Le président soudanais a détourné 9 milliards de dollars de recettes pétrolières, qu'il aurait placés dans des banques étrangères, selon des câbles diplomatiques américains révélés par WikiLeaks.
Les documents, publiés samedi dans le quotidien britannique The Guardian, citent des conversations tenues par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, avec des responsables américains.
M. Moreno-Ocampo soutient que les 9 milliards de dollars détournés par Omar El-Béchir ont été placés dans des banques britanniques. Il précise que le groupe bancaire britannique Lloyds Banking Group « pourrait détenir l'argent ou savoir où il se trouve ».
Selon le procureur de la CPI, la révélation de ce détournement massif de recettes pétrolières pourrait servir à « retourner l'opinion publique » du Soudan, un des pays les plus pauvres de la planète, contre son président.
« D'après mon expérience de procureur, lorsque vous avez affaire à ce genre de crimes, l'argent volé aide à délégitimer son auteur », dit-il dans un des câbles.
Lloyds a formellement démenti les allégations. « Nous ne disposons absolument d'aucun élément permettant de suggérer qu'il existe un lien quelconque entre Lloyds Banking Group et M. Béchir. La politique du groupe est de respecter les lois et réglementations de toutes les juridictions où nous opérons », a déclaré une porte-parole de Lloyds.
Les autorités soudanaises ont également nié que le président puisse avoir détourné une telle somme. Elles allèguent que cette pratique serait impossible en raison des sanctions imposées au pays depuis plusieurs années et de la surveillance étroite dont il fait l'objet.
« Je ne crois pas que le président Béchir détienne un compte bancaire en Europe, en Amérique ou dans le monde arabe. S'il avait un compte à son nom ou sous un prête-nom, ce serait très facile de les saisir », a déclaré à Reuters Rabie Abdelati, membre du ministère de l'Information et du parti du Congrès national (NCP), du chef de l'État.
Omar El-Béchir fait l'objet depuis mars 2009 d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. La CPI a ajouté cette année des inculpations de génocide.
Selon l'ONU, la guerre civile au Darfour a fait 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003. De son côté, Khartoum parle de 10 000 morts.
Omar El-Béchir, au pouvoir depuis 21 ans, est le premier chef d'État en exercice à faire l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI.
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