. Des défections touchent aussi l'entourage de Mouammar Kadhafi. L'Union européenne a réitéré sa condamnation de la répression brutale et se dit prête à prendre des sanctions. 

Ce mercredi après-midi, l'équipage d'un avion militaire libyen s'est éjecté après avoir refusé de bombarder la ville de Benghazi, rapporte le journal libyen Kourina sur la foi d'une source militaire. L'appareil, un Sukhoï 17, un avion d'attaque au sol de fabrication soviétique qui avait décollé de Tripoli, s'est écrasé au sol à 160 kilomètres de la ville.

Dans l'est du pays, dans la Cyrénaïque, des insurgés, souvent armés, contrôleraient la région qui s'étend de la frontière égyptienne jusqu'à Ajdabiya plus à l'ouest, en passant par Tobrouk et Benghazi, selon des témoignages recueillis par l'AFP. Des soldats exprimaient leur soutien à la rébellion, selon les habitants, bien que le régime affirme contrôler la région. 

Des représentants de la Libye, à l'Onu, Paris et dans d'autres capitales, ont aussi condamné l'attitude de Mouammar Kadhafi.  D'autres proches de numéro 1 libyen ont fait défection, comme le ministre de l'Intérieur, Abdel Fattah Younes al Abidi, et un haut conseiller de Saïf al Islam Kadhafi, l'un des fils du colonel.

La chaîne britannique Sky News a montré une base militaire abandonnée près de Tobrouk, à une centaine de kilomètres de la frontière égyptienne.

La ville de Benghazi est en effervescence : cris de joie, explosions de pétards et coups de klaxons accompagnent des drapeaux tricolores (rouge-vert-noir) datant du roi Idriss renversé en 1969 par Mouammar Kadhafi.

La province de Cyrénaïque "n'est plus sous le contrôle du gouvernement libyen, et des affrontements et violences sont en cours dans tout le pays", dit aussi Franco Frattini, le ministre des Affaires étrangères italien.

Une répression meurtrière

Un mouvement de contestation sans précédent contre le régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, a débuté le 15 février. Selon les autorités libyennes, il a fait 300 morts.

Mais selon la Fédération internationale des droits de l'homme, le bilan est beaucoup plus lourd: 640 morts dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi, soit plus du double que le bilan officiel. Ce bilan s'appuie sur des sources militaires pour Tripoli et sur des recoupements effectués par la Ligue libyenne des droits de l'Homme pour Benghazi et plusieurs autres localités. Il ne tient pas compte d'éventuelles victimes dans la ville de Tobrouk, pour laquelle la FIDH ne dispose pas d'informations précises.

A Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l'opposition, la FIDH a comptabilisé 230 morts, "dont 130 militaires qui ont été exécutés par leurs propres officiers, parce qu'ils n'ont pas voulu tirer sur la foule" des manifestants.

Et le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini d'évoquer le chiffre de 1000 morts.
L'Union européenne prête à prendre des sanctions

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a vigoureusement condamné mercredi à Prague les violences "horribles" perpétrées par les forces libyennes contre les manifestants, soulignant que ces crimes ne peuvent "pas rester sans conséquences".

Le président français Nicolas Sarkozy avait demandé "l'adoption rapide de sanctions concrètes" de la part de l'UE, contre les responsables de la répression en Libye. La question des sanctions contre la Libye risquait de diviser les 27. L'Italie, l'ancienne puissance coloniale qui a des liens économiques étroits avec la
 
Libye, y était jusqu'à présent opposée mais elle pourrait changer d'avis au vu des derniers événements.

Les pays de l'UE se sont dits mercredi "prêts" à prendre des sanctions contre la Libye et ont chargé leurs experts d'examiner un embargo sur les armes, des gels d'avoirs, des interdictions de visa et la possibilité de poursuites contre des dirigeants, selon des diplomates. Dans une déclaration négociée par les ambassadeurs de l'Union européenne à Bruxelles, les 27 se disent "prêts à prendre des mesures supplémentaires" à l'encontre de la Libye en raison de la violente répression du mouvement de contestation contre Mouammar Kadhafi, selon un diplomate européen. "Les mesures supplémentaires signifient sanctions en langage diplomatique", a précisé un autre diplomate.

Parmi les sanctions envisagées figurent "un embargo sur les armes, l'interdiction d'accès au territoire de l'Union et la surveillance des mouvements financiers" de dirigeants libyens, ainsi que "la possibilité de les traduire en justice", a-t-il ajouté.

Appel au dialogue

Par la voix de sa porte-parole, la Haute représentante pour la politique étrangère de l'Union Catherine Ashton a appelé le dirigeant libyen au dialogue avec l'opposition. "Il faut qu'un dialogue intervienne, c'est la seule manière d'éviter d'autres victimes", a déclaré la porte-parole, estimant que "les Libyens sont les principaux responsables de leur propre destin".

