jeudi 27 janvier 2011

Egypte: des manifestants mettent feu à une caserne de pompiers à Suez


SUEZ (Egypte) - Des manifestants ont mis le feu jeudi à une caserne de pompiers à Suez, à l'est du Caire, après avoir lancé des cocktails molotov sur la police, a constaté un photographe de l'AFP.

Des accrochages ont opposé jeudi après-midi plusieurs centaines de manifestants aux forces de l'ordre dans cette ville, ainsi qu'à Ismaïliya, une cinquantaine de kilomètres plus au nord sur le canal de Suez.

A Suez, les policiers anti-émeute ont eu recours aux gaz lacrymogènes, aux balles caoutchoutées et aux canons à eau pour disperser plusieurs centaines de manifestants. Ceux-ci s'étaient rassemblés devant un poste de police pour réclamer la libération des personnes arrêtées mardi et mercredi, quelque 75 selon une source au sein des services de sécurité.

Mercredi, les manifestations avaient été particulièrement violentes à Suez, où des affrontements avaient éclaté après le refus de la police de remettre le corps d'un des trois manifestants morts la veille.

Les jeunes militants pro-démocratie, inspirés par la révolte tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, ont appelé à de nouvelles manifestations jeudi et après les prières hebdomadaires de vendredi.

Quatre manifestants et deux policiers sont morts et des dizaines de personnes ont été blessées depuis le début des manifestations mardi. Selon un responsable des services de sécurité, "au moins mille personnes ont été arrêtées à travers le pays".



(©AFP / 27 janvier 2011 15h49)

Yémen : Des milliers de manifestants réclament le départ du président

A Sanaa, capitale du Yémen, les manifestants réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.
 
Après des manifestations en Tunisie, en Algérie et en Egypte, des milliers de personnes se lèvent aujourd’hui contre le pouvoir au Yémen. L’opposition réclame le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Le président a été réélu en septembre 2006 pour un nouveau mandat de sept ans. Il serait maintenant question et ce malgré le refus de l’opposition, d’un projet d’amendement de la Constitution qui lui ouvrirait la porte vers la présidence à vie.

L'opposition accuse en outre le président Saleh, 68 ans, de planifier une transmission de la présidence à son fils aîné Ahmad, chef de la garde républicaine, unité d'élite de l'armée.

Le président tunisien « est parti après 20 ans, 30 ans au Yémen, ça suffit », scandaient les manifestants en référence au mouvement de contestation populaire tunisien qui a chassé le président Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans au pouvoir.

« Non au renouvellement du mandat, non à la transmission héréditaire du pouvoir », répétaient-ils lors d'un rassemblement à l'appel de la « Rencontre commune », une coalition de l'opposition.

Selon un des organisateurs, ce sont quatre manifestations distinctes qui auront lieu au sein de la capitale yéménite aujourd’hui même.




Après la Tunisie, l'Egypte cherche sa liberté


Après la Tunisie, l'Egypte. C'est ce que scandaient mardi 25 janvier des dizaines de milliers de manifestants, bravant des dizaines de milliers de policiers, dans toutes les grandes villes égyptiennes... Les spécialistes ont déjà sorti leurs fichiers, pour nous rappeler que chacun des pays arabes a sa spécificité, ses rapports de force socio-économiques, son histoire particulière, et que la révolution tunisienne ne peut pas se reproduire à l'identique ailleurs. Ils ont raison. Mais ils passent à côté de l'essentiel. A savoir que tous les régimes arabes sont entrés dans une même phase de dégénérescence, dans une crise aiguë de légitimité. Leurs dirigeants viennent d'être dépossédés de leur bien le plus précieux : l'initiative politique. Cette initiative est passée dans la rue. Et la peur, désormais, change de camp.

Au cours du dernier quart de siècle, les classes moyennes et populaires, dans la plupart des pays arabes, avaient cessé de se projeter dans l'avenir. Confrontées à une paupérisation galopante, humiliées par des administrations omnipotentes et un climat de terreur policière banalisée, elles assistaient, bâillonnées, au spectacle de l'opulence et de la corruption des élites au pouvoir. Un sentiment d'impuissance avait lentement rongé les esprits. Les dictateurs qui les dirigent, parlant un langage rationnel et technocratique, pouvaient compter sur l'appui inconditionnel des puissances occidentales, qui s'entêtaient à voir en eux le seul rempart possible contre l'intégrisme. Face à ces dictateurs, de nombreux Arabes commençaient d'ailleurs à se dire, de leur côté, qu'un changement radical ne pouvait être porté que par un mouvement intégriste - seul à pouvoir trouver de solides relais populaires, du fait de la montée d'une religiosité de masse... C'est cette malédiction que le peuple tunisien a brisée. La révolution qu'il a improvisée a dit non à l'Etat despotique moderne, aussi bien qu'à l'Etat théologique médiéval. Elle a dit oui à la séparation du politique et du religieux.

EN FINIR AVEC L'ÉTAT D'EXCEPTION

En remportant une première victoire décisive, le renversement du régime de Ben Ali, le peuple tunisien a administré la preuve indubitable que le désir de liberté n'est pas un rêve d'intellectuels, mais une authentique aspiration populaire. C'est ce que l'Egypte, à son tour, vient de nous dire.

Les obstacles qui s'opposent à la poursuite du mouvement sont énormes. Mais ils ne pourront remettre en question ce que ces manifestants ont déjà gagné, et qu'on ne pourra plus leur reprendre. Le sentiment qu'ils ne sont plus isolés. Et ils ont découvert que les policiers, aussi nombreux qu'eux, ne leur faisaient plus peur.

Ils ont compris, surtout, que dans cette foule où se mêlaient toutes les classes sociales et les classes d'âge, ils pensaient la même chose. Non à la misère et à la corruption, oui à la dignité et à la liberté.
Et leurs mots d'ordre convergeaient vers un objectif politique sans équivoque : fin de l'état d'exception, qui, en vigueur depuis des décennies, fait du chef de l'Etat un autocrate absolu. Exit, non seulement Moubarak, mais son régime. L'exemple tunisien, explicitement revendiqué par les manifestants, ressort très clairement des milliers de messages électroniques échangés ces derniers jours. Ce que les Egyptiens ont tiré de cet exemple peut se résumer en quelques mots. C'est qu'un peuple peut se soulever, sans attendre de sauveur, de chef ou de parti-guide ; que l'essentiel est d'oser braver sa propre peur et de continuer d'avancer, malgré les deuils et les revers inévitables ; que ce courage et cette persévérance ne sont pas vains, puisqu'ils peuvent être couronnés de succès décisifs.
 
