dimanche 17 avril 2011

Egypte: un ex-Premier ministre va être jugé pour corruption


LE CAIRE - L'ex-Premier ministre égyptien Ahmad Nazif ainsi que les anciens ministres de l'Intérieur Habib el-Adli et des Finances Youssef Boutros Ghali vont être jugés pour corruption, a indiqué dimanche à l'AFP une source judiciaire.

Ils sont accusés de profits illicites et de détournement de fonds publics pour un montant de 92 millions de livres égyptiennes (environ 15,5 millions de dollars) dans le cadre de l'achat de nouvelles plaques minéralogiques à une compagnie allemande.

Ils auraient procédé à l'importation de ces plaques sans avoir lancé d'appel d'offres et les auraient achetées à un prix supérieur à celui du marché.

L'homme d'affaires allemand, propriétaire de la compagnie qui a vendu les plaques minéralogiques à l'Egypte, est également visé par les poursuites.

Mais lui et M. Boutros Ghali seront jugés par contumace car ils ne se trouvent pas en Egypte.

M. Nazif, qui avait été limogé dans les premiers jours de la révolte populaire contre Hosni Moubarak qui avait débuté fin janvier, avait été placé en détention provisoire il y a une semaine.

Proche de Gamal Moubarak, fils cadet de l'ancien président, Ahmad Nazif a été l'artisan d'une politique résolue de libéralisation de l'économie égyptienne.

Cette politique a permis au pays d'amorcer un décollage économique remarqué au cours des dernières années, mais s'est aussi faite aux prix d'une aggravation des inégalités et de nombreuses accusations de corruption qui ont largement alimenté la révolte de janvier-février.

M. el-Adli est déjà jugé pour une autre affaire de corruption et doit également comparaître sous l'accusation d'avoir ordonné des tirs contre des manifestants durant la révolte.

Quelque 800 personnes ont été tuées et plusieurs milliers blessées pendant le soulèvement populaire qui a abouti à la démission du président Hosni Moubarak le 11 février.

De nombreux ministres et hommes d'affaires ont depuis été placés en détention et vont être jugés pour corruption.

Le président déchu lui-même et ses deux fils ont été placés mercredi en détention provisoire pour 15 jours dans le cadre de l'enquête sur la répression de la révolte, qui porte également sur des accusations de corruption.

Gamal et Alaa Moubarak ont été incarcérés au sud du Caire, tandis que leur père était placé en état d'arrestation à Charm el-Cheikh, où il réside depuis sa chute le 11 février.

L'ancien président se trouve à l'hôpital de cette station de la mer Rouge, où il a été admis mardi dernier en raison d'un malaise cardiaque. La justice égyptienne a ordonné son transfert vers un hôpital militaire puis vers une prison dès que son état de santé le permettra.



samedi 16 avril 2011

Algerie : Discours de reformes d'Abdelaziz Bouteflika


Les mesures annoncées vendredi n’ont pas convaincu en Algérie. Alain Juppé s'est dit satisfait. 

Abdelaziz Bouteflika n’a pas convaincu les Algériens. Loin de là. Au lendemain du discours télévisé du président algérien, la presse indépendante parle de "déception", de "non évènement". 

Le président "s'est fait la voix d'un système qui veut garder les choses en main en faisant miroiter des réformes qui ne le sont pas", analyse El Watan, qui soupçonne Abdelaziz Bouteflika de chercher à "gagner du temps". Évoquant "le geste lent, la voix inaudible par moments et les yeux rivés sur ses feuilles", le quotidien algérien souligne que "l’impression est que Abdelaziz Bouteflika a été forcé à subir cette épreuve du grand oral pour sauver la face d’un régime qui cherche déjà son successeur". 

Alors que l'Algérie a été, en janvier, l'un des premiers foyers de la contestation arabe après la Tunisie, le chef de l’Etat a totalement occulté dans son allocution les manifestations et les mouvements sociaux qui agitent son pays depuis des semaines. 

Pendant une vingtaine de minutes, Abdelaziz Bouteflika a annoncé sans grande "conviction" quelques réformes phares, note El Watan : la mise en place d’une commission pour modifier la Constitution de 1996, une révision de la loi électorale, de la loi sur les partis politiques et du code de l'information. Des réformes à mettre en œuvre d'ici un an, par voie parlementaire ou référendaire. 

"Des actions pour satisfaire les revendications sociales légitimes" :

"En se gardant de fixer une échéance et un calendrier précis à cette révision, le président donne la nette impression de vouloir gagner du temps", estime le journal les Dernières nouvelles d’Algérie. "Ce constat vaut aussi pour ses annonces concernant la révision des lois sur les partis politiques, les associations ou celle concernant le code sur l’information", poursuit le quotidien.
La précédente modification de la Constitution remonte à 2009. Le chef de l’Etat, aujourd’hui âgé de 74 ans, avait fait amender le texte pour pouvoir briguer un troisième quinquennat alors que les mandats présidentiels étaient limités à deux.

"Des institutions mal élues"

"Je pense que changer des textes ou amender la constitution n'est pas la meilleure façon pour aller vers un changement du système en Algérie parce que le problème en Algérie est que les institutions civiles et militaires agissent en dehors des lois", a regretté Mustapha Bouchachi, président de la Ligue pour la défense des droits de l'Homme (LADDH, indépendante). Les réformes "ne doivent pas être conduites par des institutions mal élues qui symbolisent la régression démocratique en Algérie" a-t-il conclu. 

"Réduire la réforme à la révision des textes revient à ignorer une grande vérité: l'impuissance du régime et ses imperfections découlent plus de ses pratiques et de ses règles de travail que des textes, qu'il s'agisse de la constitution ou des lois", a observé Abdelhamid Mehri, un ancien dirigeant du FLN, dans une déclaration envoyée à la presse. 

Loin du scepticisme ambiant, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé samedi que les réformes annoncées par le président Bouteflika allaient "dans la bonne direction". "Le grand mouvement d'aspiration populaire à la liberté et à la démocratie, qui touche l'ensemble du Maghreb et au-delà, jusqu'au Golfe persique, concerne aussi l'Algérie bien sûr", a-t-il conclu. 



 

vendredi 15 avril 2011

Egypte : Pillage de sites Islamiques

 
Archéologie . A cause du manque de sécurité, les monuments du Caire islamique ont fait, eux aussi, objet de pillage. Certains sites ont subi de graves attaques depuis les premiers jours de la révolution. Bilan.
 
Le chaos et le manque de sécurité que le pays a connus depuis la révolution du 25 janvier ont causé de grands dommages sur plusieurs sites archéologiques. Les pillages sont légion sur tout le territoire national. Le patrimoine archéologique islamique riche n’en est pas épargné. Zahi Hawas, ministre d’Etat aux antiquités, a dressé un état des lieux très inquiétant, affirmant l’incapacité de son ministère à préserver les trésors archéologiques. Selon lui, le pillage a tout touché : les tombes, plusieurs entrepôts d’antiquités et des sites islamiques anciens de grande valeur. Mais, malheureusement, ces derniers n’ont pas eu la chance d’être aussi bien médiatisés que le pillage du Musée du Caire, des sites de Qantara-Est, des tombes de Saqqara et de Thèbes, et des entrepôts d’antiquités, dont l’un appartenant au Metropolitan Museum de New York.
 
