dimanche 13 mars 2011

La Ligue arabe discute d'une zone d'exclusion aérienne en Libye


LE CAIRE — La Ligue arabe discute samedi lors d'une réunion extraordinaire au Caire de l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, visant à empêcher le régime de Mouammar Kadhafi d'utiliser son aviation dans la répression.

Dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le secrétaire général de l'organisation panarabe Amr Moussa a plaidé pour une telle mesure, en souhaitant que la Ligue "joue un rôle" dans sa mise en place.

Alors qu'Européens et Américains ont accentué la pression sur le régime libyen, évoquant l'utilisation de "toutes les options" possibles, la Ligue arabe s'est jusqu'ici bornée à dire qu'elle pourrait soutenir une zone d'exclusion aérienne, en s'affirmant opposée à toute intervention militaire.

L'adjoint de M. Moussa, Ahmed Ben Helli, a indiqué à l'AFP que l'ordre du jour de la réunion de crise qui se tient dans l'après-midi au niveau des ministres des Affaires étrangères était d'"examiner les derniers développements en Libye et les mesures à prendre du côté arabe".

La question de la zone d'exclusion "sera discutée parmi d'autres questions", a-t-il ajouté.

La mise en place d'une telle opération nécessite des centaines d'avions pour interdire le survol aérien d'un territoire de près de 1,8 million de km2 et empêcher notamment l'aviation libyenne de bombarder la population.

Le colonel Kadhafi a dépêché deux émissaires au Caire pour participer à la réunion après la défection du délégué libyen à la Ligue arabe qui a annoncé qu'il rejoignait "la révolution", mais ils ne seront pas autorisés à y prendre part.

"Les Libyens n'assisteront pas à la réunion, sur la base de la décision de la Ligue arabe le 2 mars de suspendre la Libye des réunions", a dit à l'AFP Hicham Youssef, le directeur du bureau de M. Moussa.

Les Etats arabes du Golfe, dominés par l'Arabie Saoudite, ont réaffirmé leur soutien au principe d'une zone d'exclusion tout en insistant sur la nécessité d'une caution de la Ligue arabe.

Considérant que le régime du colonel Kadhafi était désormais "illégitime", les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont exhorté leurs pairs arabes à "prendre leurs responsabilités pour arrêter le bain de sang".

Le délégué irakien auprès de la Ligue arabe, Qaïs Azzawi, a affirmé que la position de son pays était "claire et ferme (...) en faveur d'une zone d'exclusion".

A Beyrouth, un responsable du ministère des Affaires étrangères a affirmé à l'AFP que le chef de la diplomatie Ali Chami représenterait le pays aux discussions, et que le Liban se rallierait au "consensus arabe".

Quant à la Jordanie, elle ne souhaite pas prendre position avant la réunion, ont indiqué des responsables.

"Je parle d'une action humanitaire. Il s'agit, avec une zone d'exclusion aérienne, de soutenir le peuple libyen dans sa lutte pour la liberté et contre un régime de plus en plus dédaigneux", a affirmé Amr Moussa dans son interview au Der Spiegel.

Quant à savoir qui doit assumer la direction d'une telle zone, M. Moussa a estimé que "cela dépend de la décision du Conseil de sécurité (de l'ONU). L'ONU, la Ligue arabe, l'Union africaine, les Européens - tous devraient participer".

L'Union européenne et les Etats-Unis ont évoqué vendredi la possibilité d'utiliser "toutes les options" contre le régime de Mouammar Kadhafi. Les Européens ont toutefois souligné que toute intervention était conditionnée à "une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région".

Le président français Nicolas Sarkozy n'a pas exclu une action sans mandat de l'ONU, tout en la conditionnant à "des agressions massives par des moyens militaires sur des populations civiles, désarmées et non violentes".




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