Une conclusion, peut-être déterminante, a enfin été tirée de l'événement tunisien : lorsqu'il apparaît évident que c'est toute une nation qui exige un changement de pouvoir, les forces armées peuvent prendre le parti du peuple. Mille questions se posent, légitimement, sur l'avenir. La révolution tunisienne va-t-elle atteindre tous ses objectifs ? Le soulèvement égyptien va-t-il se développer face à la répression qui s'abat déjà ? Un troisième peuple arabe va-t-il se joindre à cette longue marche ? Nul ne le sait. Mais, le miracle, c'est qu'elles sont à l'ordre du jour. Il y a seulement un mois, elles auraient semblé absurdes. Ce sont les seules qui comptent, désormais. Il est permis, à nouveau, d'espérer.
 

Mahmoud Hussein, 
politologue et islamologue





ÉGYPTE - L'opposant El Baradei prêt à "mener la transition" politique

L'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohammed El Baradei, sur le point de prendre l'avion avant de rentrer en Égypte © Ronald Zak / AP/Sipa

Le Prix Nobel de la paix, en séjour à l'étranger ces dernières semaines, sera de retour jeudi soir dans son pays.


L'opposant Mohamed El Baradei a déclaré jeudi à Vienne être prêt à mener la transition politique en Égypte, théâtre de manifestations sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak, si la population lui demandait. "Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrai pas", a déclaré Mohamed El Baradei devant des journalistes à l'aéroport de Vienne, avant de prendre un avion qui devait le ramener en Égypte dans la soirée.

Son retour est motivé par sa volonté de s'assurer que "tout se passe de manière pacifique et régulière", a-t-il ajouté. L'opposant égyptien, Prix Nobel de la paix, veut participer à de nouvelles manifestations prévues vendredi. "Ma priorité immédiate est de voir une nouvelle Égypte et de voir cette nouvelle Égypte (naître) grâce à une transition pacifique", a encore déclaré Mohamed El Baradei. "J'appelle de nouveau le régime à comprendre qu'il ferait mieux d'écouter, de ne pas utiliser la violence et de comprendre que le changement doit arriver, il n'y a pas d'autre option", a ajouté l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les manifestations en Égypte ont fait six morts et provoqué un millier d'arrestations depuis mardi. Elles sont les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 de Hosni Moubarak, 82 ans, objet de critiques pour n'avoir jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans. Mohamed El Baradei, 68 ans, ne dispose pas d'un parti reconnu, mais il a formé un mouvement, l'Association nationale pour le changement, qui plaide pour des réformes démocratiques et sociales et soutient les manifestations. Mohamed ElBaradei est la plus connue des personnalités d'opposition à soutenir publiquement 
 
 
 
 

Deuxième jour de black-out sur les communications en Egypte

Suez coupée du monde : d'après de nombreux témoignages publiés sur Internet, la ville, qui a été le théâtre de violents affrontements entre police et manifestants hier, n'a plus accès à Internet ni au réseau téléphonique. Mercredi, les réseaux sociaux Facebook et Twitter étaient largement inaccessibles dans l'ensemble de l'Egypte. Twitter a confirmé que l'ensemble de ses services étaient bloqués mercredi, tandis que Facebook affirmait ne pas avoir noté de modification sensible du trafic en provenance d'Egypte. D'après de nombreux témoignages, les deux réseaux ont été inaccessibles par intermittence depuis hier.

Contrairement à la Tunisie du gouvernement Ben Ali, l'Egypte n'avait jusqu'alors jamais pratiqué le blocage à grande échelle de sites ou de services. Les autorités égyptiennes s'étaient cependant donné les moyens de surveiller les réseaux et de les bloquer en cas d'urgence : dans un pays où une grande partie des internautes utilisent les cybercafés ou les connexions Wi-Fi prépayées, il est obligatoire de fournir une adresse e-mail valide pour recevoir ses identifiants de connexion Wi-Fi.

L'opérateur national public Telecom Egypt contrôle la majorité des abonnements à la téléphonie fixe. A Suez, l'ensemble des lignes fixes ont été coupées, rapportent de nombreux témoins. Les réseaux mobiles ont également été bloqués, mais le réseau de l'opérateur Vodafone semble fonctionner par intermittence, selon des utilisateurs.


mardi 25 janvier 2011

Les internautes égyptiens veulent faire leur "révolution Facebook"

Comme en Tunisie, Facebook et Twitter ont servi de vecteurs aux manifestations qui rassemblent quelque 15 000 personnes dans les rues du Caire, la capitale égyptienne, où un important dispositif policier a été mis en place.


Répondant à l'appel de plusieurs mouvements d'opposition qui s'inspirent du soulèvement tunisien, des milliers de manifestants clamant des slogans hostiles au pouvoir ont commencé à défiler en début après-midi dans plusieurs villes d'Égypte. Entre 20 000 et 30 000 policiers sont déployés dans les rues du Caire, la capitale, où des gaz lacrymogènes ont été tirés contre les manifestants. Le rassemblement a un peu reculé mais ne s'est pas dispersé. En retour, la police a essuyé quelques jets de pierres, a constaté un journaliste de l'AFP.

Depuis plusieurs jours, les quelque 17 millions d’internautes égyptiens se préparent à ces manifestations. Les réseaux sociaux ont été massivement mis à contribution. Sur Twitter et Facebook, qui regroupe à lui seul 5 millions d'utilisateurs égyptiens, les messages s’enchaînent à un rythme effréné.

Difficile de ne pas faire le parallèle avec la situation en Tunisie, que d’aucuns ont rapidement surnommé "la première révolution Facebook". Mais le président égyptien, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans, doit-il réellement craindre un scénario à la tunisienne ?

Twitter bloqué ?

Les autorités auraient en tout cas décidé, mardi, d’éviter tout débordement numérique. Selon le correspondant de France 24 au Caire, Tamer Ezzdine, les réseaux mobiles sont fortement perturbés dans le pays. D’autres affirment même qu’il n’est plus possible d’accéder à Twitter. Le blog technologique américain TechCrunch liste ainsi, mardi, plusieurs messages postés sur le célèbre site de microblogging faisant état de l’impossibilité d’accéder à Twitter.

Dans les jours qui ont précédé les manifestations, les réseaux sociaux avaient fonctionné à plein régime. "Cher peuple tunisien, le soleil de la révolution ne va pas s’éclipser", peut-on lire sur la page Facebook du groupe égyptien "25 janvier : la révolution de la liberté", qui compte près de 400 000 fans pour qui ce mardi revêt une importance particulière. Le 25 janvier est en effet le "jour de la police", célébration qui se tient chaque année en mémoire du soulèvement des forces de l'ordre contre les Britanniques, en 1952.

Des internautes appellent d’ailleurs les policiers à se joindre aux manifestants pour exprimer leur ras-le-bol du régime égyptien. Un autre groupe, baptisé "Jour de la révolution", se targue d'avoir mobilisé plus de 80 000 Égyptiens se disant prêts à descendre ce mardi dans les rues du Caire, la capitale.

