mercredi 23 février 2011

Le chaos règne à la frontière Libye-Égypte


SALLOUM, Égypte - Ce plateau désertique qui marque la frontière entre la Libye et l'Égypte s'est transformé mardi en vaste terrain de stationnement, alors que des dizaines d'automobiles et d'autobus attendaient pour ramener chez eux des milliers d'Égyptiens qui fuient la désintégration de la Libye de Mouammar Kadhafi.

Les réfugiés racontaient tous la même histoire, évoquant les mercenaires et les frappes aériennes qui sèment la terreur et le chaos en Libye.

« Kadhafi est fou. C'est un vrai massacre là-bas, a lancé Ashraf Mohammed, qui travaillait comme menuisier à Tobrouk, près de la frontière. Ils tiraient sur les civils et les enfants. Nous avons entendu parler de frappes aériennes dans d'autres villes et j'ai des amis qui sont incapables de fuir!»
Ceux qui ont réussi à s'échapper affirment que les représentants du gouvernement se sont volatilisés à Tobrouk et dans d'autres villes orientales. Les gardes égyptiens à la frontière entre les deux pays ont ajouté que leurs homologues lybiens semblent aussi être disparus, la sécurité étant maintenant assurée par les membres de tribus.

Mohammed croulait sous le poids des valises et des couvertures qu'il ramenait avec lui. Il a traversé la frontière en direction des autobus, où les noms de diverses destinations égyptiennes étaient annoncées à voix haute.

Des camions remplis de montagnes de bagages ont quitté la frontière à destination de la ville de Salloum, en Égypte. Les policiers militaires tentaient tant bien que mal de rétablir l'ordre, ordonnant aux réfugiés désorientés de laisser passer des ambulances aux sirènes hurlantes.

Des petites tentes blanches avaient été érigées un peu à l'écart, en guise d'hôpital militaire improvisé. Deux soldats montaient la garde devant chacune. Le médecin Amin Gabr ne rapportait que quelques blessures, mais s'attendait à devoir traiter plus de patients.

« Il y a deux millions d'Égyptiens en Libye et la plupart rentrent maintenant en Égypte, a-t-il dit. Il n'y a pas eu de blessures graves — seulement des coupures et des éraflures.»

Le docteur Gabr ajoute que ses patients lui ont dit avoir été battus par des mercenaires provenant d'autres pays africains. Les Égyptiens qui attendaient pour prendre place à bord des bus ont confirmé leurs propos.

«Il n'y a pas de sécurité en Libye. Le pouvoir n'est plus entre les mains de Mouammar, parce qu'il opprimait le peuple, a dit Muftah Farag. C'est maintenant entre les mains du peuple qui s'est armé. Ça ne vaut pas la peine de rester pour l'argent si j'y laisse ma vie.»

Malgré les combats qui durent depuis plusieurs jours, les réfugiés ne sont apparus à la frontière que mardi.

«Je ne pouvais quitter ma maison pendant quatre jours à cause de tous les combats, a dit Faisal Abdel Aziz. Finalement j'ai eu peur de mourir, donc je suis rentré en Égypte.»

Les Égyptiens n'étaient pas les seuls à fuir la Libye. Des ingénieurs coréens qui travaillaient à Tobrouk se sont ainsi retrouvés pris dans les combats quand ils se sont dirigés vers Tripoli. Ils ont donc décidé de faire demi-tour et ont foncé vers la frontière.

«J'ai vu des armes et des gens fous. Ils suivaient l'ancien drapeau du royaume. Tous les commissariats de police et tous les édifices gouvernementaux étaient en flammes, a indiqué — sous le couvert de l'anonymat et dans un anglais approximatif — un des ingénieurs. Tout le gouvernement est disparu.» 


Métro Montréal

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