En effet, plusieurs archéologues confirment que les pillages ont affecté aussi différents sites islamiques importants, dont la majorité se trouve dans Le Caire islamique. Beaucoup de sites de grande valeur dans d’autres gouvernorats du pays ont été aussi attaqués. Cela s’est fait de jour comme de nuit. Des gardiens et des inspecteurs auraient même été tués lors de ces attaques qui étaient parfois très violentes et bien organisées.
 
Les civils ont formé une chaîne humaine pour protéger quelques monuments islamiques au plus fort des manifestations. Cela a probablement permis d’éviter des dommages plus graves.
 
La maison Al-Ghouri était parmi les sites ayant fait l’objet de vol depuis les premiers jours de la révolution. Située dans la rue Al-Azhar, cette maison historique a été occupée par ses anciens propriétaires qui sont entrés par effraction. Les responsables du ministère d’Etat aux Antiquités prétendent que ces anciens propriétaires ont occupé par force la maison après avoir agressé le directeur de la région archéologique ainsi que trois des gardiens du site. « Les antiquités pharaoniques n’étaient pas les seules à souffrir des violations. Les monuments islamiques ont subi eux aussi des dégâts considérables. C’est le pire cauchemar que j’ai jamais vécu », estime Sayed Ismaïl, directeur des antiquités de la zone Nord du Caire islamique. En effet, la maison Al-Ghouri a été occupée par trois familles appartenant aux anciens propriétaires. Les trois familles se défendent : « Nous ne sommes pas des occupants. Nous sommes les vrais propriétaires de la demeure. On a des contrats. On nous a obligés à quitter notre maison sans aucun dédommagement. Après la révolution, tout le monde doit restituer ses biens pillés par l’ancien régime et ses assistants », explique Mahmoud, l’un des anciens propriétaires de la maison Al-Ghouri.
 
Le parking d’Al-Moez
 
La maison Al-Ghouri n’est pas le seul exemple. Un autre joyau islamique a été partiellement endommagé. Il s’agit de la station de police du quartier d’Al-Gamaliya, dont le bâtiment est classé monument islamique. Cette station se trouve dans la rue Al-Moez, l’un des endroits très prisés par les touristes. Celle-ci a été transformée en parking pour les voitures privées des commerçants et de quelques habitants du quartier. Vu son emplacement au cœur de la capitale, cette longue artère a été transformée depuis des années en rue commerçante et artisanale par excellence. Elle a été dallée et transformée en un superbe musée islamique à ciel ouvert, interdit aux véhicules. « Avant, l’accès à la rue Al-Moez, qui était une piétonnière, était interdit aux véhicules pour protéger ses monuments islamiques. L’entrée des véhicules était permise uniquement pendant la nuit, précisément de 22h à 8h. Aujourd’hui, les voitures sont garées partout, même sur le trottoir qui fait partie de l’enceinte des monuments de la rue », explique Sayed Ismaïl.
 
Récemment réaménagée et restaurée, la rue Al-Moez Lidine Allah Al-Fatémi, qui s’étend sur un kilomètre, est considérée comme le plus grand musée d’art islamique à ciel ouvert des monuments islamiques au monde. Elle est aux yeux des spécialistes le joyau du Caire islamique. En fait, la plupart des plus beaux monuments islamiques du Caire s’y trouvent. Ainsi, la rue Al-Moez abrite des monuments islamiques d’une splendeur et d’une beauté fascinantes : mosquées, madrasas, kottabs (écoles coraniques), palais, maisons, sabils (fontaines publiques), marchés, hammams, wékalas (caravansérails) et un bimarestan (hôpital) ... Classé patrimoine mondial en 1979, le quartier du Caire islamique regroupe plus de 200 édifices dont la majorité sont déjà restaurés. Ces monuments remontent aux différentes dynasties de la période islamique (ommeyade, fatimide, ayyoubide, mamelouke et ottomane).
 
Non loin de la rue Al-Moez, plus précisément à Gamaliya, la « qaa » (grand salon) d’Al-Dardiri a été elle aussi occupée par une famille. Mais, heureusement, elle a été libérée quelques jours après. « Ceux qui ont occupé la qaa d’Al-Dardiri n’étaient pas cette fois-ci leurs anciens propriétaires mais des baltaguis. Les inspecteurs archéologiques de la zone ont pu les convaincre de quitter l’édifice », souligne Ahmad Loutfi, inspecteur archéologique responsable de la maison Zeinab Khatoun. Il faut noter avec regret que la qaa Al-Dardiri est toujours fermée en dépit de l’achèvement des travaux de restauration depuis six ans environ. Son état est en fait lamentable. Après toutes ces dépenses sur les travaux de restauration qui ont été évalués à des millions de L.E., la qaa a été délaissée aux fantômes. La poussière s’entasse sur les murs et le plafond. Les ordures sont partout dans toutes les pièces de la qaa, sauf dans les deux ou trois pièces occupées par les baltaguis qui les ont apparemment nettoyées. Le ministère qui prétend sauvegarder et conserver les monuments égyptiens est pointé du doigt. Les édifices historiques islamiques ne sont-ils pas des monuments qui méritent la préservation ? « Il ne faut pas s’arrêter à la restauration des édifices historiques, puis les abandonner à leur sort. J’ai moi-même présenté un projet à l’ex-ministre de la Culture, Farouk Hosni, pour la réutilisation de la qaa d’Al-Dardiri, mais il l’a mis dans le tiroir ou l’a refusé. Par conséquent, la qaa a été délaissée pendant toutes ces années sans exploitation », ajoute Ahmad Loutfi.
 
Des pillages dans les provinces

Une très longue liste de monuments islamiques a fait l’objet de vol ou de violation. Des attaques auraient été aussi commises dans le Nord et le Sud du pays, à Tanta, Esna et Assouan. Un archéologue relate ainsi la manière forte utilisée par des hommes armés de pistolets mitrailleurs. Ils ont attaqué et tabassé les gardiens en faction devant la wékala (caravansérail) Al-Guédawi à Esna, affirmant qu’elle appartenait à leurs-grands parents. A Tanta, une bande de voleurs s’est introduite dans le sabil (fontaine) de Ali Bek et a volé 4 fenêtres fabriquées en cuivre. Ils les ont vendues sans attendre à des marchands de ferrailles. Ainsi, les inspecteurs et archéologues de Tanta ont fait le tour des marchands pour restituer les fenêtres volées, considérées parmi les joyaux de l’art islamique.

En fait, les dommages causés aux antiquités islamiques ne sont pas à ignorer, surtout que des archéologues signalent tous les jours de nouvelles violations sur des sites islamiques. Des indices qui révèlent l’état de précarité préoccupante de la quasi totalité des antiquités islamiques du pays.


Amira Samir




Syrie : La sourde oreille aux revendications


Les manifestations contre le régime se poursuivent et restent réprimées dans la violence, alors que la communauté internationale appelle au calme.

