LE CAIRE — L'Egypte a annoncé mardi qu'elle rappelait pour consultations son ambassadeur auprès du Vatican, après des déclarations du pape Benoît XVI sur les Coptes égyptiens visés par un attentat à Alexandrie, considérées comme une "ingérence inacceptable".
Cette décision a été prise en raison de propos du souverain pontife qui constituent une "ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de l'Égypte", a déclaré le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"L'Egypte ne permettra à aucune partie non égyptienne d'interférer dans ses affaires intérieures sous quelque prétexte que ce soit", a-t-il poursuivi, en ajoutant que "la question copte est spécifiquement une question intérieure égyptienne".
Le Caire a également récusé "toute démarche" étrangère qui s'appuierait sur l'attentat d'Alexandrie pour "promouvoir ce qu'on appelle la protection des chrétiens du Proche-Orient".
Le pape Benoît XVI a condamné à plusieurs reprises au cours des derniers jours cet attentat commis dans la nuit du Nouvel an devant une église copte orthodoxe d'Alexandrie (nord), faisant 21 morts.
Lundi, il a souligné, lors d'une cérémonie de vœux devant le corps diplomatique au Vatican, l'"urgente nécessité" pour les gouvernements du Moyen-Orient d'adopter, "malgré les difficultés et les menaces, des mesures efficaces pour la protection des minorités religieuses".
Il a salué à cet égard "la clairvoyance politique dont certains pays d'Europe ont fait preuve ces derniers jours, en demandant une réponse concertée de l'Union européenne afin que les chrétiens soient défendus au Moyen-Orient".
Dimanche, il avait également exprimé sa "proximité" avec les Égyptiens coptes, communauté qui représente 6 à 10% des quelque 80 millions d'Égyptiens, en grande majorité musulmans sunnites.
Et le 1er janvier, il avait demandé aux dirigeants du monde de défendre les chrétiens contre les abus et l'intolérance.
Face aux "tensions menaçantes du moment, face spécialement aux discriminations, aux abus et aux intolérances religieuses, qui frappent aujourd'hui en particulier les chrétiens, encore une fois j'adresse une invitation pressante à ne pas céder au découragement et à la résignation", avait-il dit lors de la messe du Premier de l'an à la basilique Saint-Pierre.
A plusieurs reprises depuis l'attentat, l'Egypte a affirmé que la protection de la communauté copte relevait de sa seule souveraineté, et avait mobilisé des dizaines de milliers de policiers pour assurer la sécurité des églises du pays à l'occasion du Noël orthodoxe, le 7 janvier.
L'attentat d'Alexandrie n'a pas encore été revendiqué et l'enquête est toujours en cours.
Selon les autorités, l'attentat aurait été commis par un inconnu porteur d'une charge explosive, qu'il aurait actionnée devant l'église des Saints au moment où les fidèles commençaient à sortir.
Le président Hosni Moubarak a assuré que des "mains étrangères" étaient derrière cet attentat commis deux mois après des menaces contre les chrétiens d'Egypte lancées par une branche irakienne d'al-Qaïda.
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