Prudence

Sur Twitter, il est difficile de suivre le fil, tant les "gazouillis" se succèdent rapidement. Des icônes, mettant en avant la date du 25 janvier, viennent orner les comptes des utilisateurs du célèbre réseau de micro-blogging. #Jan25 demeure le mot-clé (ou "hashtag") le plus utilisé par les Égyptiens s’échangeant des informations sur l’organisation des rassemblements, dénonceant le régime ou encore appelant… à la prudence.

Aussi remontés soient-ils, les cyber-manifestants craignent que les forces de l'ordre ne répriment durement le mouvement de contestation. "Pour éviter les chocs électriques, mettez plusieurs couches de vêtements, notamment en laine", conseille ainsi Lobna Darwish, qui se présente sur Twitter comme une Égyptienne habitant en Californie. Sur Facebook, des conseils de survie circulent également. On y apprend comment réagir en cas de tabassage par les forces de l’ordre ou encore quels sont les réflexes à avoir lorsqu’on est embarqué dans une voiture de police.

"À qui profite la révolution ?"

Prudence encore, mais cette fois-ci à l’égard de ceux qui appellent à manifester. "Je suis une jeune Égyptienne et je ne comprends pas ce que vous voulez avec cette révolution, à qui va-t-elle profiter ?", peut-on lire sur le mur du groupe Facebook "Révolution égyptienne blanche", qui soupçonne une tentative de récupération de l'opposition.

Car, contrairement à la Tunisie, les religieux semblent davantage engagés dans le mouvement égyptiens. Sur le mur du groupe "Plus de silence après cette journée", le Coran est cité à maintes reprises. Sur cette page, on retrouve même un lien vers un communiqué d'une organisation appelée Mouvement salafiste pour les réformes et qui soutient les manifestations.



L’OMS veut bannir des écoles les aliments trop sucrés ou trop gras

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié vendredi une série de recommandations visant à bannir des écoles la commercialisation des aliments riches en graisses, en sucres ou en sel, sources d’obésité.

 


Ces douze recommandations ont été publiées en vue de la première réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, en septembre, qui portera sur la prévention et la lutte contre les maladies non transmissibles, a expliqué un responsable de l’OMS, Tim Armstrong, lors d’une conférence de presse. 

Elles ont été lancées suite à une initiative de la Norvège qui entend durcir sa politique contre la commercialisation de ces aliments dans les écoles notamment, a expliqué le responsable du département de la santé, Bjorn-Inge Larse. 

Dans ses recommandations non contraignantes, l’OMS estime que « les lieux accueillant des rassemblements d’enfants devraient être à l’abri de toutes formes de commercialisation d’aliments à haute teneur en graisses saturées, en acides gras, en sucres libres ou en sel ».
« Ces lieux comprennent notamment, mais pas exclusivement, les crèches, les écoles, les cours de récréation et les centres d’accueil préscolaire, les terrains de jeux, les dispensaires recevant des familles et des enfants et les services de pédiatrie », poursuit l’organisation qui a son siège à Genève. 

L’OMS considère que ces produits trop riches ne devraient également pas être autorisés dans des lieux où les enfants ont des activités sportives ou culturelles. 

« Les enfants, partout dans le monde, sont exposés au marketing des aliments riches en graisses, sucres ou sels, ce qui augmente le potentiel des jeunes générations à développer des maladies » liées à l’obésité, déplore l’OMS dans un communiqué. 

Selon l’agence onusienne, les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète sont à l’origine de 35 millions de décès par an, dont 80 % se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. 

Quelque 43 millions d’enfants non encore scolarisés dans le monde sont obèses ou souffrent de surpoids.



Nouvelles manifestations contre le gouvernement en Jordanie

Une manifestation à Amman. 

AMMAN, Jordanie (AP) — Des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans plusieurs villes de Jordanie pour exiger la démission du gouvernement, des mesures contre la vie chère et plus d'ouverture démocratique dans le pays.

Imitant l'exemple du mouvement de protestation en Tunisie, les Jordaniens manifestent depuis une semaine pour plus de démocratie et de pouvoir d'achat. Vendredi, ils étaient plusieurs milliers dans les rues de la capitale Amman, ou encore à Irbid (nord), dans le cadre d'une journée d'actions baptisée "Journée de la rage" par les organisateurs.

Ces derniers rassemblent divers mouvements d'opposition, parmi lesquels les Frères musulmans, et des syndicats. Ils ont indiqué qu'ils maintiendraient la pression jusqu'à obtenir la chute du Premier ministre Samir Rifai et de son gouvernement.

Inquiet de la colère de la rue, le gouvernement jordanien a pris des mesures pour tenter d'apaiser la situation, en annonçant notamment des subventions de 125 millions de dollars (91 millions d'euros) sur les produits alimentaires de base et le carburant, et une augmentation surprise pour les fonctionnaires.
L'opposition dénonce des effets d'annonce et exige que les Jordaniens élisent eux-mêmes leur Premier ministre, aujourd'hui nommé par le roi Abdallah II. Actuellement en Jordanie, seuls les députés de la chambre basse du Parlement, ainsi que les maires et conseils municipaux, sont élus au suffrage universel.

Allié des Etats-Unis dans la région, Abdallah II a accédé au trône en 1999, s'engageant à faire du royaume un modèle de démocratie dans le monde musulman. Les réformes se sont toutefois avérées lentes, officiellement pour limiter l'influence islamiste dans la région.


Manifestation réprimée samedi à Alger : 42 blessés selon l'opposition


Les partisans du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) parti laïque d'opposition algérienne, se sont dispersés dans le calme samedi après-midi après avoir été empêchés durant de longues heures, de marcher vers le Parlement, par un important dispositif policier. Les manifestants étaient bloqués devant le siège du parti, rue Didouche Mourad, en plein coeur d'Alger.

Cette marche interdite par les autorités s'est soldée par quarante-deux blessés dont deux grièvement touchés, selon le RCD. Sept policiers ont également été blessés, dont deux sont dans un état grave, lors de heurts avec des partisans du RCD, selon l'agence de presse officielle APS. 

«On a décidé de lever la protestation et se préparer pour les prochaines manifestations. De plus le pouvoir a envoyé des provocateurs qui scandait le nom de Bouteflika», a déclaré un député du RCD.

Peu avant la fin de la manifestation, un trentaine de jeunes ont improvisé une contre-manifestation en face du siège du RCD en criant «Bouteflika, Bouteflika» et en scandant des slogans hostiles au président de ce parti, Saïd Sadi.

Selon des témoignages recueillis au téléphone, cette marche pour le démocratie a été rendue impossible en raison du quadrillage policier. En prévision de cette marche interdite par le pouvoir, d'impressionnants effectifs de police ont été déployés dans toutes les artères de la capitale, et les forces de l'ordre ont notamment encerclé le siège du RCD.

