2010, année du tribunal et réédition de la paralysie de l'État par le contre-pouvoir immergé du 8 Mars, Hezbollah en tête. Dès lors, avec la perspective de l'acte d'accusation pour commencer, mais aussi avec de nettes visées israéliennes agressives, c'est de l'angoisse que les Libanais éprouvent en abordant 2011. Leur espoir le plus marquant restant tout compte fait que vaille que vaille il y aurait un maintien de statu quo, même de crise larvée. Rêver d'une récollection permettant de rétablir la démocratie et une autorité publique forte semble relever de l'utopie. Car pour y parvenir, il faut encore que le sens de l'indépendance nationale puisse s'exprimer. Que l'on n'ait plus besoin de la S-S ni d'aucune forme d'arbitrage étranger, aussi amical qu'il paraisse. Or cette option, ce sont des Libanais, ultime offense contre l'esprit, qui sont les premiers à la rejeter. Pour servir des desseins extérieurs.
Dès lors, la réussite de la révolution du Cèdre, que le sang versé par les martyrs avait permise, a lentement, mais sûrement, tourné au fiasco final. D'abord à cause de la menace-chantage de l'armement du Hezbollah, tourné vers l'intérieur. Ensuite, toujours grâce à cette épée de Damoclès, de la mise en place forcée d'un cabinet dit d'union nationale que l'opposition utilise pour empêcher l'émergence d'un État de droit fort, libéré par rapport aux axes, souverain, seul détenteur des armes, imposant le règne de la loi sur l'ensemble du territoire national. Sans plus de périmètres de sécurité, de ghettos libanais réservés ou de bases palestiniennes hors des camps. Sans plus de pollution des frontières par le trafic d'armes ou de contrebande. Sans plus d'équivoque sur le tracé, Chebaa en tête.
Cela étant, il faut être frappé de cécité démente pour ne pas convenir que le TSL poursuivra sa mission jusqu'au bout, contre vents et marées. Les tentatives d'en entraver les travaux sont déjà étouffées dans l'œuf. Les diversions, comme le dossier des présumés faux témoins, ne torpilleront ni même ne retarderont l'acte d'accusation. Et une éventuelle secousse politique majeure au Liban, comme un départ du gouvernement débouchant sur une crise de pouvoir, ne pourra pas mordre sur la procédure internationale.
Cela étant, il faut être frappé de cécité démente pour ne pas convenir que le TSL poursuivra sa mission jusqu'au bout, contre vents et marées. Les tentatives d'en entraver les travaux sont déjà étouffées dans l'œuf. Les diversions, comme le dossier des présumés faux témoins, ne torpilleront ni même ne retarderont l'acte d'accusation. Et une éventuelle secousse politique majeure au Liban, comme un départ du gouvernement débouchant sur une crise de pouvoir, ne pourra pas mordre sur la procédure internationale.
Appel
Un ministre, réputé pour ses analyses pointues, relève la dangerosité d'un conflit interne surréaliste, puisqu'il porte sur le sort d'un TSL seul maître de ses destinées. Il exhorte les leaders libanais à assumer ensemble une responsabilité historique à l'égard de la nation. Pour se rappeler que notre pays ne vit, et ne survit, que par des compromis équilibrés. Des arrangements fondés sur le principe ni vainqueur ni vaincu. Il vaut infiniment mieux y recourir avant qu'il n'y ait un nouveau bus de Aïn el-Remmaneh, plutôt que d'y revenir, comme à Taëf, après des années de dévastations et de bains de sang. Les négociations pour une entente doivent donc intervenir avant l'acte d'accusation de Daniel Bellemare.
Les pôles libanais, insiste ce ministre, doivent absolument barrer la voie aux parties extérieures malveillantes, comme Israël, qui ne rêvent que de voir le Liban plonger dans la discorde et la guerre civile, servant de détonateur à des chambardements régionaux menant non pas à une paix conclue à chaud, mais à la dislocation du Moyen-Orient en mini-États confessionnels ou ethniques. Lesquels seraient facilement dominés par l'État hébreu.
Une première tentative dans ce sens avait été soutenue, et même initiée, dans les années soixante-dix par le machiavélique Henry Kissinger. Il voulait transférer les chrétiens du Liban par fournées de bateaux vers le klondike canadien ou le bush australien, si attrayants. Pour fractionner ensuite le Liban et y installer, aux côtés de cantons dévolus aux druzes, aux sunnites et aux chiites, un État palestinien. Mais le Front libanais lui avait ri au nez, avec le concours de la Syrie, qui trouvait dans son appui aux chrétiens un moyen des plus commodes de s'introduire dans la bergerie.
