Ses arguments battus en brèche par les appels du Parlement européen et de Human Rights Watch à une “enquête indépendante” sur les sanglants événements de Gdeim-Izik (dans le Sahara Occidental) contre les civils sahraouis, et affaibli sur la scène internationale, le Maroc montre des signes d’affolement, comme en témoignent ces accusations farfelues contre l’Algérie et le parti espagnol PP, désignés responsables de sa déroute diplomatique.
Acculé dans ses derniers retranchements par le coup de massue qu’a constitué la résolution du Parlement européen condamnant l’usage disproportionné de la force contre les civils sahraouis le 8 novembre dernier à Gdeim-Izik, près de El-Ayoune, et appelant à une “enquête indépendante” des Nations unies sur ces violents événements, le Maroc a vu sa position s’affaiblir davantage avec la condamnation des ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch et Amnesty International, des violations des droits de l’homme au Sahara occidental appuyant également l’appel à faire la lumière sur le sujet. Il faut croire que Rabat a été ébranlé par la résolution des eurodéputés, qui vient chambouler toute sa stratégie en la matière, elle qui comptait énormément sur le silence complice du Vieux Continent pour imposer aux Sahraouis ses thèses colonialistes. Connaissant bien le poids de cette institution européenne sur les scènes continentale et mondiale, le Makhzen a compris sa douleur, parce que les conséquences seront désastreuses sur sa politique étrangère, particulièrement le dossier du Sahara occidental.
En effet, il pourrait en avoir un aperçu dès le mois prochain à l’occasion des nouvelles discussions sur l’accord d’association Maroc-Union européenne, à l’ordre du jour duquel figure la question du Sahara occidental, selon un membre de la Commission européenne. Dans le même ordre d’idées, l’eurodéputé Luigi de Magistris, du parti Italie des valeurs (IDV), qui est l'un des auteurs de la résolution du Parlement européen condamnant le Maroc, a affirmé qu’après le vote, “nous continuerons à suivre de près la conduite des parties (au conflit)”, avertissant que cela “pourrait affecter la reconduite de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc, en mars 2011”.
Ainsi, les risques sont importants pour Rabat, qui redoute que ses privilèges soient remis en cause. Il n’en demeure pas moins que le royaume alaouite s’entête à faire diversion en refusant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Tayeb El Fassi, que les Nations unies mènent une enquête sur les événements de violence de El-Ayoune, et que la minurso jouisse de prérogatives en ce qui concerne les droits de l’homme. Sans surprise aucune, le chef de la diplomatie marocaine a trouvé le bouc émissaire idéal en affirmant que “cette question fait les affaires de nos adversaires, le Polisario et l’Algérie”.
Fidèle à ses pratiques, qui consistent qu’à chaque fois que le Maroc est condamné sur la scène internationale, le Makhzen désigne l’Algérie comme responsable de ses malheurs et la jette à la vindicte populaire marocaine, comme ce fut le cas dimanche lors de la manifestation “spontanée”, où le parti politique espagnol PP a eu aussi droit à des critiques acerbes. Il est accusé d’avoir “intensifié, ces dernières semaines, ses actions hostiles au royaume”, et cherché à instrumentaliser “cette affaire à des fins électoralistes et politiciennes”.
Voilà des pratiques habituelles, qui ressortent à chaque fois que le Maroc est en mauvaise posture sur la scène internationale dans le dossier du Sahara occidental. Mais, cette fois-ci, l’addition risque d’être salée pour Rabat, dont le tort toujours cette fois-ci est d’avoir affaire à des institutions, le Parlement européen et les ONG de défense des droits de l’Homme (Amnesty international et Human Rights Watch), qui ne badinent pas avec la légalité internationale.
Seifeddine DEPASSE
Sources : AFP, Amnesty international et Human Rights Watch
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