«Plusieurs hélicoptères de la police survolent actuellement le ciel d'Alger, on se croirait en temps de guerre», témoignait au Parisien.fr un étudiant bloqué dans le centre-ville. Une habitante du quartier de Bab El Oued jointe par leParisien.fr a expliqué que sa zone était encore «calme» mais que la tension montait dans le centre-ville, où «la police est omniprésente».

L'AFP a été témoin de plusieurs arrestations musclées, surtout des jeunes. L'un d'eux a été traîné par cinq hommes en civil dans la rue vers l'entrée d'un immeuble, où il lui ont passé les menottes. Arezki Aïter, le député RCD de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, a été interpellé puis relâché une heure plus tard, selon son parti.

«On ne peut pas mener de lutte pacifique quand on est assiégé»

Dès le début de la matinée, quelque 300 personnes s'étaient retrouvées bloquées par des centaines de membres des forces de l'ordre, casqués et équipés de matraques, boucliers et gaz lacrymogène, devant le siège du RCD sur l'avenue historique de Didouche Mourad, les Champs Elysées algériens. Les manifestants devaient gagner la place du 1er mai dans le centre, et marcher en direction de l'Assemblée nationale populaire, le Parlement, sur le front de mer.

«Je suis prisonnier dans le siège du parti», a déclaré Saïd Sadi, leader du RCD, par haut-parleur depuis le premier étage de l'immeuble. «Je ne peux pas partir d'ici», a-t-il affirmé aux manifestants et dizaines de journalistes présents. «On ne peut pas mener de lutte pacifique quand ont est assiégé», a-t-il clamé. Dans la rue, ses partisans brandissant le drapeau national et celui de la Tunisie voisine, où la population a renversé il y a une semaine la dictature de Ben Ali, criaient: «Etat assassin», «Jazaïr Hourra, Jazaïr Democratiya» («Algérie libre, Algérie démocratique»). Entre les chants patriotiques, on pouvait aussi entendre en français «le pouvoir, y'en a marre» et lire une pancarte appelant à «la dissolution des instances élues».

Les autorités ont quadrillé la capitale

Dès vendredi soir, les autorités avaient fait quadriller la capitale. En milieu de nuit, des dizaines de véhicules blindés étaient en position dans le vieux centre historique. Des barrages ont aussi été érigés à l'entrée est de la ville et au moins trois bus transportant des manifestants de Kabylie ont été bloqués dès vendredi soir, selon des témoins cité par le quotidien El-Watan, mais déterminés «à continuer à pied». Sur la place de la Concorde, dans le centre, des dizaines de véhicules blindés étaient stationnés et des centaines de membres de la protection civile et de la police étaient postés. Devant le palais présidentiel, sur les hauteurs d'Alger, une douzaine de véhicules blindés armés de canons à eau veillaient également.

Le RCD avait décidé de maintenir cette manifestation pour la démocratie malgré l'interdiction du gouvernement, qui craint de voire la situation dégénérer comme en Tunisie. L'Algérie a déja vécu au début de janvier cinq jours d'émeutes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. 
 
 
 
 

Musulmans dans l’armée américaine : un imam raconte

Un soldat Américain en Afghanistan

New York - France USA Media.

Le capitaine James Yee fut l’un des imams les plus respectés de l’armée américaine. Né sur le sol américain, d’origine chinoise, il s’était converti à l’Islam en 1991, à sa sortie de West Point. Mais après le 11 septembre, sa vie a basculé. En 2003, victime de l’islamophobie ambiante, il a été accusé à tort d’espionnage pour le compte d’Al-Qaeda alors qu’il officiait à Guantanamo. Les chefs d’inculpation ont tous été abandonnés en 2004 après la mobilisation d’un comité de soutien. Malgré cela, Yee attend toujours des excuses officielles de l’armée.

Alors que devait débuter cette semaine le procès du major Nidal Malik Hasan, auteur du massacre de Fort Hood (13 morts) en novembre 2009 - il a été reporté à l’automne - Yee revient pour France USA Media sur le sens d’être musulman dans l’armée américaine.


Qu’avez-vous ressenti au moment de la tuerie de Fort Hood ?

Rien ne peut justifier les actes du major Hasan. Cependant, des témoignages de proches indiquent qu’il aurait été victime de discrimination et d’harcèlement à cause de sa religion. Sa hiérarchie était au courant. Je crois donc que l’armée américaine doit répondre à beaucoup de questions, notamment pourquoi elle ne s’est pas attaquée au problème tout de suite.

En tant qu’imam dans l’armée, vous avez rencontré, écouté et conseillé de nombreux soldats musulmans. Vous parlaient-ils d’éventuels mauvais traitements?

Tous les musulmans dans les rangs ont été victimes à un moment ou l’autre d’harcèlement et de discrimination. Pour ma part, lorsque j’ai suivi la formation pour devenir imam dans l’armée, beaucoup d’autres religieux, chrétiens, me disaient que j’irai en enfer. Sur le papier, l’armée américaine prône le pluralisme. Mais lorsque j’ai vu ces prêtres là, des hommes de foi, réagir comme cela, j’ai tout de suite déchanté.

Nous sommes appelés « ennemis », notre loyauté au drapeau est remise en cause… C’était particulièrement vrai après le 11 septembre. Et ce, alors que des militaires musulmans meurent tous les jours en Irak et en Afghanistan. Ce sacrifice ultime n’est pas reconnu, ni par l’armée ni par les politiques. Seul Colin Powell, interviewé sur MSNBC (chaine de TV américaine) lorsqu’il était secrétaire d’Etat, a montré de la compassion quand il s’est ému devant la photo d’un militaire américain musulman mort sur le champ de bataille.

Après le 11 septembre, vous vous êtes adressé à des bataillons entiers pour parler d’Islam. Qu’avez-vous appris sur la perception que les non-musulmans ont de votre religion?

Je pense que beaucoup sont ressortis de ces réunions avec une meilleure compréhension de l’Islam. Mais c’est une goutte d’eau dans un océan. Il faut un effort massif pour éduquer les militaires et les membres du gouvernement sur ce qu’est l’Islam. Je pense que la plupart des problèmes des Etats-Unis en Irak s’expliquent par une certaine méconnaissance du peuple et de sa culture. Les actions de l’armée américaine y seraient sans doute mieux comprises si un effort comme celui-ci pouvait être entrepris.

Pensez-vous que les nouvelles recrues musulmanes, dont l’armée à tant besoin dans sa guerre contre le terrorisme islamique, connaissent cette réalité en s’engageant ?

Pour ma part, avant de me convertir à l’Islam et de m’engager, je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je savais qu’on allait me regarder de travers mais je n’ai jamais pensé être arrêté, accusé d’espionnage, enfermé et peut-être exécuté ! Mon conseil aux futures recrues musulmanes de l’armée serait de se renseigner sur les défis que pose l’identité musulmane dans l’armée américaine. Surtout qu’il est difficile de sortir des rangs une fois dedans. Dans le cas du Major Hasan, il semblerait qu’il ait voulu en sortir. On a vu ce qu’il s’est passé.