Si les manifestations réprimées se poursuivent, le peuple syrien n’a pour autant pas encore opté pour l’exemple à suivre. Modèle égypto-tunisien, libyen ou yéménite ? Ce qui est certain, c’est que la révolution a démarré d’une façon sans doute irréversible.
 
Depuis le 15 mars, la Syrie est en proie à un mouvement de contestation du pouvoir en place. Depuis vendredi dernier, des manifestations violentes ont fait une trentaine de morts, en particulier à Deraa et Banias, malgré les promesses de réformes du régime de Bachar Al-Assad. « La ville a été assiégée par plus de 30 chars, avec des arrestations dans la nuit », a affirmé Anas Al-Shouhri, un des chefs de file des manifestants à Banias, une ville à 280 km au nord-ouest de Damas, où se trouve l’une des deux raffineries de pétrole du pays.

Un groupe d’étudiants qui a observé lundi un sit-in à l’université de Damas en signe de solidarité avec les victimes de l’intervention des forces de l’ordre à Banias, a aussi lancé un appel : « La révolution syrienne contre Bachar Al-Assad 2011 ». Car « nous n’allons pas nous arrêter, ni revenir en arrière. Notre cause est claire, c’est une révolution du peuple et pour le peuple et ses revendications sont légitimes. Notre voie est pacifique et l’objectif c’est la liberté », déclarent ses organisateurs. En ajoutant que le mardi 12 avril a marqué la journée de la loyauté envers les martyrs, blessés et prisonniers, qui sont les héros de la révolution de la jeunesse libre.

Le bilan de la répression en Syrie s’élève à au moins 200 morts depuis le début du mouvement de contestation. « Le soulèvement en Syrie pleure 200 martyrs, des centaines de blessés et un nombre équivalent d’arrestations », affirme le principal comité syrien de défense des droits de l’homme. « Nous vous demandons d’imposer des sanctions politiques, diplomatiques et économiques au régime syrien », écrit le comité dans une lettre adressée lundi au secrétaire général de la Ligue arabe.

Les communautés internationale et arabe se sont mises d’accords pour appeler à la non-violence des autorités. La France a ainsi exhorté Damas a renoncer immédiatement a l’usage de la force contre les manifestants. Le gouvernement allemand a de même condamné les violences commises par les forces de sécurité contre des manifestants en Syrie, qu’il a jugées « révoltantes » et « consternantes ».

A Londres, les ministres britannique et italien des Affaires étrangères, William Hague et Franco Frattini, ont jugé la situation en Syrie profondément préoccupante, et la violence contre les manifestants « inacceptable ». Alors que le roi Abdallah II de Jordanie, qui est dans une situation un peu comparable, a envoyé un message au président Assad pour réaffirmer l’attachement de son pays à établir les meilleures relations avec Damas.

Le Front National Progressiste (FNP, coalition de partis dirigés par le parti Baass) a affirmé que le pays était confronté à des défis dangereux en raison des complots et des pressions extérieures. « Pour pouvoir réaliser des réformes politiques, économiques et démocratiques, le calme et la stabilité doivent régner dans la société », a ajouté le FNP.
 

Inès Eissa




Comment l'armée a définitivement lâché l'ex-président Moubarak


Considéré comme indétrônable il y a encore quelques mois, écarté du pouvoir début février, puis placé en résidence surveillée, l’ex-raïs a été arrêté et mis en détention provisoire mercredi. Décryptage. 

Maître incontesté de l’Égypte pendant 30 ans, figure omnipotente du monde arabe et allié le plus précieux des États-Unis dans la région, Hosni Moubarak est désormais aux arrêts. Placé depuis mercredi, en détention provisoire de 15 jours pour enquête, il est poursuivi, à l’instar de ses fils Alaa et Gamal, pour la violente répression, début février, de la révolte ayant abouti à la chute de son régime, ainsi que pour détournement de fonds publics et abus de pouvoir. Il pourrait être condamné à une peine pouvant aller jusqu'à la pendaison s'il était reconnu coupable, ont rapporté les médias officiels vendredi.

Pression populaire

Cet énième rebondissement de la révolution égyptienne est tout aussi symbolique que la chute même de l’ancien président, obtenue par les manifestants de la place Tahrir du Caire, le 11 février. Cette étape constitue un tournant politique inattendu tant l’armée, actuellement au pouvoir, semblait aux yeux de certains irréductibles de la place Tahrir, résolue à protéger coûte que coûte l’ex-raïs. Ce dernier étant lui-même issu de ses rangs et considéré comme un héros de guerre. Soumis à une pression populaire intense, l’armée a fini par lâcher le président Moubarak et procéder à son arrestation.

"L’armée tient à son image, elle n’a pas voulu être perçue comme une force contre-révolutionnaire, d’autant plus que des slogans visant le pouvoir militaire, ont été scandés ces derniers jours place Tahrir", explique à France24.com Nabil Abd al-Fattah, politologue égyptien et directeur du Centre d’études sociologiques et historiques al-Ahram, situé au Caire. Les manifestants cairotes ont même conspué le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), à qui Moubarak a remis le pouvoir, laissant craindre un divorce définitif avec l’instance dirigeante. "La lenteur du processus de démocratisation et la persistance des manifestations ont fait monter les enchères des révolutionnaires qui s’inquiétaient de voir leurs acquis remis en question", observe Nabil Abd al-Fattah.

L’armée a-t-elle rompu un pacte avec l’ancien commandant des forces aériennes égyptiennes qui aurait accepté de quitter le pouvoir contre l’assurance de ne pas être poursuivi en justice ? "On n’est pas sûr de l’existence de cet accord, mais le pouvoir militaire aurait certainement préféré que Moubarak s’exile dans un pays arabe, à l’instar du président tunisien déchu Ben Ali, pour éviter de se retrouver dans la situation difficile de le juger et l’humilier", note Tamer ezz el Din, correspondant de FRANCE 24 en Égypte.

Rumeurs et contre-révolution

En réponse aux appels demandant son jugement, l’ex-président Moubarak, était sorti de son silence, dimanche, en faisant parvenir un message audio à la chaîne saoudienne Al-Arabiya, dénonçant des campagnes de diffamation contre lui et sa famille. Cette prise de parole a été perçue par les manifestants et certains cadres de l'armée comme "une provocation ", selon Nabil Abd al-Fattah. Vu la tournure des évènements depuis, "le discours de Moubarak s’est clairement retourné contre lui", poursuit le politologue.

Mais la pression populaire et la soif de justice n’expliquent pas à, elles seules, l’arrestation de l’ex-président Moubarak. Les nombreuses rumeurs sur la préparation d’une contre-révolution par des anciens cadres du régime et la possible fuite de Moubarak, aidé par certains pays du Golfe, ont contribué à alourdir le climat ces derniers jours et ont précipité l’arrestation de plusieurs ex-ministres et hommes d’affaires. Ces derniers font désormais l'objet de procès ou de mesures diverses telles que le gel de leurs avoirs et des interdictions de quitter le pays. "Le simple fait que certains hiérarques corrompus de l’ancien régime fussent toujours en liberté, représentait aux yeux des révolutionnaires une menace de retour en arrière", souligne le politologue.

