Le besoin le plus criant pour la Belgique ce n’est pas tant d’avoir un gouvernement que de disposer d’un projet. Réclamer un gouvernement sans en connaître le projet, c’est confondre dangereusement l’objectif et les moyens pour y arriver.
Entre 13 (le nombre de manifestants de la dernière mobilisation citoyenne en décembre dernier), 30 000 (le nombre atteint par la manifestation "pour la Belgique" lors de la crise de 2007) et 300 000 personnes (la Marche Blanche de 1996) entendent venir dire ce dimanche que plus de 220 jours sans gouvernement, cela suffit.
Il faut un gouvernement, certes... mais pour faire quoi ? La Tunisie avait un gouvernement. Ce n'est pas pour cela que le pays était un modèle de démocratie.
Depuis 2007, la Belgique fédérale est en panne de projet. Devant l'inquiétude générale, Guy Verhofstadt avait été rappelé à la rescousse pour constituer un gouvernement coûte que coûte, quitte à ce qu'il n'y ait pas de projet véritable. Le libéral (grand battu des élections) a bricolé à la hâte un gouvernement avant de céder le témoin au grand vainqueur de 2007, Yves Leterme. Celui-ci s'est retrouvé certes avec un gouvernement, mais sans lignes directrices qui restaient à négocier. On a vu ce que cela donné !
C'est le blocage né de 2007 qui a fait le succès de la N-VA qui a pu faire campagne sur ce pays sclérosé qui empêche le développement de la Flandre.
Le 13 juin dernier près d'un électeur flamand sur deux a choisi un parti qui a l'indépendance de la Flandre à son programme alors que côté francophone, tous les partis demandaient à tout le moins un statu quo. Cette réalité s'est imposée aux citoyens parce que c'était celle choisie par les citoyens et qu'en matières politique et électorale, il n'y a pas de citoyen belge mais uniquement des citoyens flamands ou francophones. L'intérêt général n'existe plus dans ce pays depuis que la Belgique est devenue, de fait, l'agrégat politique de plusieurs petites démocraties, depuis que les partis "nationaux" ont disparu (unique au monde !) et que l'on a superposé les niveaux de pouvoir sans prééminence de l'un sur l'autre. Tout cela avec l'assentiment du citoyen-électeur.
Il n'y a pas de gouvernement parce qu'il n'y a plus de projet commun pour la Belgique. Il faut un gouvernement pour diriger l'Etat belge. Mais y a-t-il encore un Etat belge ?
Pas de gouvernement parce qu'il n'y a plus de Belgique ?
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