Pourtant, l’armée fait beaucoup pour mettre ses éléments musulmans à l’aise, notamment en leur créant des lieux de culte et en aménageant des horaires pour leurs prières. N’est-ce pas assez ?

L’armée a fait des efforts pour recruter des musulmans et des arabes mais je ne pense pas qu’elle ait fait quoi que ce soit pour les mettre à l’aise. C’est pour ca que les imams musulmans sont aussi importants dans l’armée : ils préservent les traditions religieuses et protègent les droits des militaires. Le problème majeur réside dans ceux qui, à l’intérieur de l’armée, tiennent la rhétorique de la Croisade. Ça doit cesser !

Que préconisez-vous ?

Il faut qu’il y ait une politique de « tolérance zéro » contre ceux qui pratiquent la discrimination contre les musulmans. Lorsque la fusillade de Fort Hood a éclaté, le Président Obama a dit aux Américains de ne pas faire d’amalgame. C’est bien, mais il aurait du dire qu’aucun écart contre les musulmans ne serait toléré. Je pense aussi que les procédures de traitement des plaintes de l’armée doivent être révisées. Beaucoup de ces plaintes, pas seulement celles provenant de musulmans, ne sont pas prises au sérieux. Le plaignant devient au contraire l’homme à abattre car il sème le trouble. L’armée veut conserver sont soi-disant honneur, elle ne veut pas que les problèmes s’ébruitent. Ils ne sont donc pas traités comme ils devraient l’être.

James Yee est l’auteur de For God and Country: Faith and Patriotism Under Fire




Un Nicolas Sarkozy bien trop ambitieux

Le 24 janvier, le président français a dévoilé ses priorités pour la présidence du G8 et du G20 qu'il assume en 2011. Le quotidien suisse Le Temps craint que ses promesses ne soient trop belles pour être honnêtes.
 

La feuille de route de Nicolas Sarkozy pour son année de présidence du G20 est très ambitieuse. Le président français offre la vision d'un monde plus responsable, plus solidaire et où les lois du marché ne règlent pas tout. Si au terme de son mandat en décembre, il parvient à lancer quelques-uns des chantiers, ce sera une réussite. Rien que convoquer une réunion au sommet en mars en Chine pour discuter de la guerre des monnaies est déjà un beau tour de force. Nous savons que les grands changements prennent plus de temps que la période d'un mandat pour se concrétiser.
 
Mais force est de constater que le président français se berce de beaucoup d'illusions. Comment va-t-il convaincre les pays émergents de ne pas constituer des réserves en échange d'une promesse d'aide au cas où ils auraient des difficultés? Que va-t-il faire pour convaincre la Chine, l'Inde et Brésil et les autres qu'il faudra donner plus de pouvoir au FMI alors même que de vieilles promesses de démocratiser l'institution ne sont pas encore réalisées? Comment va-t-il s'y prendre pour convaincre les Etats d'instaurer une taxe sur les transactions financières, une idée que le G7 rabâche depuis plusieurs années? S'il s'inspire de la taxe sur les billets d'avion pour financer l'aide aux pays pauvres, un projet quasi mort-né cher à Jacques Chirac, il n'ira pas loin.
 
Dans son propre pays, Nicolas Sarkozy a créé une crise d'espérance. Parce que certaines de ses promesses sont intenables. Il ne faut pas que le président français se mette aussi à créer de faux espoirs au-delà de l'Hexagone. 

Ram Etwareea
 
 
 
 

Berlusconi, héros d'un feuilleton porno planétaire

Le énième scandale sexuel impliquant le président du Conseil italien est largement commenté dans la presse internationale. A commencer par la presse anglo-saxonne qui se régale de ce "Rubygate" plein de rebondissements. 


 Silvio peut-il survivre encore une fois ?" s'interroge le Daily Telegraph dans son édition dominicale qui consacre une page entière au Rubygate - du nom de la jeune Marocaine, Ruby, par qui a éclaté un nouveau scandale sexuel impliquant Berlusconi. Comparant le président du Conseil italien à un "sultan qui préside un harem", le quotidien conservateur détaille les "soirées" dans sa villa d'Arcore, entouré de show girls et de jeunes top model déguisées en infirmière ou en policière… A l'image de Sunday Telegraph, la presse anglo-saxonne s'intéresse de près aux déboires  du président du Conseil italien. "Les interceptions téléphoniques révèlent des orgies choquantes organisées par Berlusconi lui même", écrit le Sunday Times dans un article intitulé "The bunga bunga files" (le dossier bunga bunga). 

Car il faut bien avouer qu'avec son lot de révélations plus scabreuses ou ridicules (c'est selon) les unes que les autres, l'affaire s'est muée en un feuilleton porno dont la presse fait ses choux gras. Au point qu'un autre journal anglais du dimanche, The Observer, est allé jusqu'à demander son avis sur le sujet à la star du porno Rocco Siffredi. "La vérité, dit-il, c'est que les Italiens sont fiers de quelqu'un comme Berlusconi, qui, à 74 ans, aime le sexe et a une vie sexuelle bien remplie". Estimant qu'ils ont tous les deux "beaucoup de choses en commun", Siffredi confie encore que Berlusconi aurait dit un jour souffrir du même problème que lui : le priapisme.  Et alors que le Financial Times, dans un éditorial, appelle à la démission de Silvio Berlusconi, le quotidien espagnol El País résume bien la situation : "la dégradation de la vie politique italienne est arrivée à de telles extrêmes que ni les revers judiciaires, ni les scandales ne semblent menacer le parcours du président du Conseil, tandis que le reste du monde contemple [la situation] avec stupéfaction". 


C'est aussi avec une certaine stupéfaction qu'outre-Atlantique, on observe la situation. Le New York Times a publié, le 24 janvier, une longue et stimulante analyse sur le sujet. Selon Rachel Donadio, la correspondante du quotidien à Rome, cette énième affaire est surtout marquée par des révélations contradictoires, à commencer par celles de la désormais célèbre Ruby. A-t-elle été reçue 7 000 euros pour avoir passé une soirée avec Berlusconi ? A-t-il payé 5 millions d'euros pour acheter son silence ? Savait-il qu'elle était mineure ? Impossible à savoir. Dans une récente interview à la télévision, la jeune femme a démenti la plupart de ses précédentes allégations. De même, après avoir raconté qu'elle avait été violée par son oncle à l'âge de 9 ans, elle a avoué qu'elle s'était "inventé une vie parallèle". "Au cœur de cette tragicomédie surréaliste et très italienne, faits réel et fiction, réalité et téléréalité se confondent -  dans un pays où les frontières entre apparence et  réalité ont toujours été floues.", écrit Rachel Donadio.