Le jour même de l’arrestation du président déchu et de ses fils, certaines informations invérifiables, de l’aveu même de plusieurs observateurs égyptiens, faisaient état d’une tentative saoudienne d’exfiltrer Moubarak afin de lui éviter l’affront d’une arrestation et d’un jugement. Ce qui aurait déplu fortement à l’armée qui ne voulait pas être mise devant le fait accompli et être accusée de complicité par les manifestants. "L’armée n’a pas apprécié les informations faisant état de projets de faire fuir l’ex-raïs vers la ville de Tabouk, en Arabie saoudite, préférant se brouiller momentanément avec ces monarchies plutôt que de créer un chaos interne", conclu Nabil Abd al-Fattah.


Marc DAOU




mardi 12 avril 2011

Côte d'Ivoire : les immenses défis d'Alassane Ouattara

Laurent Gbagbo et sa femme Simone dans une chambre de l'Hôtel du Golf le jour de leur arrestation, lundi.

Laurent Gbagbo suppliant qu'on l'épargne, jeté in extremis dans une aile protégée de l'Hôtel du Golf pour le soustraire à la colère de la foule, Simone, sa femme, hébétée, vêtements déchirés, mèches de cheveux arrachées par des mains vengeresses...
Les premières images de la chute de l'ancien président ivoirien, au pouvoir entre 2000 et 2010, témoignent de la haine qui s'est accumulée dans un pays en état de guerre civile larvée depuis une décennie. Un ressentiment qui s'est cristallisé lors de la crise politique issue de l'élection présidentielle du 28 novembre et le conflit armé qui s'en est suivi.
Les défis qui attendent le nouveau président Alassane Ouattara sont immenses. Le pays, quasiment coupé en deux depuis 2002, est traversé par un clivage ethnico-régional entre le Nord musulman – dont Ouattara était le porte-drapeau – et le Sud à majorité chrétienne, dont Gbagbo est issu. La réconciliation du peuple ivoirien sera le principal chantier du nouveau maître du pays.

  • Justice ou réconciliation ?

Sitôt son rival capturé et placé sous protection de l'ONU, lundi, Ouattara s'est adressé aux Ivoiriens : "Aujourd'hui, une page blanche s'ouvre devant nous, et c'est ensemble que nous allons écrire l'histoire de la réconciliation", a-t-il lancé sur la chaîne de télévision TCI.

A l'image de ce qui avait été mis en place en Afrique du Sud au lendemain de l'apartheid, il a plaidé pour la mise sur pied d'une "commission vérité et réconciliation qui fera la lumière sur tous les massacres" commis par les deux parties. Mais le nouvel homme fort d'Abidjan annonçait dans le même temps le lancement d'une "procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo, son épouse et ses collaborateurs".

Deux annonces parfaitement antinomiques, comme le souligne Michel Galy, politologue à l'Ecole des relations internationales et spécialiste de la Côte d'Ivoire. "Dans le cadre d'une commission vérité et réconciliation, les bourreaux avouent leurs fautes, et les victimes sont censées leur pardonner, sans autre processus judiciaire. Il est donc paradoxal d'évoquer dans le même temps des poursuites contre le camp Gbagbo. Sans compter qu'on imagine très mal Ouattara accuser sa propre armée d'avoir perpétré des massacres."

 La volonté d'Ouattara de traduire son rival devant la justice ne plaide pas pour une réconciliation rapide, surtout si les enquêtes sur les exactions s'arrêtent à la porte du vainqueur. Or les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, fidèles à Ouattara, sont elles-mêmes accusées de crimes. La Croix-Rouge accuse notamment les "dozos", des chasseurs traditionnels du Nord appartenant à cette armée, d'avoir massacré plus de 800 personnes à Duékoué, dans l'ouest du pays.

  • Quelle légitimité pour Ouattara ?

Vainqueur dans les urnes mais porté au pouvoir avec l'appui de la communauté internationale, lui-même marié à une Française, Ouattara aura en outre l'immense tâche d'asseoir sa crédibilité et de rassembler les Ivoiriens sous son nom.

La tâche ne sera pas aisée. Il lui faudra convaincre la moitié des Ivoiriens qui ont voté pour son rival. Longtemps écarté du jeu politique en vertu du concept d'"ivoirité" et de ses origines burkinabées supposées, Ouattara était perçu par les habitants du Sud comme le candidat de l'étranger. La Côte d'Ivoire compte environ 27 % d'étrangers, et les Ivoiriens du Sud se sentent de plus en plus acculés par les migrations des ethnies venues du Nord dont Ouattara est le héros, explique Michel Galy, qui a habité plusieurs années à Abidjan.

Economiste passé par le FMI, proche de Nicolas Sarkozy qu'il compte parmi ses six meilleurs amis, à en croire ses propres déclarations à L'Express, "Ouattara a été porté au pouvoir par trois armées : la sienne, Licorne et l'Onuci. Autant dire qu'il a un problème de légitimité évident, souligne le chercheur. On peut prendre le pari que la rue africaine lui reprochera longtemps les circonstances de son arrivée au pouvoir."

A l'heure actuelle, Ouattara ne peut en outre s'appuyer sur aucune institution. "Il y a un vrai vide institutionnel : pas de Conseil constitutionnel [favorable à Gbagbo] devant lequel prêter serment, pas de gouvernement, aucune élection législative de prévue...", poursuit-il.

Deux scénarios s'ouvrent désormais. Soit le "candidat de l'étranger" parvient à acquérir une légitimité ivoirienne : il monte alors un gouvernement d'union nationale, relance l'économie du pays et amène Gbagbo devant la justice. Soit il ne parvient pas à fédérer le pays derrière lui, et sitôt le départ des forces de l'opération Licorne, dont Paris a déjà annoncé le retrait progressif, les partisans de Gbagbo, majoritaires dans la capitale, rouvrent les hostilités. De 980 soldats au début de la crise, l'effectif de Licorne avait été porté à 1 700 depuis février. Le ministre de la défense français, Gérard Longuet, estime qu'il a "vocation de revenir en dessous de la position de départ".


  • Le risque d'une guerre civile

Le dénouement de cette crise post-électorale est loin de marquer la fin de la guerre civile larvée que connaît le pays depuis une décennie. Avec la quasi-partition du pays entre 2002 et 2007, le nombre d'armes en circulation a proliféré. Ouattara a d'ailleurs invité lundi les derniers partisans de Gbagbo à déposer les armes, ce dernier lançant un appel similaire dans une brève intervention retransmise par la chaîne de télévision de son adversaire.

Mais les appels des deux chefs risquent de rester lettre morte dans certaines régions. Les "guerriers nomades" (lire De la guerre nomade : sept approches autour du conflit de la Côte d'Ivoire, de Michel Galy), souvent venus du Liberia voisin, pilleurs redoutés prêtant alternativement leurs services à chacun des deux camps, se sont durablement installés dans le paysage des campagnes ivoiriennes. Monrovia a déjà dit craindre leur retour au pays, mais ils pourraient tout aussi bien allumer une contre-guérilla en territoire ivoirien pour poursuivre leurs activités.

