jeudi 30 décembre 2010

Vague d'arrestations en Tunisie


Au moment même où le Président Zine El Abidine Ben Ali appelait, mardi soir, la population tunisienne au calme, une série d’arrestations était opérée dans les rangs des avocats qui se sont solidarisés avec les habitants de la région de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest du pays, en proie à des troubles sociaux depuis plus d’une dizaine de jours.

D’après nos sources les policiers tunisiens ont investis hier « Dar El Mouhami » à Tunis où l’avocat Mohamed Moumni est en grève de la faim en signe de protestation contre les violences policières. De même qu’on apprend, des mêmes sources, qu’un militant des droits de l’homme et syndicaliste dénommé Attia El Atmouni, un enseignant âgé de 60 ans a été arrêté, hier, à Sidi Bouzid par les forces de l’ordre. Tout a commencé, rappelle-t-on lorsque un jeune universitaire, vendeur à la sauvette de fruits et légumes a voulu s’immoler dans cette localité déshéritée.

Ce geste désespéré a vite constitué un déclic pour une grande partie de la jeunesse tunisienne. Plus qu’un fait divers, cette tentative de suicide s’est alors transformée en une contestation qui semble aujourd’hui se généraliser et s’inscrire dans la durée. Loin d’apaiser la tension, la montée au créneau de Zine El Abidine Ben Ali (dont c’était la première sortie à ce sujet) va probablement, d’après de nombreux observateurs sur place, jeter encore de l’huile sur le feu. Et pour cause ! Le Chef de l’Etat tunisien s’est montré, à cette occasion, intraitable en s’en prenant violemment à “une minorité d’extrémistes et d’instigateurs dont les agissements “inacceptables” “nuisent au pays et en donnent une fausse image”.

Comme à son accoutumée, le régime tunisien brandira, une fois encore, la menace : “la loi sera appliquée en toute fermeté” averti Ben Ali. S’agissant de la médiatisation de ces évènements sur plusieurs chaînes de télévision étrangères notamment sur Al-Jazira, le président Tunisien évoquera vaguement des « allégations mensongères”, de la “dramatisation et de la difamation hostile à la Tunisie”. Quant au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) qui avait dénoncé au début des émeutes le “blocage médiatique” par le pouvoir, celui s’est fendu d’un communiqué où il accuse Al-Jazira de recourir à “l’ampliication et la déformation des faits dans leur couverture des événements sociaux légitimes et paciiques”. Pour nombre d’observateurs, cette volte face du SNJT témoigne de la reprise en main de cette organisation par le pouvoir tunisien.


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