Mais le premier à avoir brouillé les frontières entre réalité et fiction n'est autre que Silvio Berlusconi lui-même. Poussant jusqu'à l'extrême la logique de la personnalisation du pouvoir, l'ancien magnat de télévision est devenu le héros de son propre soap opera, de sa propre tragédie. Aussi, analyse Rachel Donadio, "Berlusconi apparaît de moins en moins comme le leader d'une démocratie ouest-européenne et toujours plus comme un personnage de théâtre de la fin de l'Empire romain". Quelques jours après que le scandale a éclaté, président du Conseil italien a riposté via une vidéo dans laquelle il s'adresse à tous les Italiens. Il y accusait les magistrats d'avoir violé la Constitution et disait : "Je suis serein et vous devez être sereins aussi, car la vérité gagne toujours". "Pour ce qui est de cette réalité, il va juste falloir changer de chaîne", conclut le New York Times. 


lundi 24 janvier 2011

Une simulation de catastrophe aérienne

 Sécurité Aéroportuaire . Un feu s’est déclenché le 10 janvier dans l’aile gauche d’un avion de « X Airways » suite à sa collision avec un pont mouvant à l’aéroport du Caire.


Les passagers de l’aéroport du Caire ont eu des frayeurs le lundi 10 janvier, à midi, en voyant débouler à vive allure des ambulances, des fourgons-pompes et des camions-citernes de la protection civile de la direction de l’aéroport. Des panaches de fumée noire se sont élevées dans le ciel du terminal 2 à quelques dizaines de mètres seulement des pistes de l’aéroport suite à l’atterrissage du vol (000). Les causes de l’incendie sont déjà déterminées. En phase d’atterrissage, l’Airbus 320 de « X Airways », avec à son bord 70 passagers, est entré en collision avec le pont mouvant qui amène les passagers à l’intérieur du terminal. L’aile gauche a pris feu. Bilan : 5 morts et 40 blessés. Tous ont été pris en charge par le service médical de l’aéroport et de l’hôpital d’Egyptair à proximité de l’aéroport. Ne vous inquiétez pas. L’accident signalé était un simple exercice de simulation d’un accident d’avion. « C’était un exercice planifié pour tester notre capacité de répondre aux urgences », a déclaré le pilote Mohamad Elsheshaie, vice-président de la Compagnie de l’aéroport du Caire. 
 
En fait, l’aéroport du Caire venait de lancer une manœuvre de simulation d’intervention pour un accident aérien virtuel. Il était en effet question de prouver la compétence du dispositif de secours dans ce cas précis d’un accident de collision au sol. 

L’exercice qui a duré une heure a mobilisé plusieurs équipes pour l’extinction des incendies, cas de figure compris dans la simulation, et d’autres équipes pour le sauvetage. Un comité directeur des opérations d’urgence, composé des représentants de tous les secteurs concernés (sécurité aérienne, assistance en escale, ministère de la Santé ...), a été par ailleurs positionné au niveau de la tour de contrôle de l’aéroport, pour superviser la mise en œuvre du plan de sauvetage. « L’ensemble des services de secours de la capitale étaient mobilisés pour l’occasion. Objectif : tester en temps réel la réaction de nombreux acteurs des services d’urgence et être en mesure d’améliorer le dispositif de secours. Le bilan est plutôt positif », estime le pilote Mohamad Elsheshaie. L’exercice a eu lieu sur le site du terminal 2 (en cours de réaménagement) de l’aéroport du Caire. Un représentant de l’Organisation internationale de l’aviation civile (ICAO) a suivi la simulation. 
 
Le plus de réalisme possible
 
Le scénario est précis. A midi, un message d’alerte va être lancé par la tour de contrôle de l’aéroport : un A320 rempli de passagers a pris feu. Pour accroître le réalisme des opérations de secours, les pompiers arrivent sur place et s’attaquent aux flammes pour stopper l’incendie et les 70 passagers ainsi que les membres d’équipage sont évacués. Des corps épars jonchent le site. Plusieurs postes de commandement seront installés sur place, en préfecture, dans la tour de contrôle, etc. Les spécialistes dénombrent les passagers et identifient les victimes. Sont déployés sur place une dizaine d’ambulances ainsi qu’un poste médical avancé et un poste de commandement. Les médecins commencent à recenser les victimes. Bonne surprise, il y a des survivants. Le processus doit être mené de A à Z. 
 
Cet important exercice de simulation d’accident majeur a lieu tous les deux ans à l’aéroport du Caire. « Cet exercice a été planifié plusieurs mois auparavant. L’exercice a prévu un scénario détaillé de catastrophe avec des proportions prédéfinies de traumatismes et de dégâts et un nombre précis de victimes ou de blessés », explique Abdel-Hamid Eid, président de la compagnie nationale Egyptair Ground Services, chargée de toute assistance en escale dans les aéroports égyptiens, tout en appuyant que sa compagnie a redoublé d’efforts pour les contrôles ces derniers mois. 

D’ailleurs, les mesures de sécurité se sont renforcées dans les aéroports égyptiens suite à l’attentat perpétré dans la nuit du Nouvel An contre une église à Alexandrie.

Les autorités égyptiennes ont pris des mesures de sécurité supplémentaires, surtout dans l’aéroport du Caire qui accueille plus de 40 % de passagers à destination ou au départ d’Egypte. Dans une déclaration, le ministre égyptien de l’Aviation civile, le général Ahmad Chafiq, a souligné l’importance du renforcement des mesures de sécurité aérienne, vu l’importance de ce secteur. « D’importantes mesures de sécurité ont été mises en place afin de protéger les aéroports égyptiens de tous genres de catastrophes. La surveillance des aéroports a également été renforcée par la présence policière aux postes de contrôle. Les congés de nombreuses personnes ont été annulés », indique-t-il. 
 
C’est vrai que tout le monde a joué parfaitement son rôle dans cette simulation d’accident, surtout les passagers qui étaient des soldats de la sécurité publique, mais espérons qu’au cas d’un vrai accident, la réaction sera rapide.


Amira Samir
 
 
 

 

Egypte : L’interminable calvaire

Accidents Routiers . Ils font de plus en plus de victimes. 45 personnes sont mortes cette semaine dans des collisions dans les gouvernorats de Charqiya, Minya, Béni-Soueif et Kafr Al-Cheikh. Les causes sont les mêmes. Manque de respect du code de la route, négligence et des routes en piteux état. 


45 morts et 88 blessés. C’est le déplorable bilan de 5 accidents de la route survenus cette semaine sur les autoroutes égyptiennes. Le 11 janvier, une camionnette transportant du sable entre en collision avec une voiture et un minibus sur la route de Anchas, au gouvernorat de Charqiya. Le bilan est tragique : 24 morts et 13 blessés. Le deuxième accident s’est produit lorsqu’une camionnette transportant des enfants a tenté de dépasser deux camions en dépit du brouillard. Quatre véhicules sont entrés en collision, provoquant la mort de 12 enfants et faisant 20 blessés. Le lendemain, 9 personnes ont encore trouvé la mort et 60 autres ont été blessées dans 3 accidents survenus dans les gouvernorats de Minya, Béni-Soueif et Kafr Al-Cheikh. Les conducteurs ont été arrêtés et accusés d’homicide involontaire. S’agit-il d’une nouvelle série noire ?
 