Autre risque : "l'autonomisation relative" des forces fidèles à Ouattara. Les "dozos" "pillent et vivent sur la bête depuis le coup d'Etat de 2002. Ouattara et Soro les contrôlent-ils ? rien n'est moins sûr..."

  • Un pays à reconstruire

La reconstruction d'un pays qui traverse la plus grave crise économique et sociale de son histoire sera un enjeu majeur des mois et des années à venir. La Côte d'Ivoire, puissance phare de l'Afrique de l'Ouest jusque dans les années 90, demeure le premier producteur mondial de cacao. Le café et le cacao représentent à eux seuls 40 % des recettes d'exportations et environ 20 % de son produit intérieur brut. Mais son économie, qui traverse une crise sans précédent, a reçu le coup de grâce avec la crise post-électorale et les sanctions commerciales de la communauté internationale.

Dans un geste en faveur d'Alassane Ouattara, les Européens ont d'ores et déjà levé vendredi des sanctions qu'ils avaient imposées pour contraindre Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir en l'asphyxiant financièrement. Elles visaient les deux grands ports du pays, Abidjan et San Pedro, ainsi que deux entreprises stratégiques dans le secteur pétrolier ainsi que du cacao et du café. D'autres mesures similaires devraient suivre.

La France a quant à elle annoncé pour les prochains jours un soutien financier exceptionnel de 400 millions d'euros, pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des populations et de la ville d'Abidjan. Ouattara devra faire la preuve qu'il peut mobiliser au profit de la Côte d'Ivoire un réseau d'influences bâti à la tête de la Banque des Etats d'Afrique de l'Ouest et du FMI, où il a occupé le poste de directeur général adjoint.

Mais il est confronté à une tâche immédiate, celle d'éviter une crise humanitaire en fournissant à nouveau nourriture, sécurité et biens de première nécessité aux habitants d'Abidjan terrés chez eux pendant les dix derniers jours de combats. La bataille d'Abidjan a précipité la capitale économique au bord d'une catastrophe humanitaire, avec des quartiers livrés à l'anarchie et aux pillages de groupes en armes. Dans le reste du pays, les combats auraient fait près d'un million de déplacés.

  • Une bonne nouvelle pour l'Afrique ?

La chute de Gbagbo est une "bonne nouvelle" pour la dizaine de pays africains qui vont connaître des élections dans les mois à venir et dont les résultats devront être respectés, a affirmé mardi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, sur France Info. Parmi les pays devant organiser cette année une élection présidentielle figurent notamment le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Liberia et la Zambie.

Un avis que ne partagent pas tous les observateurs. De nombreux titres de la presse internationale voient ainsi dans l'intervention française une habitude "néo-coloniale" héritée de la "Françafrique". Michel Galy qualifie même de "forfaiture" l'attitude de la France et de l'ONU : "L'un comme l'autre sont sortis du modèle d'intervention classique. C'est la première fois que l'ONU renverse un dirigeant et bombarde les symboles du pouvoir d'un pays souverain. C'est également la première fois depuis les indépendances que l'armée française intervient dans une capitale de 4 millions d'habitants."

Pour le porte-parole du gouvernement, la France est "absolument inattaquable". "La France est intervenue dans le cadre de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, à la demande de son secrétaire général", a insisté François Baroin. Mais entre la résolution 1975, qui prévoit la destruction des armes lourdes menaçant les civils, et le bombardement de la résidence de Gbagbo, "il y a comme un hiatus", souligne Michel Galy. Seul l'avenir, qui s'annonce incertain, dira si la France et l'ONU ont été bien inspirées de jouer de l'ambiguïté de leur mandat pour porter Ouattara au pouvoir.


Soren Seelow



Hosni Moubarak victime d'une crise cardiaque et hospitalisé à Charm el-Cheikh


Hosni Moubarak a été admis aux soins intensifs d'un hôpital de Charm el-Cheikh. L'ex présisent égyptien a été victime d'une crise cardiaque alors qu'il était entendu par la justice au sujet des violences subies par les insurgés de la place Tahrir.

Sharm El Cheikh - L'ancien président égyptien Hosni Moubarak a été hospitalisé mardi dans une unité de soins intensifs après avoir été victime d'une "crise cardiaque" pendant un interrogatoire sur la mort de manifestants et sur le détournement de fonds publics a rapporté la télévision publique.

Elle a indiqué que l'ancien "raïs", âgé de 82 ans, avait été admis mardi dans un hôpital de Charm el Cheikh, ville du sud du Sinaï où il est assigné à résidence depuis son renversement le 11 février.

Hosni Moubarak a reçu ce week-end de la justice une citation à comparaître devant un tribunal du Caire.

Selon la chaîne de télévision Al Arabia, Moubarak a été interrogé par le procureur du Sud-Sinaï.
Ses deux fils, Alaa et Gamal, ont aussi été interrogés, dit-on de source judiciaire.

L'ancien président était sorti dimanche de son silence pour rejeter en bloc les accusations de corruption portées contre sa famille et lui.

"Je ferai respecter mon droit légal à défendre ma réputation ainsi que celle de ma famille", a-t-il dit dans une déclaration enregistrée diffusée par la chaîne de télévision Al Arabia.

Hosni Moubarak a dit que les informations qu'il avait transmises au parquet égyptien montreraient qu'il ne possède ni avoirs financiers, ni biens immobiliers à l'étranger et que les détails fournis sur les comptes en banque de ses fils montreraient qu'ils n'ont réalisé aucun profit illégal.

Le journal Al Ahram rapportait mardi que Moubrak avait été convoqué pour interrogatoire par un tribunal du Caire et que des dispositions de sécurité étaient mises en place.

Selon le journal, qui cite le ministre de l'Intérieur, Mansour el Essawy, Moubarak devait témoigner sur des accusations portées contre lui dans un tribunal de la banlieue est du Caire.

Le journal n'a pas précisé la nature des accusations.

Moubarak a eu plusieurs problèmes de santé ces dernières années et il s'est rendu en mars 2010 en Allemagne pour y être opéré de la vésicule biliaire.

Plusieurs pays ont gelé les avoirs de Moubarak et de certains de ses proches depuis qu'il a été contraint à la démission. La famille de Moubarak et certains alliés politiques ont été interdits de déplacement pendant que le parquet égyptien enquête sur les accusations portées contre eux.
 
 
 

samedi 9 avril 2011

Egypte: au moins 2 morts et 18 manifestants blessés place Tahrir


Deux mois après la chute du président Hosni Moubarak, des dizaines de milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi pour demander son jugement, critiquant également la haute hiérarchie militaire qui dirige le pays. Bravant des consignes de leurs supérieurs de ne pas manifester en uniforme, sept lieutenants avaient pris la parole sur une tribune pour réclamer «le jugement des corrompus» et une épuration de l'armée.

