Des yéménites manifestent contre le régime du président Ali Abdallah Saleh le 6 mars 2011 à Sanaa. |
SANAA — L'opposition yéménite s'est déclarée dimanche déterminée à évincer le président Ali Abdallah Saleh et le régime, qui refuse de céder, a accusé Al-Qaïda de trois attaques ayant coûté la vie à six militaires.
La veille, le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté une proposition de l'opposition qui prévoyait qu'il quitte ses fonctions avant la fin de l'année, alors que son mandat expire en 2013.
Dimanche, un porte-parole de l'opposition, Mohammad al-Sabri, a estimé que le refus du président, dont les appuis politiques se réduisent, signifiait pour lui qu'il n'y avait plus qu'une issue, "le départ".
Une foule nombreuse a poursuivi dimanche un sit-in devant l'université de Sanaa, entamé depuis le 20 février pour obtenir la chute du régime.
La détérioration de la situation a incité le Département d'état américain, qui suit avec inquiétude la situation au Yémen -un pays pauvre de la péninsule arabique où Al-Qaïda est active- à conseiller à ses ressortissants à quitter le pays.
"Les ressortissants américains actuellement au Yémen devraient envisager de partir de ce pays", indique une note de conseil aux voyageurs qui autorise aussi le personnel non essentiel de l'ambassade américaine à partir.
Samedi, Londres a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Yémen, en proie à "des violences croissantes", et appelé les Britanniques présents dans ce pays à partir si leur présence n'est pas indispensable.
Trois incidents séparés attribués à la mouvance d'Oussama ben Laden ont fait six morts dans trois régions différentes du pays.
Dans la province de Maareb (173 km à l'est de Sanaa), quatre membres de la garde républicaine (unité d'élite) ont été tués par des inconnus qui ont ouvert le feu sur leur camion, selon un responsable local.
"Cette attaque ressemble à celles menées par le passé par Al-Qaïda", a assuré un responsable de la province de Maareb, un des fiefs du réseau d'Oussama ben Laden dans le pays.
Dans le sud du pays, un colonel des services de renseignement, Abdel Hamid al-Charaabi, "a été tué par deux membres d'Al-Qaïda" à Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane, selon un responsable local.
Les deux hommes qui étaient montés sur une motocyclette ont tiré à bout portant sur l'officier, qui effectuait des achats au marché de la ville, avant de prendre la fuite, a ajouté la même source.
Dans la province sudiste du Hadramout, un deuxième colonel, Chayef al-Chouaïbi, a été abattu par des membres présumés d'al-Qaïda, ont indiqué des témoins.
Selon eux, des hommes armés circulant sur une motocyclette ont ouvert le feu en direction du colonel alors qu'il se trouvait dans un restaurant de la ville de Seyoun, le touchant à la tête.
Dans le même temps, l'opposition a appelé "tout le peuple à intensifier les sit-in et les manifestations dans toutes les régions, afin (que le chef de l'Etat) n'ait plus qu'une seule option, le départ", selon le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohammad al-Sabri.
Le président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté samedi une proposition de l'opposition, à travers une médiation de dignitaires religieux pour son départ avant la fin de l'année.
La position du président "signifie sa mort politique, et la rue est à présent notre unique recours", selon le porte-parole qui a annoncé la "fin du dialogue indirect à travers les dignitaires religieux".
Le régime yéménite est contesté depuis fin janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, Aden et dans le reste du pays. Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées lors de ces manifestations.
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