Depuis quelques années, les accidents de la route se multiplient en Egypte. Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu 27 800 accidents en 2010 qui ont fait en tout 6 794 morts. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Egypte est l’un des pays qui ont connu une évolution importante dans le nombre de décès dus aux accidents de la route. Le nombre de décès pourrait atteindre les 12 000 personnes d’ici quelques années selon les prévisions de l’organisation. « Les responsables ne réagissent plus pour sauver les citoyens », lance Medhat Al-Chazli, urbaniste. Il explique que les routes et les autoroutes sont mal organisées et en mauvais état. « Elles ne sont pas conformes aux normes internationales. Il y a celles qui ne sont pas asphaltées, celles qui sont trop étroites et sans séparation entre les voies opposées. La signalisation reste généralement insuffisante, sans compter la défaillance dans le système de détection des infractions », énumère Al-Chazli. Selon lui, une des solutions qui pourraient réduire le nombre des accidents est de consacrer des voies spéciales aux camions. En effet, 97 % des marchandises sont transportées par la route. Une idée a été déjà appliquée sur l’autoroute entre Le Caire et Al-Aïn Al-Sokhna, réduisant ainsi le nombre d’accidents.

Toujours plus de morts
 
Ces accidents prennent une toute autre tournure lorsque les victimes sont des touristes. En décembre dernier, 8 Américains sont morts et 21 autres ont été blessés alors qu’ils se rendaient vers les temples d’Abou-Simbel, dans le sud de l’Egypte. Leur bus a percuté un camion chargé de sable qui se trouvait sur le bord de la route. Là encore les responsabilités sont multiples, entre faute d’inattention et mauvais état des routes. 

Le ministre adjoint du Tourisme, Hicham Zaezoue, a réclamé un développement rapide des réseaux routiers. « La répétition des accidents routiers menant à ces sites a les mêmes effets négatifs sur le tourisme que les attentats terroristes », a-t-il déclaré à la presse. Environ 15 millions de touristes visitent l’Egypte annuellement, ce qui représente un revenu estimé à 13 milliards de dollars. Dans ce contexte, le ministre du Tourisme a pris certaines décisions dans une tentative de remédier au phénomène. Un comité formé d’experts en tourisme et en transport sera créé dans le but d’étudier des solutions pour réduire le nombre d’accidents routiers. D’autre part, 150 millions de L.E. seront allouées pour la création d’un institut pour la formation des conducteurs de bus touristiques. Sur un autre plan, le ministre a décidé que les agences touristiques supporteraient dorénavant tous les frais de traitement liés aux frais d’hospitalisation des touristes victimes d’accidents de la route. Ces agences devront, entre autres, assumer les responsabilités juridiques et criminelles des accidents survenus avec les bus affrétés pour leur compte. Des solutions peu prometteuses quand il semble évident que la majorité des accidents est due au non-respect du code de la route et à la dangerosité de certaines autoroutes.

La commission des transports au Conseil consultatif a tenu cette semaine une réunion exceptionnelle lors de laquelle elle a appelé à une campagne médiatique pour sensibiliser les conducteurs au respect des règles de conduite et du code de la route. La commission a aussi soulevé la question de l’erreur humaine, responsable de 68 % des accidents en 2009, selon les chiffres de l’Organisme central de la mobilisation générale et des statistiques. « La solution est d’appliquer un système de points qui comprend la répartition de 100 points par conducteur et par an. Ces points diminueront en fonction de la gravité des infractions. Après un an, il est possible de renouveler ou non le permis de conduire », propose la commission dans son rapport, tout en réclamant la formation d’une école privée pour donner des cours de formation aux conducteurs contrevenants. 

Si ces nouvelles propositions donnent une lueur d’espoir à certains, le député Ragab Hémeida, du parti Al-Ghad, reste pessimiste. « Toutes ces propositions ne changeront rien. Le vrai problème réside dans le fait que le code de la route n’est pas respecté. Le manque de contrôle sévère de la part des agents chargés de la circulation pousse les conducteurs à le violer », dénonce Hémeida, tout en réclamant un durcissement de la peine de l’homicide involontaire. Il y a quelques années, une nouvelle loi sur la circulation avait été adoptée. Cette loi, qui durcit les peines à l’encontre des automobilistes contrevenants, était censée réduire le nombre des accidents. Mais la loi n’a rien fait et les accidents continuent à se multiplier .


Héba Nasreddine
 
 
 

 

Eurocopter, leader mondial malgré la conjoncture

La filiale d'EADS a livré 49 % des 874 appareils civils l'an dernier. Le deuxième est loin derrière, avec 23 %.


© Penna/Sipa

Le ciel est gris et l'éclaircie se fait attendre pour les hélicoptères qui peinent, plus que les avions commerciaux, à sortir de la crise. Dans ce contexte difficile, Eurocopter tire assez bien son épingle du jeu. Les 527 appareils livrés en 2010, contre 558 l'année précédente, n'impactent pas directement le chiffre d'affaires en très légère hausse à 4,8 milliards d'euros contre 4,6 en 2009. "Ce sont des hélicoptères plus lourds, plus coûteux, souvent militaires qui maintiennent nos résultats, tandis que notre activité de services au client augmente", constate Lutz Bertling.

Le P-DG de cette filiale franco-allemande du groupe EADS pense que cette situation se maintiendra en 2011. Mais le carnet de commandes cumulées s'affiche en légère baisse à 4,3 milliards d'euros contre 5,8 en 2009. L'an dernier, les nouvelles commandes concernaient surtout les hélicoptères moyens et lourds utilisés notamment pour le travail offshore et la prospection pétrolière. Comme les avions d'affaires, les machines légères de liaison et de servitude sont celles qui souffrent le plus et la reprise ne semble pas en vue.

Eurocopter conserve néanmoins sa situation de leader mondial en cumulant les secteurs civil et militaire. La filiale d'EADS a livré 49 % des 874 appareils civils l'an dernier. Le deuxième, l'italien AgustaWestland, est loin derrière avec 23 %. Sikorsky est en tête du marché militaire avec 39 % des 532 machines millésimées 2010 devant Eurocopter 19,5 %.

La Chine débarque sur le marché

La Chine s'éveille à l'hélicoptère. Une circulaire parue l'automne dernier à Pékin ouvre l'espace aérien à basse altitude aux aéronefs privés. Le marché potentiel est immense. Au même moment, en France, le décret Borloo interdit pratiquement l'usage de l'hélicoptère dans les zones à forte densité de population...