Dans la nuit, deux personnes ont été tuées et au moins 18 blessées lorsque la police militaire a tenté de disperser des manifestants sur la place Tahrir, ont affirmé des sources médicales. Ces sources n'ont pas pu préciser si les blessures avaient été causées par balles et les décès n'ont pas encore pu être confirmés de source officielle. S'ils l'étaient, il s'agirait des premiers depuis la chute du président Hosni Moubarak, le 11 février dernier.

La police militaire a tiré en l'air à l'arme automatique samedi à l'aube pour disperser quelques centaines de manifestants qui se trouvaient encore sur l'emblématique place Tahrir où ils ont mis le feu à un bus militaire et à un camion civil sur la place. Ils réclament le départ du chef de l'armée, le maréchal Hussein Tantaoui, selon un journaliste de l'AFP.

La police militaire a déployé des barbelés aux abords du rassemblement, alors que le sol était couvert de pierres, témoignant de violents affrontements. Certains manifestants étaient armés de gourdins, et des traces de sang étaient visibles par endroits.

Des manifestants ont affirmé vouloir rester sur la place tant que le maréchal Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) serait en place. Ce Conseil est dépositaire du pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak le 11 février. Le maréchal Tantaoui, 75 ans, a été pendant 20 ans ministre de la Défense du président déchu.

Les jours précédents, plusieurs vidéos étaient apparues sur le site internet Youtube, dans lesquelles des personnes se présentant comme d'anciens officiers accusaient le Conseil suprême des forces armées, à qui Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant, de trahir les idéaux de la révolte populaire.

 


vendredi 8 avril 2011

Une nouvelle Egypte ?


Le peuple égyptien s'est soulevé après de longues années de pouvoir autoritaire. L'armée égyptienne s'est rangée du côté du peuple et a su utiliser le lien avec Hosni Moubarak pour éviter un scénario révolutionnaire de libération nationale dans une logique d'affrontements : pas de guerre civile sanglante, pas de partition du pays et une tentation obscurantiste tenue à distance. Après un premier élan populaire, l'Egypte entre dans une période d'instabilité, principalement marquée par l'incertitude.
Il est trop tôt pour dire si le processus de transition démocratique ira à son terme, cependant cet appel à la liberté est probablement irréversible. Deux défis majeurs au moins devront désormais être relevés : réorganiser l'Etat, redonner à l'Egypte sa place de nation "phare" dans le monde arabe. Le processus politique est ambitieux : une constitution amendée, des élections présidentielles et législatives libres et les délais sont courts. La tradition étatique de l'Egypte constitue un atout solide ainsi que la place de l'armée dans la société. Mais subsistent encore dans les cercles proches de l'ancien pouvoir des freins à une libéralisation accélérée : hommes d'affaires et militaires influents, caciques du PND restent dans une logique d'intérêts personnels que seules des mesures énergiques pourront limiter. Elles seront nécessaires pour remettre l'économie en marche en s'appuyant sur un nouveau pacte social, sans "casser" l'appareil politique de prise de décision. Il faudra trouver un équilibre entre les aspirations populaires légitimes et les réalités économiques. Le chemin existe mais il est étroit. A terme, le nouveau régime ne pourra pas non plus faire l'économie d'une redéfinition des relations entre pouvoir politique et cadre religieux. Le rôle et l'influence des Frères musulmans aussi bien aux plans politiques que religieux restent encore une grande inconnue.

Mais c'est aussi la politique étrangère que le nouveau gouvernement devra repenser. L'Egypte, Etat clé du monde arabe par son histoire politique et religieuse, sa position géographique et son influence culturelle, entame un processus de modernisation. Sans doute voudra-t-elle redéfinir les relations politiques et économiques avec ses partenaires traditionnels, sans ignorer le poids de ses contraintes démographiques et économiques structurelles et réinvestir pleinement le paysage stratégique moyen-oriental pour y tenir son rang. Quelles en seraient les conséquences pour les acteurs régionaux ? Un grand Etat moderne et légitime (car il n'y aurait plus de découplage entre le pouvoir en place et la "rue égyptienne") pourrait permettre de fédérer les attentes des peuples arabes, une grande nation arabe serait capable de réinvestir de façon équilibrée l'espace politique, diplomatique et religieux. Elle se pose en rupture avec ceux dont l'intérêt est de maintenir un Moyen-Orient divisé et affaibli pour y préserver leur influence.

D'abord l'Iran, évidemment. Les désaccords historiques entre l'Iran et l'Egypte sont lourds. Ils couvrent tous les domaines. Le retour de l'influence égyptienne constituerait pour l'Iran une mauvaise nouvelle, alors que le régime y est contesté de l'intérieur. On pense naturellement en premier lieu à la question religieuse : un Islam sunnite modéré pourrait contrer la poussée du radicalisme chiite iranien. Mais au-delà, les Egyptiens ont intérêt à un Moyen-Orient stable, alors que l'Iran cherche à étendre son influence par la déstabilisation. Il entretient les divisions (au Liban notamment) et soutient les mouvements armés. S'ils sont notoirement dirigés contre Israël, ils remettent en cause implicitement la capacité des Etats arabes à régler le problème palestinien ou plus généralement la question de la place d'Israël dans la région. A cette logique de confrontation entretenue par l'Iran, l'Egypte peut substituer une logique de négociation, si elle sait fédérer la cause arabe autour d'une solution pacifique du conflit. Plus généralement, le retour de l'Egypte permettrait d'envisager le règlement des questions du Moyen-Orient sous l'angle de "l'arabité" et non plus sous celui d'une puissance extérieure radicale, animée par des considérations idéologiques.

Ensuite l'Arabie saoudite. Un nouvel acteur vient lui contester des parts de marché, car il chasse d'abord sur les terres de l'Islam sunnite. Si l'Egypte sait résoudre la question religieuse, elle pourrait constituer une alternative crédible à l'Islam wahhabite pour les pays arabes qui ont changé ou vont changer de régime. A la décolonisation, les nouveaux Etats arabes avaient en effet le choix entre plusieurs structures politiques : la séparation avec les anciennes puissances coloniales les a éloignés d'un système libéral, le nationalisme arabe n'a vécu (hors Syrie et Irak) que jusqu'à la chute de Nasser, restait le modèle saoudien. Au nom de l'Islam et en utilisant ses immenses richesses, l'Arabie Saoudite a favorisé son modèle politique : un régime autoritaire et héréditaire. C'est cet édifice que fissurent la révolution égyptienne et sa devancière tunisienne.

Puis la Syrie. Elle incarne avec l'Arabie Saoudite des systèmes politiques qui ont vécu. Fondés sur le dirigisme et des relèves de pouvoir familiales, ils sont manifestement à contre sens de l'histoire. Dure réalité pour Bachar Al-Assad que de partager avec l'ennemi saoudien cette singularité. Une fois encore, la Syrie se trouve à la croisée des chemins, difficile pour elle de suivre sa ligne politique traditionnelle : ne pas choisir d'options stratégiques. Fera-t-elle le choix du statu quo pour maintenir le régime ou se rapprochera-t-elle de l'Egypte ?

