lundi 6 décembre 2010

Législatives en Egypte: victoire assurée du parti de Moubarak


LE CAIRE (AP) — Le second tour des législatives dimanche en Egypte devait donner une majorité écrasante au parti du président Hosni Moubarak, les deux principales formations de l'opposition boycottant ce scrutin après les fraudes qui ont émaillé selon elles le premier tour.

Les Frères musulmans et le parti Wafd s'étant retirés de la course, seuls restaient les représentants du Parti national démocratique (PND) au pouvoir, ainsi que des candidats indépendants et issus de petits partis.

Le vote a été entaché par des affrontements armés dans le nord et le sud de l'Egypte, mais aussi des achats de suffrages dans plusieurs circonscriptions du Caire.

Sur les 518 sièges de l'Assemblée du peuple, 508 sont renouvelés par les urnes, le président Moubarak nommant dix parlementaires. Après le premier tour du 28 novembre, plus de la moitié des sièges restaient à pourvoir.

La campagne qui a précédé ces législatives a été marquée par la répression contre les Frères musulmans, dont environ 1.400 membres ont été arrêtés. Cette formation, qui est interdite mais qui présentait des candidats en indépendants, détenait 20% des sièges dans le Parlement sortant.

Les Frères musulmans n'ont obtenu aucun siège à l'issue du premier tour. Vingt-sept de ses membres pouvaient se maintenir au second tour mais ont décidé de se retirer en signe de protestation. Cela sert bien le PND de Moubarak qui rêvait de purger l'assemblée des Frères musulmans, de crainte qu'ils ne s'en servent comme tribune à l'approche de la présidentielle de l'année prochaine.

Le parti Wafd a quant à lui décroché deux sièges la semaine dernière. Il avait huit candidats en position de se maintenir au second tour. Il les a menacés d'exclusion s'ils se faisaient élire. Au moins l'un d'entre eux à refuser de céder.

Avec ce double boycott, le second tour des législatives mettait aux prises essentiellement des candidats issus du parti au pouvoir. "PND contre PND", ironisait le quotidien du Wafd dimanche.

Avec un si faible enjeu, la participation était si faible dimanche que la commission électorale n'avançait pas de chiffre. Pour le premier tour, elle l'avait évaluée à 35%, tandis des organisations jugeaient qu'elle ne dépassait pas les 15%. Dimanche, dans un bureau de vote du Caire, les électeurs étaient si peu nombreux que les employés du bureau faisaient la sieste sur des bancs.

Pourtant, les motivations sonnantes et trébuchantes ne manquent pas. "Certains candidats offrent 200 livres (égyptiennes, 26 euros) par voix", affirme le représentant d'un candidat. Dans un bureau de vote de Matariya, au Caire, un employé désigne une quinzaine de jeunes gens qui "vont toucher de l'argent". Un électeur peut toucher "entre 20 et 150 livres" égyptiennes (entre 2,5 et 19 euros) pour déposer le bon bulletin dans l'urne, rapporte la Coalition indépendante pour la surveillance des élections, qui regroupe plusieurs ONG égyptiennes.

Outre ces fraudes généralisées, les législatives ont été entourées de violences. D'après le ministère de l'Intérieur, des coups de feu ont été échangés dans la province de Qena (sud) et dans celle de Behria (delta du Nil, nord). Une cinquantaine de partisans d'un candidat ont été interpellés dans la province de Sohag (sud), accusés de troubles à l'ordre public.



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