Probable vedette du salon du Bourget en juin, le démonstrateur hybride X3, mi-hélicoptère mi-avion, a déjà rempli la première partie de son contrat en montrant qu'il évoluait sans souci comme un hélicoptère classique jusqu'à la vitesse de 330 km/h. Lors de la deuxième phase des essais en vol, il doit montrer qu'il peut se déplacer à une vitesse de croisière de 500 km/h, celle d'un avion d'affaires à turbines. Un autre démonstrateur, le X4, va permettre de finaliser le programme du successeur du Dauphin. Cet hélicoptère polyvalent date des années soixante-dix et avait été acheté notamment par l'US Coast Guard. Troisième défi technologique, le Bluecopter sera un appareil léger, silencieux faisant appel à un moteur diesel. Cette année doit aussi être certifié l'EC175, l'hélicoptère moyen franco-chinois pouvant transporter une douzaine de passagers.

Les négociations pour transférer l'usine de pales en composite de La Courneuve dans un nouvel établissement au Bourget sur l'ancienne base aérienne de Dugny devraient aboutir cette année pour un déménagement prévu en 2013. Sinon, ces huit cents emplois risquent de partir en Allemagne, le site Eurocopter de Marseille-Marignane manque, en effet, de place pour se développer.


Thierry VIGOUREUX
 
 
 
 

Pour nourrir la planète en 2050, il y a déjà urgence


Changer nos habitudes alimentaires, en finir avec le gaspillage des ressources et le gâchis de nourriture, ne pas se priver des technologies nouvelles comme les OGM: un rapport publié lundi par le gouvernement britannique dessine des pistes pour nourrir la planète en 2050.

La population globale devrait atteindre 8 milliards d'individus en 2030 et 9 milliards en 2050, un défi gigantesque alors que l'humanité ne parvient déjà pas à nourrir les 7 milliards existants, rappelle le rapport. 925 millions de personnes ne mangent pas aujourd'hui à leur faim.
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Il n'y a pas de recette miracle, souligne le rapport, qui a fait appel à 400 contributeurs dans 235 pays. Il préconise "un changement drastique du système alimentaire" en tenant compte de toutes les contraintes, comme le changement climatique et la raréfaction des ressources (eau, énergie).

Les nouvelles technologies telles que les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne "doivent pas être exclues a priori", mais leur introduction doit être soumise à une étude rigoureuse de leur impact sur la santé et l'environnement. En outre, les OGM "peuvent changer la relation entre les intérêts commerciaux et les producteurs", reconnaissent les auteurs.

30% de la nourriture est gaspillée

"Le système actuel vit au dessus de ses moyens", soulignent les auteurs: il consomme les ressources naturelles à un rythme supérieur à leur renouvellement, comme le montre l'épuisement des stocks de poissons.

Un des principaux défis sera donc de produire plus de nourriture "sans disposer de beaucoup plus de terres" et en tenant compte de l'épuisement des ressources en eau, des contraintes en énergie, et des effets du changement climatique.

La consommation de viande, coûteuse en terre et en céréales pour les animaux, devrait être limitée. "Difficile mais pas impossible", estiment les auteurs, qui font valoir les bénéfices pour la santé dans les pays riches.

Quelque 30% de la nourriture est perdue (stockage déficient, transport) ou jetée, note le rapport, qui souligne qu'en réduisant de seulement la moitié ce gaspillage, on pourrait réduire le besoin de nourriture à l'horizon 2050 de l'équivalent du quart de la production annuelle aujourd'hui.




Les Egyptiens appelés à manifester mardi, sur le modèle tunisien


LE CAIRE — Plusieurs mouvements d'opposition appellent les Egyptiens, en particulier les jeunes, à manifester mardi, espérant que l'écho du soulèvement tunisien favorisera la mobilisation pour des réformes économiques et un changement politique en Egypte.

Ces manifestations attendues au Caire et en province sont les premières du genre en Egypte depuis la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, à la suite d'une révolte populaire.

Les organisateurs appellent à défiler avec pour slogan "le 25 janvier, je reprends en mains les affaires de mon pays", qui rappelle implicitement ceux des manifestants tunisiens.

Cette initiative coïncide avec la très officielle "Journée de la police", un jour férié à l'occasion duquel les dirigeants multiplient depuis dimanche les éloges aux forces de l'ordre et les engagements à maintenir la stabilité.

L'idée a été lancée par le "Mouvement du 6 avril", un groupe de militants pro-démocratie.

Les organisateurs comptent sur l'effet d'entraînement des événements de Tunisie, très commentés notamment par les jeunes Egyptiens ayant accès aux réseaux sociaux sur internet.

L'opposant Mohamed ElBaradei, ancien haut fonctionnaire international, a exprimé sur sa page Facebook son soutien à "l'appel à manifester contre la répression" et a dénoncé "les menaces d'utiliser la force venant d'un régime qui tremble devant son peuple".

"Si les Tunisiens l'ont fait, les Egyptiens devraient y arriver", a également déclaré au magazine allemand Der Spiegel de lundi l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), interrogé sur une éventuelle contagion à l'Egypte de la "révolution du jasmin" tunisienne.

Son comité de soutien a, dans un communiqué, affirmé que plusieurs de ses partisans avaient été convoqués par les services de sécurité avant ces manifestations. Certains ou des membres de leurs familles auraient fait l'objet d'intimidations, selon un communiqué.

Les manifestations ont reçu l'appui d'autres formations politiques, mais sur un mode relativement prudent.

Les Frères musulmans, à la forte capacité de mobilisation, et le Wafd, premier parti d'opposition laïque, n'ont pas lancé d'appels formels à défiler, mais ont indiqué que leurs jeunes militants pourraient se joindre aux cortèges.

L'Egypte connaît des difficultés économiques et un mécontentement social qui présentent de nombreuses similitudes avec la Tunisie du président Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite après 23 ans de règne.

Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Égypte, rappelant celle d'un jeune Tunisien en décembre qui avait déclenché la révolte.

Sur le plan politique, le régime est dominé depuis près de trente ans par le président Hosni Moubarak, 82 ans, à la santé incertaine. Sa succession est au centre d'une sourde rivalité entre son fils Gamal 47 ans, proche des milieux d'affaires, et la "vieille garde" du pouvoir liée au puissant appareil militaro-sécuritaire.

Le pouvoir a démenti ces derniers jours tout risque de contagion entre la Tunisie et l'Égypte, tout en laissant entendre que, pour calmer l'inquiétude sociale, il ne remettrait pas en cause les subventions aux produits de base.

Plusieurs analystes égyptiens ont aussi mis en exergue ces derniers jours les différences entre les deux pays, notamment le fait que le régime égyptien avait su ménager des marges d'expression pour les médias et l'opposition.

L'armée égyptienne, dont sont issus tous les présidents depuis 1952, est également jugée davantage loyale envers le pouvoir que l'armée tunisienne ne l'était à l'égard du président déchu.