mercredi 12 janvier 2011

Egypte: le meurtre d'un Copte dans un train ravive les craintes de tensions

Les obsèques du Copte Fathi Saïd Ebeid, le 12 janvier 2011 dans un église au Caire

LE CAIRE — Le meurtre d'un Copte par un policier mardi a relancé les craintes de tensions confessionnelles en Egypte, où les autorités assuraient cependant mercredi que le mobile de l'assassin n'était pas d'ordre religieux.

Ce meurtre alourdit un climat déjà tendu, onze jours après un attentat meurtrier contre une église copte à Alexandrie, deuxième ville du pays, qui a fait 21 morts. Les inquiétudes internationales exprimées après ces violences ont déclenché la colère du Caire, qui a rappelé pour consultations son ambassadeur au Vatican.

L'attentat d'Alexandrie n'a pas été revendiqué, mais les autorités pointent du doigt des "mains étrangères", en allusion à Al-Qaïda.

Mardi, un policier est monté à bord d'un train dans la localité de Samalut, à quelque 200 km au sud du Caire, et a ouvert le feu avec son arme de service, tuant un passager, Fathi Saïd Ebeid, 71 ans, et blessant cinq autres Coptes, dont son épouse âgée de 61 ans, selon le ministère de l'Intérieur.

Les obsèques ont eu lieu mercredi dans une église du Caire, en présence de quelque 300 proches.
"On est en train de nous éliminer un à un", a lancé sa soeur Yvonne, en pleurs.

L'évêque Anba Moussa, qui présidait la cérémonie, a assuré : "Notre message, c'est la patience face à la douleur".

En soirée, la police a dispersé dans le quartier des chiffonniers du Caire, à Moqattam, quelque centaines de Coptes qui protestaient contre le meurtre, jetant des pierres en direction des forces de sécurité, selon des témoins.

Ahmed Diaa Eddine, le gouverneur de Minya, dont dépend Samalut, a estimé que "l'acte du policier était lié à son état mental et non pas à la religion des victimes".

Il a affirmé à l'AFP que le policier, Amer Achour Abdel Zaher, 23 ans, "avait essayé de tirer sur deux musulmans qui tentaient de le maîtriser mais n'avait plus de munitions".

Une version différente a toutefois été donnée par un religieux copte.

Se fondant sur les témoignages des blessés, le père Morcos, de l'évêché de Samalut, a assuré que le policier avait repéré un groupe comprenant des femmes ne portant pas le voile islamique.

Comprenant qu'il s'agissait de Coptes, il a tiré sur eux en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand), a rapporté à l'AFP le père Morcos.

Selon une source des services de sécurité, le policier aurait dit avoir agi dans un état de "frustration et de colère" parce qu'il avait besoin d'argent, et aurait nié avoir pris pour cibles des chrétiens.

Les blessés ont été transportés par avion spécial vers un hôpital du Caire, une décision exceptionnelle "qui a une dimension médicale, mais aussi politique et sécuritaire", a reconnu le porte-parole du ministère de la Santé, Abdel Rahman Shaheen.

Depuis l'attentat d'Alexandrie la nuit du Nouvel an, les autorités ont affirmé à maintes reprises que la protection des Coptes était une affaire relevant de la seule souveraineté égyptienne.

L'Egypte a rappelé mardi pour consultations son ambassadeur au Vatican, reprochant au pape Benoît XVI d'avoir réclamé une meilleure protection des chrétiens d'Orient, des déclarations considérées comme une "ingérence inacceptable".

Le Vatican a réagi en affirmant qu'il "partage pleinement la préoccupation du gouvernement (égyptien) d'éviter l'escalade des accrochages et des tensions pour motifs religieux et apprécie les efforts qu'il fait dans ce sens".

Les Coptes représentent 6 à 10% des quelque 80 millions d'Egyptiens, en grande majorité musulmans sunnites.


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2 commentaires:

  1. L'homme qui a ouvert le feu dans un train en Egypte, tuant un chrétien et en blessant quatre autres, a été mis en examen aujourd'hui pour meurtre avec préméditation, ce qui pourrait lui valoir la peine capitale s'il est reconnu coupable.

    Amer Ashour Abdel-Zaher, un policier de 23 ans qui se rendait à son travail, est monté dans un train à destination du Caire en gare de Samalout mardi et s'est mis à tirer à l'arme de poing sur les passagers, notamment des femmes non-voilées.

    Un copte de 71 ans est mort, son épouse a été blessée, ainsi que trois autres femmes et un homme. D'après le ministère de l'Intérieur, toutes les victimes sont chrétiennes.

    Moins de deux semaines après l'attentat-suicide qui avait fait 21 morts et une centaine de blessés à la sortie de la messe du Nouvel An à Alexandrie, cette fusillade a provoqué de nouvelles manifestations de colère des coptes. Dans le sud de l'Egypte, des protestataires ont lancé des pierres sur les policiers. On ignore pour l'heure quand le procès du tireur débutera.

    AP

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  2. En janvier 2010, avec deux complices, il avait ouvert le feu sur des fidèles qui sortaient d’une église à Nagaa Hamadi, en Haute-Egypte, tuant sept personnes, dont six chrétiens coptes. Hier, la justice égyptienne a condamné à mort Mohammad Ahmad Hossein, aussi connu sous le nom de Hamam

    AFP

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