La communauté internationale hésite à intervenir pendant que les violences entre insurgés et partisans se cristallisent autour de Brega. Le point sur cette nouvelle journée d'affrontements.
Kadhafi continue de menacer de violences, mais les insurgés luttent pour garder le contrôle des villes prises la semaine dernière. |
Au moins 6000 morts
Les violences liées à la répression de l'insurrection en Libye ont fait 6000 morts, dont 3000 dans la seule ville de Tripoli, 2000 à Benghazi, et 1000 dans d'autres villes, a estimé le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'Homme, Ali Zeidan. Ces estimations dépassent de loin les derniers bilans qui évoquaient quelque 2000 morts. Et elles ourraient être plus importantes encore, selon Ali Zeidan.
Par ailleurs, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, annoncera jeudi midi "l'ouverture d'une enquête en Libye", au cours de laquelle il "donnera un aperçu des crimes allégués commis en Libye depuis le 15 février" et citera des noms.
Vers une intervention militaire internationale?
L'option d'une intervention militaire de l'Otan en Libye suscite de profondes divisions en raison des craintes de réaction dans le monde arabe, des réticences à voir l'alliance élargir son champ d'influence et de la complexité de l'opération. Cette intervention est redoutée par les Libyens, inquiets de voir leur pays connaître le même sort que l'Irak ou l'Afghanistan.
La France s'est opposée à une intervention militaire de l'Otan. "Faut-il préparer une intervention militaire[en Libye]? Nous ne le pensons pas dans le contexte actuel", a déclaré à l'Assemblée nationale le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. "Il est probable qu'elle pourrait ressouder contre le nord de la Méditerranée les opinions publiques et les peuples arabes", a-t-il estimé. Les opposants de Kadhafi ont, eux voté en faveur de l'intervention.
Pour le moment, les Etats-Unis et l'Otan n'ont pris aucune décision mais deux navires de guerre américains ont déjà rejoint la Méditerranée pour se positionner au large des côtes libyennes. D'autres navires, français et britanniques notamment, ont aussi pris la direction de la Libye avec à leur bord du matériel médical afin de venir en aide aux milliers de réfugiés qui fuient les violences.
Kadhafi s'adresse à ses partisans
Gel de ses avoirs, pétrole, rôle d'Al Qaïda, le colonel Kadhafi, dans un discours de 3 heures face à une foule acquise à sa cause et scandant son nom, a continué de menacer de "milliers de morts" en cas d'intervention étrangère.
Lutte acharnée pour le contrôle de Brega
Mercredi après-midi, un avion libyen a tiré deux missiles sur Brega, sans faire de victimes. La ville, située à 200 km au sud-ouest de Benghazi, est le théâtre de violents affrontements. C'est un endroit stratégique puisque le terminal pétrolier de Marsa el Brega est l'un des deux plus importants de Libye, avec Ras Lanouf. La situation sur place est confuse. Les forces pro-Kadhafi affirmaient avoir repris Brega mercredi matin. Mais quelques heures plus tard, les rebelles indiquaient qu'ils avaient toujours le contrôle de la ville.
"Kadhafi doit être jugé"
Spécialiste du Maghreb, Luis Martinez est sans doute le chercheur français qui connaît le mieux la Libye. Il doute de la survie du régime, mais n'exclut pas que la crise dure. Il estime qu'il ne reste à Kadhafi que "ses troupes les plus fidèles. Entre 15 000 et 20 000 hommes peut-être autour de Tripoli, et 10 000 vers Syrte. C'est assez pour résister un certain temps, mais insuffisant pour tenir un pays... Même s'il parvient à armer un certain nombre de civils."
D'origine libyenne, Hadi Shalluf, conseiller auprès de la Cour Pénale Internationale, livre son point de vue d'expert sur la situation dans son pays natal. Selon lui, "Kadhafi est un criminel", qui "doit être jugé".
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