lundi 6 décembre 2010

La France et les Etats-Unis divergent sur le nucléaire iranien


Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU : États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l’Allemagne et l’Iran se sont rencontrés lundi 6 décembre à Genève pour relancer le dialogue sur le nucléaire, interrompu depuis quatorze mois, dans un climat tendu après l’annonce par Téhéran qu’il contrôlait la totalité du cycle de production du combustible nucléaire

La question de l’enrichissement de l’uranium est au centre du bras de fer opposant depuis plusieurs années l’Iran à la communauté internationale, qui soupçonne Téhéran de chercher à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil.


L’Iran dément toute visée militaire. Mais depuis un an, le pays ne cesse d’augmenter son stock d’uranium enrichi à 3,5 %, qui est passé à 3 183 kg contre 1 580 kg en octobre 2009. Téhéran a annoncé dimanche 5 décembre avoir produit son premier lot d’uranium concentré (« yellowcake ») qui sert pour la production de l’uranium enrichi, renforçant l’inquiétude des Occidentaux.


« Nous attendons des réponses sérieuses des Iraniens » sur la question du nucléaire, a expliqué une source diplomatique proche des Six. Après plus d’un an d’interruption, la rencontre s’annonce difficile car l’Iran refuse toujours catégoriquement d’envisager toute suspension de l’enrichissement de son uranium.


Les dirigeants iraniens ont répété ces derniers jours qu’ils refusaient de discuter des « droits légitimes » de l’Iran en matière nucléaire, une manière de rejeter par avance toute éventuelle demande de suspension des activités d’enrichissement d’uranium. « Les autres pays ne peuvent pas s’immiscer dans les affaires nucléaires iraniennes », a répété lundi l’adjoint du négociateur iranien, Ali Bagheri, selon le site de la télévision iranienne.

Le front commun que veulent afficher les Occidentaux face à l’intransigeance de Téhéran sur la poursuite de son programme d’enrichissement d’uranium est de façade. Français et Américains n’ont pas la même approche du dossier. À l’automne dernier, les Français ont appris que des responsables américains démarchaient les Russes pour proposer à l’Iran que l’uranium qu’il enrichit alimente la centrale iranienne de Bouchehr, de conception russe.

Paris, soutenu par Londres, y est opposé. La France estime qu’utiliser l’uranium enrichi pour Bouchehr revient à légitimer l’enrichissement iranien, alors que l’ONU demande en vain depuis 2006 à Téhéran d’arrêter cette activité qui peut permettre d’acquérir la bombe atomique.


Vendredi dernier, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a évoqué pour la première fois la possibilité d’autoriser l’Iran à enrichir « à l’avenir » de l’uranium sur son sol, une fois que ce pays aura « restauré la confiance » sur les objectifs de son programme nucléaire. La France estime, quant à elle, que les Six doivent continuer à tabler sur l’effet des sanctions pour contraindre l’Iran à se débarrasser de la majeure partie de son stock d’uranium faiblement enrichi (3,5 %), estimé à 3 183 kg. 

Les grandes puissances espèrent que le nouveau train de sanctions décidé en juin par l’ONU et les sanctions unilatérales des États-Unis et de l’Union européenne, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est efficace, forceront l’Iran à lâcher du lest. Les experts restent certes prudents sur les chances de succès de cette rencontre. Mais selon un négociateur occidental, « le temps joue désormais pour nous ». 


Seifeddine DEPASSE
Sources : AFP, Reuters

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