Enfin la Turquie. Son modèle de société représente une alternative pour les nouveaux pouvoirs arabes. Il est sans doute source d'inspiration, pas de duplication. L'Egypte cherchera-t-elle à l'importer ou voudra-t-elle s'y opposer ? Du choix arrêté dépendront aussi les relations entre les deux Etats régionaux et l'influence turque dans le monde arabe.

Si la révolution égyptienne est sans doute un tremblement de terre dans le monde arabe, elle ne devrait pas affecter la sécurité d'Israël et pourrait constituer une chance à saisir pour de nouvelles configurations au Moyen-Orient. Immédiatement, et malgré un réflexe sécuritaire israélien, guidé probablement par des logiques de politique intérieure plus que par une crainte avérée, l'Egypte a confirmé ses engagement internationaux : pas de remise en cause de l'accord de paix avec Israël. La donne change, les rapports de force se rééquilibrent : l'Egypte sera plus crédible dans les négociations car elle aura révisé sa relation avec les Etats-Unis, qu'elle pourra revendiquer la légitimité populaire et faire valoir une influence confortée dans le monde arabe. Alors quels changements attendre ? Peut-être une avancée dans le processus de réconciliation intra palestinien, l'Egypte étant auparavant considérée par le Hamas comme un médiateur trop engagé. L'Egypte nouvelle pourrait constituer un point d'appui solide pour des négociations israélo-arabes rénovées.

La refonte de l'Union pour la Méditerranée est jugée impérative. Sous cette forme ou sous une autre, l'intégration régionale méditerranéenne doit être relancée. Elle nécessite d'abord un règlement du conflit israélo-palestinien, dont la centralité n'est pas démentie et qui continue d'empoisonner les relations entre pays européens et pays arabes. L'Europe peut s'appuyer sur cette nouvelle Egypte pour y procéder.



Reprise du tourisme en Egypte

 
Tourisme . Le taux d’occupation des hôtels en Egypte a atteint 30 %, ce qui confirme la reprise du mouvement touristique en Egypte après une grande chute à la suite de la révolution du 25 janvier.

De nouveau, les touristes affluent en Egypte, surtout sur les sites balnéaires de la mer Rouge comme Charm Al-Cheikh, Hurghada et Marsa Alam. « De 2 % de taux d’occupation des hôtels lors de la révolution, ce taux a atteint environ 30 % dans les régions de la mer Rouge. Le Caire, étant plus affecté par les événements politiques, le taux de reprise du mouvement touristique n’a pas encore dépassé les 15 % », assure Sami Mahmoud, vice-président de l’Organisme de la promotion touristique (ETA). Il ajoute que ces chiffres prometteurs sont le fruit des efforts déployés autant par les autorités que par le secteur privé opérant. En fait, une délégation du secteur touristique, avec en tête le ministre du Tourisme Mounir Fakhri Abdel-Nour, a fait une tournée dans les grands marchés du tourisme égyptien pour inviter les touristes à visiter l’Egypte. Au Salon international du tourisme de Berlin (ITB), le plus important du monde, l’Egypte n’a pas attendu l’an prochain, où elle sera l’invitée d’honneur, pour voir grand et tripler sa superficie d’exposition. Elle a décidé de transformer ses récents changements de régime en argument publicitaire pour faire revenir les touristes, puisque sur les stands du pavillon égyptien, les bustes de pharaons voisinent avec des reproductions de la place Tahrir du Caire, foyer de la révolution, sous un slogan expressif commun : « Venez voir l’endroit où tout a commencé ».
 
« L’Egypte était déjà incontournable pour son histoire et ses richesses naturelles, mais il y a un nouvel élément. Nous invitons les touristes à partager l’expérience de la révolution démocratique », explique Hicham Zaazoue, adjoint du ministre égyptien du Tourisme. Selon Adel Abdel-Razeq, tour-opérateur, la place Tahrir était déjà incontournable, car c’est là que se trouve le Musée égyptien. Mais désormais, les guides montrent aussi les endroits où les manifestants ont monté des tentes et racontent comment des partisans de l’ancien régime ont mené une attaque contre les révolutionnaires à dos de chameaux.

« L’Egypte est sûre », c’est le message essentiel sur lequel s’est appuyé le ministre du Tourisme lors de ses rencontres avec les méga tour-opérateurs du monde entier ainsi qu’avec les autorités touristiques des différents pays qui ont participé à l’ITB. Il a mis l’accent sur le fait de la reprise de la vie et la stabilité qui règne dans les quatre coins de l’Egypte. « Même les manifestations qui ont lieu maintenant sont pacifiques et sont une affaire interne. Aucun touriste n’a été atteint jusqu’à présent et le couvre-feu sera bientôt annulé », a souligné Abdel-Nour. Un message bien reçu, puisque la plupart des pays européens ont annulé leur interdiction concernant la visite de l’Egypte.

Les autorités égyptiennes n’ont pas raté l’occasion d’être à Berlin pour soulever une fois de plus le sujet des taxes de l’environnement appliquées sur les vols aériens à partir de l’Allemagne et dont la valeur varie selon la proximité de la destination de ce pays. « Pour nous en Egypte, cette taxe équivaut à 25 euros, tandis que dans le cas de la Tunisie par exemple, ce n’est que 12 euros seulement. Ce qui affecte la compétitivité en matière des prix-puisque toute augmentation est ajoutée au frais du voyage lui-même », explique Elhami Al-Zayat, président de l’Union des chambres de tourisme. A cet égard, les autorités allemandes ont promis d’étudier l’affaire, surtout qu’il est appliqué dans le cadre de l’Union Européenne (UE), donc les discussions doivent se faire au sein de l’UE surtout qu’il y a d’autres pays qui l’appliquent comme l’Angleterre.

De l’ITB à Berlin, la délégation touristique égyptienne s’est dirigée vers la Russie pour participer au marché du tourisme « Intour Market » à Moscou. Une visite d’une plus grande importance, puisque la Russie est le premier marché du tourisme égyptien. Ce pays nous a envoyé plus de 2,5 millions de touristes en 2010. En outre, c’est le seul des grands marchés du tourisme égyptien qui n’a pas annulé l’interdiction sur la visite de l’Egypte malgré les discussions qui ont eu lieu avec l’ambassadeur de la Russie en Egypte ainsi qu’avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergyé Lavrov, lors de sa visite en Egypte. En effet, les touristes russes sont d’une grande importance pour le tourisme égyptien, surtout les destinations de la mer Rouge, que l’on essaie de promouvoir d’une façon individuelle. Ainsi, on a commencé à faire des offres spéciales, soit au niveau des prix soit avec des add value (nuitée gratuite sur leur séjour).

Malgré l’offensive marketing, Hicham Zaazoue prévoit qu’il est encore tôt pour faire revenir tous les touristes. « On espère récupérer environ 50 % avec la fin du mois d’avril grâce aux vacances de Pâques dans les pays européens. Mais j’estime qu’il n’y aura de normalisation qu’à partir de l’été », conclut Zaazoue.


Dalia Farouq




Egypte : L’échiquier politique en profonde mutation


Dialogue National . De nouveaux partis naissent, d’autres plus anciens tentent des alliances. A l’approche des élections législatives prévues en septembre prochain, la scène politique égyptienne se transforme.

