mercredi 2 février 2011

Chine: l'information sur la révolte égyptienne strictement contrôlée


 PEKIN (AP) — Vues par les médias chinois, les manifestations en Egypte illustrent le type de chaos qui accompagne la démocratie à l'occidentale. La censure chinoise contrôle étroitement la façon dont sont évoqués ces événements: les journaux ne peuvent publier que les comptes rendus de l'agence de presse officielle et le mot "Egypte" ne peut plus être utilisé pour des recherches sur les sites de micro-blogging.

Même si le risque d'une contagion à la Chine paraît très improbable, l'ampleur de la censure reflète l'inquiétude du Parti communiste chinois, soucieux de conserver son emprise sur le pouvoir. "Bien sûr, le gouvernement ne veut pas voir davantage de commentaires sur (les manifestations) parce qu'il veut la stabilité", souligne Zhan Jian, professeur à l'université de sciences politiques de la jeunesse de Chine.

Les journaux ne peuvent publier que les informations diffusées par l'agence officielle Chine Nouvelle, comme c'est souvent le cas pour les événements jugés sensibles par les autorités. La censure empêche toute recherche utilisant le mot "Egypte" sur les sites de micro-blogging. Les commentaires dressant un parallèle avec la situation en Chine sont effacés des forums Internet.

Les chaînes occidentales CNN et BBC ne sont pas accessible au plus grand nombre, et de nombreux Chinois ne perçoivent les événements en Egypte que par le biais des informations autorisées par le régime.

Les médias chinois mettent l'accent sur le chaos engendré par la révolte égyptienne, ignorant la dénonciation par les manifestants de l'autocratie et de la corruption, deux sujets sensibles en Chine. Ils se sont aussi concentrés sur l'affrètement par Pékin de plusieurs avions pour rapatrier des ressortissants chinois bloqués en Egypte.

Les autorités chinoises se défendent de censurer Internet. Mais les réseaux sociaux Twitter et Facebook sont bloqués et des sujets sensibles sont régulièrement effacés des sites par la "Grande Muraille pare-feu", vaste système chinois de surveillance de l'Internet.

L'attitude actuelle de la Chine rappelle sa réaction à l'occasion des révolutions survenues dans les années 2000 en Ukraine, Géorgie ou au Kirghizistan, selon Jeremy Goldkorn, dirigeant de Danwei.org, un site Web qui suit les médias et Internet en Chine. "L'objectif est de décourager les gens de faire des parallèles avec la Chine", explique-t-il.

Pour le quotidien chinois "Global Times", de telles révoltes ne peuvent apporter la vraie démocratie. "Comme concept général, la démocratie a été acceptée par la plupart des gens", affirme le journal dans un éditorial publié dimanche. "Mais (...) le modèle occidental est seulement une option parmi d'autres. Il faut du temps et des efforts pour mettre en oeuvre la démocratie dans différents pays, et pour le faire sans les troubles de la révolution."

Selon M. Goldkorn, le message de la Chine à son peuple est clair. "Le chaos est néfaste pour un pays en développement: 'Regardez ce qui se passe quand les gens descendent dans la rue''', dit-il. "Le "Global Times" résume tout en écrivant que "c'est le danger de la démocratie à l'occidentale", ajoute-t-il.


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