Suggestion
Retour à la brûlante actualité. Selon le ministre consulté, le scénario le plus sensé pour une sortie de crise devrait se fonder sur les points suivants :
- Cesser de suite toute controverse, pour attendre de prendre connaissance de l'acte d'accusation. L'accepter s'il se fonde sur des preuves, des indices solides, des données matérielles confirmées par la police scientifique, des témoignages vérifiés et un faisceau de fortes présomptions. Une fois les mises en accusation validées, ce serait à Saad Hariri de se prononcer. En tant que chef du gouvernement libanais, il devrait certifier le soutien à la bonne marche du procès. En tant que fils du sang martyr versé et de porte-parole de la famille, il pourrait, à l'instar de Walid Joumblatt, annoncer qu'il se contente de la découverte de la vérité et de l'identification des coupables, sans chercher vengeance. Une telle ouverture se répercuterait positivement sur le climat politique. Et le cycle des réconciliations, naguère entamé mais jamais abouti, reprendrait pour promouvoir le principe fédérateur d'un État de droit fort, capable d'étendre son autorité à l'intégralité du territoire national, de faire régner la loi, un État seul maître des armes.
- S'il devait apparaître que l'acte d'accusation ne se base pas sur des preuves irréfutables et qu'il est discutable en termes d'objectivité, les leaders libanais, mettant leurs convictions intimes de côté, devraient s'accorder pour rejeter le document. Toujours dans le cas d'un acte d'accusation contestable, si le tribunal international ratifiait les conclusions du procureur sans ordonner un complément d'information, le rejet libanais devrait s'étendre à tout le prétoire.
- Si l'acte d'accusation était admis localement, il appartiendrait aux leaders libanais de passer à la vitesse supérieure, en termes d'entente, pour agir en faveur de l'application complète de la résolution 1701, en insistant auprès de la communauté internationale d'accentuer ses pressions pour un concours positif des deux autres pays concernés, la Syrie et Israël.
- De même, il faudrait alors s'atteler à parachever l'exécution du pacte de Taëf en élaborant une loi électorale fondée sur le découpage en base des mohafazats au nombre augmenté ainsi qu'en établissant la décentralisation administrative.
- Cesser de suite toute controverse, pour attendre de prendre connaissance de l'acte d'accusation. L'accepter s'il se fonde sur des preuves, des indices solides, des données matérielles confirmées par la police scientifique, des témoignages vérifiés et un faisceau de fortes présomptions. Une fois les mises en accusation validées, ce serait à Saad Hariri de se prononcer. En tant que chef du gouvernement libanais, il devrait certifier le soutien à la bonne marche du procès. En tant que fils du sang martyr versé et de porte-parole de la famille, il pourrait, à l'instar de Walid Joumblatt, annoncer qu'il se contente de la découverte de la vérité et de l'identification des coupables, sans chercher vengeance. Une telle ouverture se répercuterait positivement sur le climat politique. Et le cycle des réconciliations, naguère entamé mais jamais abouti, reprendrait pour promouvoir le principe fédérateur d'un État de droit fort, capable d'étendre son autorité à l'intégralité du territoire national, de faire régner la loi, un État seul maître des armes.
- S'il devait apparaître que l'acte d'accusation ne se base pas sur des preuves irréfutables et qu'il est discutable en termes d'objectivité, les leaders libanais, mettant leurs convictions intimes de côté, devraient s'accorder pour rejeter le document. Toujours dans le cas d'un acte d'accusation contestable, si le tribunal international ratifiait les conclusions du procureur sans ordonner un complément d'information, le rejet libanais devrait s'étendre à tout le prétoire.
- Si l'acte d'accusation était admis localement, il appartiendrait aux leaders libanais de passer à la vitesse supérieure, en termes d'entente, pour agir en faveur de l'application complète de la résolution 1701, en insistant auprès de la communauté internationale d'accentuer ses pressions pour un concours positif des deux autres pays concernés, la Syrie et Israël.
- De même, il faudrait alors s'atteler à parachever l'exécution du pacte de Taëf en élaborant une loi électorale fondée sur le découpage en base des mohafazats au nombre augmenté ainsi qu'en établissant la décentralisation administrative.
Aujourd'hui, tous les paris sont placés, surtout par l'opposition faut-il dire, sur ce que l'on appelle la S-S. Une solution qui émanerait de Damas et de Riyad le moins prochain. Mais on n'a encore aucune idée sur ses contours précis. Pour trois raisons : d'abord elle doit recevoir l'aval de multiples parties, dont l'Iran, l'Amérique, l'Europe, l'Égypte et le Qatar, sans compter que les Israéliens gardent le moyen d'y opposer un veto musclé sur le terrain si cela leur chante. Ensuite, les opposants affirment que le projet se fonde sur une déclaration que ferait le président Saad Hariri pour récuser d'avance des accusations du TSL visant le Hezbollah. D'après les loyalistes, il ne pourrait jamais en être question. Car la justice ne peut évidemment pas être contestée avant dire droit. Enfin, il se pointe de sourdes divergences entre opposants. Les proches de Damas répètent avec le président Assad que, tout en estimant que le TSL est politisé, il faut attendre les conclusions de Bellemare avant de se prononcer. Tandis que les fidèles de Khamenei redisent après lui qu'en tout état de cause, toute démarche du TSL doit être considérée comme nulle et non avenue.
Emile KHOURY
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