LE CAIRE — L'Egypte, l'un des principaux alliés de Etats-Unis au Moyen-Orient, a rejeté jeudi des demandes "absolument inacceptables" de Washington, notamment l'envoi d'observateurs étrangers, visant à assurer la transparence des élections législatives du 28 novembre.
"Les dernières positions prises par l'administration (américaine) concernant les affaires intérieures égyptiennes sont absolument inacceptables", a affirmé le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué au ton particulièrement dur.
Le Caire exprime également son vif mécontentement à propos d'une rencontre le 2 novembre entre des conseillers du président Barack Obama et un groupe d'experts en politique étrangère américains favorables à des réformes en Egypte.
Ce groupe est décrit par le communiqué comme étant "du type de ceux qui cherchent à répandre le chaos au Moyen-Orient".
Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a déclaré lundi que "les Etats-Unis restent attachés à des élections libres et impartiales en Egypte". Il a plaidé pour un contrôle électoral "impartial", et pour l'envoi d'observateurs internationaux que l'Egypte a toujours vigoureusement refusés.
Le communiqué des Affaires étrangères égyptiennes réagit en citant un "officiel" anonyme, qui affirme que "les Américains persistent apparemment dans le non-respect des spécificités de la société égyptienne, avec des actions et des déclarations qui provoquent le sentiment national égyptien".
"C'est comme si les Etats-Unis se posaient en gardiens de la manière dont la société égyptienne doit mener sa propre politique", ajoute-t-il.
Le communiqué appelle également Washington à ne pas porter atteinte à l'esprit de "respect mutuel" entre les deux pays.
Des responsables du gouvernement ou du parti au pouvoir se relaient également depuis mercredi dans les médias pour dénoncer la présence d'observateurs internationaux comme une "ingérence".
Les élections égyptiennes ont par le passé été régulièrement ternies par des violences et des accusations de fraude.
Des partis et personnalités de l'opposition égyptienne, de même que des organisations de défense des droits civiques, ont protesté ces dernières semaines contre les restrictions imposées à certains candidats et aux médias.
Les Frères musulmans, qui présentent des candidats "indépendants" faute d'être autorisés en tant que formation politique, ont dénoncé une vaste campagne d'arrestations de centaines de leurs militants à l'approche du vote.
Bénéficiaire d'une importante aide américaine et partenaire des Etats-Unis dans les efforts de paix israélo-arabes, l'Egypte s'est déjà par le passé montrée rétive face aux pressions de Washington pour des réformes politiques.
La volonté de l'ex-président George W. Bush d'amener ce pays à se démocratiser, en particulier lors des élections présidentielle puis parlementaire de 2005, avait conduit à de fortes tensions entre le Caire et Washington.
Le climat s'était amélioré avec l'élection de Barack Obama, soucieux de calmer le jeu avec le monde musulman, et officieusement jugé jusqu'à présent par l'Egypte moins pressant sur les questions de démocratie.
Michelle Dunne, de la fondation américaine Carnegie, qui a participé à la rencontre du 2 novembre à Washington, a expliqué à l'AFP (Agence France Press) que l'administration Obama, après avoir cherché à se distancer de celle de M. Bush, cherchait désormais à tenir compte des préoccupations en matière de démocratie.
"Il y a une attention croissante pour conserver l'Egypte comme un allié, mais aussi pour penser que le meilleur moyen de promouvoir la stabilité n'est pas de bloquer tout changement", assure-t-elle.
Samer AL-ATRUSH (AFP)
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