dimanche 6 février 2011

"Le rôle du président Moubarak est toujours important", affirme l'émissaire d'Obama

Réunis ce samedi à Munich pour une conférence internationale sur la sécurité, les ministres et diplomates du monde entier ont à plusieurs reprises évoqué la situation en Egypte.

Il faut soutenir et aider le président Moubarak à conduire la transition dans le pays, a affirmé l'émissaire américain du président Barack Obama en Egypte, Franck Wisner. "Le président Obama souhaite que nous discutions avec respect avec une personne qui est un ami de longue date des Etats-Unis", a-t-il indiqué. M. Wisner, de retour d'Egypte, s'exprimait samedi 5 février devant la Conférence internationale sur la sécurité de Munich. 

"Le rôle du président Moubarak est toujours important. Contrairement à la Tunisie, dont le président a pris la fuite, l'Egypte a toujours son gouvernement et l'autorité de celui-ci est toujours liée à ses forces armées, ce n'est pas le chaos complet", a précisé l'émissaire américain. Plus tard il a ajouté : "le président a œuvré pendant 60 ans pour son pays, c'est lui qui doit montrer le chemin de l'avenir." Le quinquennat de M. Moubarak s'achève légalement en septembre.
La situation dans les pays arabes, et les conditions du changement de régime engagé au Caire, comme à Tunis, ont dominé les échanges des décideurs et diplomates réunis à Munich, samedi. Hillary Clinton, la secrétaire américaine, a insisté sur "une transition bien ordonnée". La veille, à Washington, M. Obama avait souhaité en évoquant le départ du chef de l'Etat égyptien, que celui-ci "prête attention à ce que réclament les gens et (prenne) une décision ordonnée, constructive et sérieuse". Tout en ajoutant : "Je pense que le président Moubarak se soucie de son pays. Il est fier, mais c'est aussi un patriote".

FRÈRES MUSULMANS

Engagement d'un dialogue national avec les forces d'opposition, levée de l'état d'urgence, lancement du processus électoral, mesures de libéralisation économique, telles sont les conditions pour initier une transition réussie en Egypte, ont convenu les décideurs et diplomates occidentaux. "C'est aux Egyptiens de trouver une issue", a encore assuré M. Wisner, comme l'avait fait la veille la chancelière allemande Angela Merkel. "Nous cherchons un consensus, nous ne sommes qu'au début de cette phase ", non exempte de risques de violence, a ajouté M. Wisner. Selon lui, M. Moubarak a fait les premiers gestes nécessaires en indiquant qu'il ne se représenterait pas en septembre et en nommant le vice-président Suleiman. Les démissions des responsables du parti présidentiel, samedi, ont aussi été saluées comme allant dans le bon sens par Washington.

L'ouverture du processus démocratique, qui pourrait donner une place aux Frères Musulmans, inquiète. Les élections pourraient avoir des conséquences dramatiques, s'est ainsi alarmé Uzi Arad, conseiller à la sécurité nationale d'Israël : "une poussée du radicalisme des Frères musulmans, qui sont en train de s'organiser, participent au processus et en profitent ; des phénomènes antidémocratiques de nature anti-occidentale, anti-américaine ; ou l'arrivée sur la scène de tous autres mouvements".

ACCORD DE PAIX

Quelques heures après l'explosion qui a visé un gazoduc au Sinaï, M. Arad s'est aussi inquiété d'une déstabilisation de toute la région : "Nous nous préparons au meilleur comme au pire". La rue égyptienne n'a pas encore fait du conflit israelo-palestinien un sujet de premier plan, et M. Arad assure ne pas craindre que l'accord de paix avec l'Egypte soit remis en cause. "Mais nous devons contribuer à ce que les engagements extérieurs de l'Egypte soient mis à l'ordre du jour", a convenu l'émissaire américain Wisner. "Il n'y a pas de normalité dans cette région (le Proche-Orient) car il n'y a pas de processus de paix qui fonctionne", a souligné dans la matinée de samedi Ahmet Davutoglu, ministre des affaires étrangères turc. "C'est ce dont nous avons besoin : tous ces Etats fragiles doivent avoir une perspective de réconciliation".

Le message émis par les Européens, vendredi 4, est "très important", a pour sa part jugé Javier Solana, l'ancien haut représentant aux affaires étrangères de l'Union européenne : "ce message dit qu'il n'y a pas de retour en arrière possible" en Egypte ou en Tunisie. En avertissant ses interlocuteurs américains : "vous devez comprendre dans quel état sont les forces politiques en Egypte. Elles n'existent plus depuis 50 ans, sauf les Frères musulmans et l'armée, qui jouera un rôle décisif".






Nathalie Guibert
 
 
 
 

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