mardi 25 janvier 2011

Manifestation réprimée samedi à Alger : 42 blessés selon l'opposition


Les partisans du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) parti laïque d'opposition algérienne, se sont dispersés dans le calme samedi après-midi après avoir été empêchés durant de longues heures, de marcher vers le Parlement, par un important dispositif policier. Les manifestants étaient bloqués devant le siège du parti, rue Didouche Mourad, en plein coeur d'Alger.

Cette marche interdite par les autorités s'est soldée par quarante-deux blessés dont deux grièvement touchés, selon le RCD. Sept policiers ont également été blessés, dont deux sont dans un état grave, lors de heurts avec des partisans du RCD, selon l'agence de presse officielle APS. 

«On a décidé de lever la protestation et se préparer pour les prochaines manifestations. De plus le pouvoir a envoyé des provocateurs qui scandait le nom de Bouteflika», a déclaré un député du RCD.

Peu avant la fin de la manifestation, un trentaine de jeunes ont improvisé une contre-manifestation en face du siège du RCD en criant «Bouteflika, Bouteflika» et en scandant des slogans hostiles au président de ce parti, Saïd Sadi.

Selon des témoignages recueillis au téléphone, cette marche pour le démocratie a été rendue impossible en raison du quadrillage policier. En prévision de cette marche interdite par le pouvoir, d'impressionnants effectifs de police ont été déployés dans toutes les artères de la capitale, et les forces de l'ordre ont notamment encerclé le siège du RCD.

«Plusieurs hélicoptères de la police survolent actuellement le ciel d'Alger, on se croirait en temps de guerre», témoignait au Parisien.fr un étudiant bloqué dans le centre-ville. Une habitante du quartier de Bab El Oued jointe par leParisien.fr a expliqué que sa zone était encore «calme» mais que la tension montait dans le centre-ville, où «la police est omniprésente».

L'AFP a été témoin de plusieurs arrestations musclées, surtout des jeunes. L'un d'eux a été traîné par cinq hommes en civil dans la rue vers l'entrée d'un immeuble, où il lui ont passé les menottes. Arezki Aïter, le député RCD de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, a été interpellé puis relâché une heure plus tard, selon son parti.

«On ne peut pas mener de lutte pacifique quand on est assiégé»

Dès le début de la matinée, quelque 300 personnes s'étaient retrouvées bloquées par des centaines de membres des forces de l'ordre, casqués et équipés de matraques, boucliers et gaz lacrymogène, devant le siège du RCD sur l'avenue historique de Didouche Mourad, les Champs Elysées algériens. Les manifestants devaient gagner la place du 1er mai dans le centre, et marcher en direction de l'Assemblée nationale populaire, le Parlement, sur le front de mer.

«Je suis prisonnier dans le siège du parti», a déclaré Saïd Sadi, leader du RCD, par haut-parleur depuis le premier étage de l'immeuble. «Je ne peux pas partir d'ici», a-t-il affirmé aux manifestants et dizaines de journalistes présents. «On ne peut pas mener de lutte pacifique quand ont est assiégé», a-t-il clamé. Dans la rue, ses partisans brandissant le drapeau national et celui de la Tunisie voisine, où la population a renversé il y a une semaine la dictature de Ben Ali, criaient: «Etat assassin», «Jazaïr Hourra, Jazaïr Democratiya» («Algérie libre, Algérie démocratique»). Entre les chants patriotiques, on pouvait aussi entendre en français «le pouvoir, y'en a marre» et lire une pancarte appelant à «la dissolution des instances élues».

Les autorités ont quadrillé la capitale

Dès vendredi soir, les autorités avaient fait quadriller la capitale. En milieu de nuit, des dizaines de véhicules blindés étaient en position dans le vieux centre historique. Des barrages ont aussi été érigés à l'entrée est de la ville et au moins trois bus transportant des manifestants de Kabylie ont été bloqués dès vendredi soir, selon des témoins cité par le quotidien El-Watan, mais déterminés «à continuer à pied». Sur la place de la Concorde, dans le centre, des dizaines de véhicules blindés étaient stationnés et des centaines de membres de la protection civile et de la police étaient postés. Devant le palais présidentiel, sur les hauteurs d'Alger, une douzaine de véhicules blindés armés de canons à eau veillaient également.

Le RCD avait décidé de maintenir cette manifestation pour la démocratie malgré l'interdiction du gouvernement, qui craint de voire la situation dégénérer comme en Tunisie. L'Algérie a déja vécu au début de janvier cinq jours d'émeutes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. 
 
 
 
 

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