samedi 5 février 2011

Les ventes d'armes françaises à l'Egypte sont suspendues depuis le 27 janvier, selon Matignon

François Fillon, le Premier Ministre Français

Le souvenir de la polémique sur une livraison de grenades lacrymogènes françaises à la Tunisie n'est pas très loin. Il a peut-être contribué à ce que le gouvernement agisse différemment dans le cas de l'Egypte, où le bras de fer entre les manifestants et le président Hosni Moubarak se poursuit. Interrogé par Le Monde.fr, le cabinet de François Fillon affirme avoir suspendu les autorisations d'exportations de matériel de guerre vers l'Egypte. Matignon précise avoir donné l'instruction lors d'une réunion ad hoc le 27 janvier.

Le cabinet du premier ministre ajoute que les éventuelles expéditions de matériels de maintien de l'ordre et matériels explosifs - dont les grenades lacrymogènes font partie - sont également suspendues. Mais par une procédure séparée, qui dépend des douanes, rattachées au ministère du budget. François Fillon a la responsabilité des autorisations de ventes d'armes et le premier ministre préside la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG).

UN MARCHÉ RELATIVEMENT MODESTE

Le marché égyptien, pour les ventes d'armes françaises, est relativement modeste. Son montant des ventes d'armes françaises s'élève à  72 millions d'euros de prises de commandes en 2009. Et 210 millions pour la période 2005-2009, selon le ministère de la défense. Il précise par ailleurs que l'Egypte est le du 4e importateur pour la zone Moyen-Orient et Proche-Orient, toutefois loin derrière les Emirats arabes unis (1,2 milliards en 2009), l'Arabie Saoudite (1 milliard) et Oman (840 millions).

Dans le rapport parlementaire 2009 sur ces exportations, on trouve également le montant de 123 millions d'euros d'autorisations d'exportation de matériels de guerre (AEMG). Le rapport précise : la valeur de ces "AEMG" (nouvelles AEMG et renouvellements d'AEMG) peut différer des prises de commandes ainsi que des livraisons. En effet, une prise de commande ne donne pas nécessairement lieu à la délivrance d'une AEMG dans l'année. De même, une AEMG ne sera pas obligatoirement suivie, durant sa période de validité, d'une livraison de matériel. Les montants sont de 86 millions d'euros en 2008 et 127 millions d'euros en 2007, soit 336 millions d'euros pour la période 2007-2009.
A titre de comparaison, les autorisations d'exportation de matériel de guerre françaises (AEMG) pour l'Angola se sont élevées à 72 millions d'euros, celles pour le Maroc à 500 millions, celles pour le Pakistan à 224 millions. Le montant vendu à la Tunisie n'atteint lui que 38 millions cette année-là.

"INSTRUITS PAR L'EXPERIENCE"

Le matériel militaire égyptien est en grande partie américain mais la France a notamment fourni deux escadrons de Mirage (Dassault) et des hélicoptères Gazelle, selon lISS. La défense précise que l'armée française participe à des missions de coopération internationales avec Le Caire, comme les exercices "Bright Star"., dont la dernière édition a eu lieu en 2009, avec notamment les Etats-Unis, l'Allemagne, le Pakistan... Mais a également mené des exercices bilatéraux avec les Egyptiens, comme "Nefertari".

Dans le cas de la crise égyptienne, la plus grande réactivité de Matignon est-elle directement liée à la polémique sur la livraison de grenades lacrymogènes à la Tunisie ? "La lenteur de réaction sur la Tunisie était plutôt l'exception, la règle est normalement de porter attention aux cas des pays qui connaissent des troubles", fait-on valoir à Matignon, tout en reconnaissant :"Nous sommes instruits par l'expérience et les services sont vigilants."

Si la suspension temporaire des ventes d'armes françaises a l'Egypte n'a pas été connue plus tôt, c'est parce que la question n'a pas été posée, répond Matignon. "Cela fait quelques jours que nous nous attendions à être interrogés à ce sujet, notamment lors de la conférence de presse de François Fillon, jeudi dernier."




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