mardi 25 janvier 2011

Les internautes égyptiens veulent faire leur "révolution Facebook"

Comme en Tunisie, Facebook et Twitter ont servi de vecteurs aux manifestations qui rassemblent quelque 15 000 personnes dans les rues du Caire, la capitale égyptienne, où un important dispositif policier a été mis en place.


Répondant à l'appel de plusieurs mouvements d'opposition qui s'inspirent du soulèvement tunisien, des milliers de manifestants clamant des slogans hostiles au pouvoir ont commencé à défiler en début après-midi dans plusieurs villes d'Égypte. Entre 20 000 et 30 000 policiers sont déployés dans les rues du Caire, la capitale, où des gaz lacrymogènes ont été tirés contre les manifestants. Le rassemblement a un peu reculé mais ne s'est pas dispersé. En retour, la police a essuyé quelques jets de pierres, a constaté un journaliste de l'AFP.

Depuis plusieurs jours, les quelque 17 millions d’internautes égyptiens se préparent à ces manifestations. Les réseaux sociaux ont été massivement mis à contribution. Sur Twitter et Facebook, qui regroupe à lui seul 5 millions d'utilisateurs égyptiens, les messages s’enchaînent à un rythme effréné.

Difficile de ne pas faire le parallèle avec la situation en Tunisie, que d’aucuns ont rapidement surnommé "la première révolution Facebook". Mais le président égyptien, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans, doit-il réellement craindre un scénario à la tunisienne ?

Twitter bloqué ?

Les autorités auraient en tout cas décidé, mardi, d’éviter tout débordement numérique. Selon le correspondant de France 24 au Caire, Tamer Ezzdine, les réseaux mobiles sont fortement perturbés dans le pays. D’autres affirment même qu’il n’est plus possible d’accéder à Twitter. Le blog technologique américain TechCrunch liste ainsi, mardi, plusieurs messages postés sur le célèbre site de microblogging faisant état de l’impossibilité d’accéder à Twitter.

Dans les jours qui ont précédé les manifestations, les réseaux sociaux avaient fonctionné à plein régime. "Cher peuple tunisien, le soleil de la révolution ne va pas s’éclipser", peut-on lire sur la page Facebook du groupe égyptien "25 janvier : la révolution de la liberté", qui compte près de 400 000 fans pour qui ce mardi revêt une importance particulière. Le 25 janvier est en effet le "jour de la police", célébration qui se tient chaque année en mémoire du soulèvement des forces de l'ordre contre les Britanniques, en 1952.

Des internautes appellent d’ailleurs les policiers à se joindre aux manifestants pour exprimer leur ras-le-bol du régime égyptien. Un autre groupe, baptisé "Jour de la révolution", se targue d'avoir mobilisé plus de 80 000 Égyptiens se disant prêts à descendre ce mardi dans les rues du Caire, la capitale.

Prudence

Sur Twitter, il est difficile de suivre le fil, tant les "gazouillis" se succèdent rapidement. Des icônes, mettant en avant la date du 25 janvier, viennent orner les comptes des utilisateurs du célèbre réseau de micro-blogging. #Jan25 demeure le mot-clé (ou "hashtag") le plus utilisé par les Égyptiens s’échangeant des informations sur l’organisation des rassemblements, dénonceant le régime ou encore appelant… à la prudence.

Aussi remontés soient-ils, les cyber-manifestants craignent que les forces de l'ordre ne répriment durement le mouvement de contestation. "Pour éviter les chocs électriques, mettez plusieurs couches de vêtements, notamment en laine", conseille ainsi Lobna Darwish, qui se présente sur Twitter comme une Égyptienne habitant en Californie. Sur Facebook, des conseils de survie circulent également. On y apprend comment réagir en cas de tabassage par les forces de l’ordre ou encore quels sont les réflexes à avoir lorsqu’on est embarqué dans une voiture de police.

"À qui profite la révolution ?"

Prudence encore, mais cette fois-ci à l’égard de ceux qui appellent à manifester. "Je suis une jeune Égyptienne et je ne comprends pas ce que vous voulez avec cette révolution, à qui va-t-elle profiter ?", peut-on lire sur le mur du groupe Facebook "Révolution égyptienne blanche", qui soupçonne une tentative de récupération de l'opposition.

Car, contrairement à la Tunisie, les religieux semblent davantage engagés dans le mouvement égyptiens. Sur le mur du groupe "Plus de silence après cette journée", le Coran est cité à maintes reprises. Sur cette page, on retrouve même un lien vers un communiqué d'une organisation appelée Mouvement salafiste pour les réformes et qui soutient les manifestations.



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