vendredi 3 décembre 2010

La tension monte entre Rabat et Madrid

 
Rabat (Maroc) Le Maroc a rejeté la résolution du Parlement espagnol adoptée jeudi concernant les derniers événements de Laayoune, au Sahara, du 8 novembre dernier la qualifiant d’« hostile » ce qui donnera lieu à « une réévaluation » de l’ensemble de ses relations avec le pays ibérique.
 
« Les circonstances requièrent une réévaluation de l’ensemble des relations entre le Maroc et l’Espagne dans tous les domaines », a notamment lancé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri lors d’un point de presse à Rabat.

La résolution adoptée par le parlement espagnol « se caractérise par son hostilité à l’égard du Maroc, et contient des passages et des expressions anti-marocains qui ne peuvent être acceptés » précise l’autorité chérifienne dont les propos sont rapportés vendredi par les médias de son pays.

« Cette résolution se solidarise implicitement avec les adversaires du Royaume alors qu’elle reste muette sur la position de l’Algérie bien que celle-ci endosse la responsabilité principale dans la vive tension dont pâtit la région », selon le porte parole du gouvernement marocain.

Le gouvernement marocain déplore que « le parlement espagnol ait préféré condamner le Maroc au lieu de féliciter les autorités marocaines pour la sagesse et la responsabilité dont elles ont fait preuve lors des derniers évènements de Lâayoune qui n’ont fait aucun décès parmi les civils », a-t-il dit.

Treize personnes y avaient trouvé la mort, dont onze éléments des forces de l’ordre contre deux civils qui avaient péri dans des circonstances qualifiées d’accidentelles. Chiffres confirmés jeudi également par l’ONG Amnesty international.

« Le gouvernement marocain regrette également que le parlement espagnol n’ait pas présenté ses condoléances aux familles des victimes parmi les forces de l’ordre comme il n’a pas dénoncé la désinformation délibérée de certains médias espagnols qui constitue un message qui encourage les autres parties à persister dans leurs agissements irresponsables. », s’est indigné Rabat.

Pour le gouvernement marocain « les forces politiques espagnoles mettent encore une fois le Maroc au cœur de la lutte politique interne, et ce dans le sillage d’une course électorale effrénée afin de détourner l’attention de l’opinion publique espagnole de la profonde crise économique que traverse l’Espagne ».

Quelque trois millions de Marocains avaient marché dimanche à Casablanca pour exprimer leur colère après la campagne menée contre le Royaume au sujet du Sahara, notamment par l’Algérie et certains milieux espagnols.

Des centaines de banderoles ont résumé « toute la colère » alors que les participants ont scandé des slogans de mobilisation autour du Sahara, surtout après la campagne anti-marocaine basée sur des données « mensongères » sur les incidents de la ville de Laayoune.

Certains milieux anti-marocains avaient fait état de « torture et de violence » contre les habitants de cette principale ville du Sahara, sous souveraineté chérifienne depuis fin 1975 suite au retrait du colonisateur espagnol.

Motivé par des « revendications sociales », un camp d’habitants de la ville, composé de milliers de tentes, était démantelé par les forces de l’ordre donnant lieu à des débordements instigués par des éléments pro-Polisario.

« Aucune balle n’a été tirée », assurent les autorités marocaines.

Le parti populaire espagnol et certains médias ibériques ont versé dans « l’intoxication » en colportant des informations « mensongères » sur « une attaque musclée » contre les civils.

Plusieurs observateurs internationaux, dont le contingent onusien au Sahara « Minurso », avaient formellement démenti ces informations alors que le Parlement européen a suivi jeudi le clan anti-marocain, notamment le parti populaire espagnol, entrainant un tollé au Maroc qui a crié à « la conspiration » contre l’intégrité territoriale.

L’Espagne, deuxième partenaire économique du Maroc avec Près de 5 milliards d’euros par an, colonise depuis 1493 deux villes marocaines, Ceuta et Mellila, au nord du pays.


Le Polisario a, appuyé par l’Algérie, contesté la souveraineté marocaine sur le Sahara et réclame un référendum, jugé « inapplicable » alors que le Maroc a proposé un plan d’autonomie pour tourner la page d’un des plus vieux conflits du continent.

Des négociations non concluantes se tiennent sous l’égide de l’ONU depuis juin 2007.





Agence France Presse

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