Pressée de préciser la position de l'Union sur la légitimité de Mouammar Kadhafi, la porte-parole s'est gardée de la remettre en question directement, contrastant avec les déclarations du président du Parlement européen, Jerzy Buzek. Ce dernier a estimé que le dirigeant libyen avait "perdu toute crédibilité". La porte-parole de Catherine Ashton s'est quant à elle limitée à constater mercredi que le colonel Kadhafi restait de facto "responsable" de la situation en Libye.

Depuis le début des crises au sud de la Méditerranée, l'UE n'a pas condamné nommément les leaders contestés avant leur renversement. Face aux violences en Libye, plusieurs sanctions sont néanmoins envisagées. Catherine Ashton a déjà annoncé la suspension de négociations avec la Libye sur la conclusion d'un accord-cadre.

Le Conseil des droits de l'homme va tenir une session spéciale

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU tiendra vendredi une session spéciale sur la situation en Libye, à la demande de l'Union européenne, a indiqué mercredi un responsable du Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme.

"Nous avons reçu la demande de session spéciale ce matin (mercredi), déposée par l'UE", a déclaré Alessandro Marra, du Haut commissariat, interrogé par l'AFP. "Il y a 47 Etats qui soutiennent la demande, tous ne sont pas membres du Conseil des droits de l'homme", a-t-il précisé.

Après d'intenses discussions qui ont duré plusieurs heures mardi, les pays ont finalement réussi à se mettre d'accord dans la nuit de mardi à mercredi, selon une source diplomatique occidentale.
Le Conseil des droits de l'homme se réunit rarement en sessions extraordinaires. Celles-ci aboutissent en général à l'adoption d'une résolution commune, comme cela avait été le cas fin décembre concernant la Côte d'Ivoire.

L'UE envoie des experts humanitaires en Tunisie et Egypte

La Commission européenne a décidé d'envoyer des experts humanitaires afin d'estimer les besoins des milliers de Libyens qui fuient leur pays vers la Tunisie et l'Egypte, a indiqué un porte-parole.

Des experts seront envoyés sous peu dans les deux pays, la frontière avec la Libye. La Commission envisage aussi l'envoi d'un expert à Tripoli, capitale de la Libye, à condition que les conditions de sécurité le permettent.
Le spectre d'Al-Qaida

Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé mercredi qu'Al-Qaïda avait établi un émirat islamique à Derna (est), dirigé par un ancien détenu de Guantanamo, au cours d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne. "Al-Qaïda a établi un émirat à Derna, dirigé par Abdelkarim Al-Hasadi, un ancien détenu (du centre de détention américain) de Guantanamo", a déclaré Khaled Kaïm, affirmant qu'Al-Qaïda envisageait un scénario "à la taliban" en Libye.

Il a précisé qu'Abdelkarim Al-Hasadi avait un "adjoint" établi à Al-Baïda, "membre aussi d'Al-Qaïda et qui s'appelle Kheirallah Barâassi". "Maintenant, ils disposent d'une radio FM et commencent à imposer la Burqa", a-t-il affirmé, ajoutant que ces islamistes avaient "exécuté des personnes parce qu'elles refusaient de coopérer".

Des habitants de Derna ont déclaré à des journalistes sur place que ces propos sur l'instauration d'un émirat dans la ville étaient faux, même s'il y avait une présence islamiste. Selon un habitant, les allégations sur une présence d'Al-Qaïda "visent à faire peur à l'Europe". D'autres affirment que la région est connue pour sa ferveur religieuse et que les rumeurs sur l'établissement d'un émirat sont diffusées depuis mardi par la radio publique.

Le vice-ministre met aussi la presse en garde: Khaled Kaïm, a déclaré que les journalistes entrés illégalement en Libye étaient considérés "comme s'ils collaboraient avec Al-Qaïda" et "comme des hors-la-loi". "Il y a des journalistes qui sont entrés illégalement et nous les considérons désormais comme s'ils collaboraient avec Al-Qaïda et comme des hors-la-loi, et nous ne sommes pas responsables de leur sécurité. Et s'ils ne se livrent pas aux autorités, ils seront arrêtés", a-t-il dit à des journalistes. "Nous avons permis à trois équipes de CNN, d'Al-Arabiya et de BBC Arabic d'entrer en Libye. Un correspondant de CNN qui est entré illégalement doit rejoindre son équipe, sinon il va être arrêté", a-t-il ajouté sans autre précision.

Le pétrole flambe

A Londres, le prix du baril de Brent a dépassé les 110 dollars, un niveau plus atteint depuis début septembre 2008, le marché redoutant des problèmes d'approvisionnement d'or noir.

Selon les calculs de Reuters, un quart de la production libyenne de pétrole a été suspendue, conséquence de l'abandon et du pillage des installations pétrolières du troisième producteur d'Afrique.