Des fusions et des alliances … Le laboratoire des partis politiques fait sa mue en Egypte. Bien qu’il reste 6 mois avant les législatives, les partis ont commencé tôt la course vers le Parlement. Aux 25 partis qui existent formellement viennent s’ajouter une vingtaine d’autres en cours de formation. Dans le but de s’accorder le plus de chance aux élections, chaque groupe commence à choisir la forme qu’il pense être convenable pour son entrée dans cette nouvelle ère de l’après-Moubarak. Et les choix sont multiples. Soit fusionner pour former une nouvelle entité, ou bien former des alliances temporaires tout en conservant son identité.
 
En fait, la fusion des partis, si elle existe en abondance dans plusieurs pays du monde, est considérée en Egypte comme une nouvelle terminologie dans le dictionnaire des partis. Mais elle a quand même eu lieu avec la fusion de deux partis en formation : Al-Masri al-libérali (l’Egyptien libéral) de Mohamad Aboul-Ghar, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université du Caire et membre éminent du Mouvement du 9 mars, et Al-Démocrati al-egtemaï (le démocratique social) de tendance gauchiste, présidé par Amr Hamzawy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, qui a joué un rôle très distingué lors de la révolution du 25 janvier. Al-Masri al-démocrati al-egtemaï (L’Egyptien démocrate social) est le résultat de ce fusionnement pour devenir le premier parti de son genre en Egypte. « Etat civil - développement économique - justice sociale » est le logo de ce parti.

Une autre originalité de cette entité politique émergente est l’amalgame des libéraux et socio-démocrates. « Un parti libéral qui se trouve dans un pays, où 40 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté et 30 % sont des analphabètes, doit avoir une orientation sociale démocratique très précise », dit Aboul-Ghar. Le programme de ce parti est alors celui d’une formation libérale qui préconise l’application des mécanismes de marché dans l’économie.
 
Un mariage politique temporaire ? Les fondateurs de ce parti font tout leur possible pour éviter un tel scénario. « On va sérieusement travailler les trois mois prochains pour formuler un programme clair qui reflète pleinement l’identité politique distincte du parti et pour assurer l’intégration complète entre les deux groupes », affirme Aboul-Ghar. « Le calendrier très serré des législatives, avec la nouvelle loi de formation des partis, nous a encouragés à rechercher une formule de compromis et des points de convergence, afin d’éviter les phénomènes négatifs dans la vie politique en Egypte comme le démantèlement des petits partis et l’arrogance vis-à-vis de l’action collective », explique pour sa part Amr Hamzawy.
 
Pour Yousri Al-Ezabawy, politologue au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, la fusion des partis est un phénomène sain et positif, notamment pour les nouveaux partis qui n’ont pas encore de public sauf celui de la place Tahrir. « Il est préférable pour ces nouveau-nés de fusionner dans une seule entité plus organisée et populaire pour sortir de la place Tahrir. S’ils restent dispersés, ils ne vont pas collecter les fruits de la révolution et n’auront aucun rôle, voire aucun siège dans le prochain Parlement et ils n’auront même aucune influence durant les élections présidentielles », explique le politologue. Il prévoit aussi que le parti libéral démocrate va être dans les prochaines jours un exemple à suivre pour les nouveaux partis.
 
L’alliance est la solution

De l’autre côté, la plupart des partis formels ont opté pour un autre choix. La liste unifiée des candidats est leur plan pour les législatives. Trois partis seulement ont déclaré publiquement préparer leurs listes, à savoir le parti du néo-Wafd, Al-Ghad et celui du Front démocratique. Ces trois partis ont décidé de former « une nouvelle alliance de partis libéraux » dans le but de coordonner entre eux durant les prochains législatives à travers « une liste unifiée et un programme électoral commun qui représente le courant libéral ». Mais cette alliance laisse aussi la porte toute ouverte devant les autres tendances pour y participer. « L’alliance entend contacter le courant nassérien et ses partis. Notre but est de parvenir à un compromis qui garantit d’obtenir le plus grand nombre de sièges au Parlement », dit Ibrahim Nawar, représentant du parti du Front dans cette alliance. Et d’ajouter : « Cette alliance est temporaire et sera interrompue à la fin des législatives. Et si un jour on désire la continuité de cette alliance, on va renouveler son programme ».

Les exemple d’alliances électorales entre les partis d’idéologie et de programmes différents sont nombreux dans l’histoire des législatives. Et ceci, malgré toujours une représentation très faible aux Parlements précédents. Mais il semble que les alliances aient des avantages pour ces partis. Le premier atout, c’est ce qu’on appelle « l’économie électorale », ou en d’autres termes le financement des campagnes électorales, et ceci à travers les économies réalisées dans les dépenses communes.

Les alliances des partis avaient d’autres buts qui ont changé après la révolution du 25 janvier. Avant, former une coalition contre les candidats du PND était un des principaux objectifs de l’alliance. Celle-ci voulait regrouper les protestataires contre les politiques de l’ennemi commun, c’est-à-dire du parti au pouvoir, et cela sans tenir compte de leurs tendances politiques. Aujourd’hui, l’ennemi commun est différent. Ce sont les Frères musulmans ou l’ensemble du courant islamiste que les partis craignent le plus. Ils brandissent alors le slogan « L’alliance est la solution » face aux candidats de « l’islam est la solution ». On entend de temps à autre dire que les partis recherchent dans les différents gouvernorats des symboles pour faire face aux candidats des Frères et aux salafistes dans les circonscriptions.

Bien que la confrérie ait souvent fait partie des coalitions électorales précédentes, une alliance semble aujourd’hui très difficile pour eux. Et ceci malgré les tentatives acharnées des Frères de rassurer les partis dans les médias. La confrérie a maintes fois répété qu’elle n’envisageait pas la majorité absolue au Parlement et qu’elle visait seulement 35 à 50 % des sièges. Des messages qui ont été suivis de contacts directs avec les partis, en leur proposant une liste unifiée, dans certaines circonscriptions, afin de faire face à ce qui reste du PND. Ce dernier constitue d’ailleurs l’épouvantail brandi par la Confrérie à ces partis. Mais les appels des Frères musulmans sont restés sans réponses.

Selon Al-Ezabawy, le comportement des Frères durant le référendum, en essayant de mobiliser les gens pour dire « oui », a été très critiqué par les autres mouvements politiques qui, aujourd’hui, sont méfiants à l’idée que des Frères dominent le processus électoral. Ils craignent que la Confrérie manipule les partis pour parvenir à la majorité.

De l’autre côté, les Frères témoignent ces jours-ci de dissensions intérieures, après la démission de deux de leurs dirigeants, notamment Abdel-Moneim Aboul-Fotouh.

Une alliance islamique n’est pas prévue dans les jours à venir. La Confrérie est idéologiquement aussi en conflit avec les autres courants islamistes, même avec le parti d’Al-Wassat. « Les alliances entre les mouvements religieux sont plus difficiles que celles entre les autres partis politiques », conclut Al-Ezabawy.


Aliaa Al-Korachi