dimanche 28 novembre 2010

En Grande-Bretagne, des milliers d'enfants volés par le gouvernement.


Les services sociaux britanniques enlèvent des milliers d'enfants par an à leurs familles. Sans raisons apparentes, ces enfants sont remis à l'adoption. Des assistants sociaux qui n'ont "pas besoin d'avoir une raison, ils ont seulement besoin d'une excuse".

Le 24 février 2010 à la Chambre des Communes, le Premier ministre Gordon Brown et les deux leaders de l'opposition présentent des excuses aux milliers d'enfants britanniques arrachés aux familles pauvres pendant des décennies. Des enfants alors déportés en Australie et dans d'autres pays du Commonwealth.

Ces familles méritent des "excuses illimitées", disent les hommes politiques. Et pourtant, plusieurs mois plus tard, rien n'a vraiment changé. Les services sociaux poursuivent leur mission, quasiment en toute impunité. Au début de la décennie, le gouvernement de Tony Blair avait même accordé des "primes au rendement" aux assistants sociaux, pour stimuler le marché de l'adoption. Depuis 1967, les enfants ne sont plus envoyés en Australie, mais ils sont toujours "volés" et placés sur le marché de l'adoption, presque sans aucun droit de recours. Des pratiques proches du kidnapping.

Les services sociaux, les "SS"

Les familles n'hésitent pas à appeler les services sociaux par leurs initiales, les "SS". Des "SS" qui enlèvent les nourrissons à l'hôpital. Ou dans le foyer familial, avec l'aide de la police. Pour quelles raisons ? Elles semblent en général peu claires. Le choix est motivé par les assistants sociaux. Mais les parents n'ont pas accès à ces dossiers. Ils ignorent tout ou presque des charges qui sont retenues contre eux. Les voilà définis comme étant "inaptes à éduquer leurs propres enfants".
Parfois, ces services sociaux profitent de problèmes familiaux d'une famille. Une dépression, une rupture, et les enfants sont retirés à leurs parents. Une loi oblige même les parents à se taire lorsqu'on enlève leurs enfants. Et en particulier vis-à-vis des journalistes. Pour les journalistes, justement, s'ils sont Britanniques, le fait de nommer les familles est un toboggan vers la prison car "c'est dans l'intérêt de l'enfant de ne pas être nommé".

Les parents narcissiques, colériques, violents ou gros ne peuvent garder leurs enfants

Certaines catégories de parents ont été définies comme "à risque". Ils n'ont pas le droit de garder leurs enfants, selon les services sociaux. C'est notamment le cas des parents narcissiques, colériques ou catégorisés comme violents. Voire ceux qui souffrent d'obésité. Et puis, il faut évoquer cette affaire de fécondation in vitro qui a donné un résultat étonnant : une personne d'origine indienne a donné naissance à une petite fille blonde. Les "SS" n'ont pas apprécié. La petite fille a été enlevée à ses parents. De même que les deux enfants qui restaient à la maison.
Les services sociaux n'hésitent pas non plus à catégoriser publiquement tel père ou telle mère comme abuseur sexuel. Des fausses accusations qui détruisent ainsi plusieurs vies.

Pas autiste, mais "victime des négligences de sa mère"

Malgré des dossiers médicaux complets, une mère d'un enfant autiste s'est vue retirer la garde de son enfant. Selon les services sociaux, l'adolescent n'est pas autiste, mais est "victime des négligences de sa mère". La maman est mise sur la liste des abuseurs, perd son emploi et n'est même pas acceptée en tant que femme de ménage dans un supermarché. La prostitution devient pour elle le seul moyen de ne pas aller habiter dans la rue.
Aujourd'hui, quelques voix s'élèvent pour dénoncer ces pratiques d'enlèvement où des bébés sont littéralement arrachés aux bras de leur mère, où des enfants plus âgés sont enlevés au domicile de leurs grands-parents.

Ian Josephs, un ancien conseiller municipal expatrié dans le sud de la France, organise la "résistance" contre ces services sociaux via un site internet. Il a constitué un véritable manuel de combat pour les familles. Il explique aux familles la marche à suivre. Ou fournit directement les billets pour l'Irlande, comme cette femme enceinte elle-même adoptée. Jugée "pas assez intelligente" pour se marier par les autorités, elle a filé en Irlande pour se marier et mettre au monde son enfant.

Il est presque impossible de revoir ses propres enfants

Parce qu'une fois les enfants retirés à leurs parents, parfois à leur insu, c'est la croix et la bannière pour pouvoir espérer les revoir. Certains parents ne peuvent retrouver leurs enfants qu'à de rares moments. Des moments sous haute surveillance. Les pleurs des enfants qui retrouvent leur mère sont vus par les "SS" comme des pleurs de douleurs. Des rapports tronquant la réalité sont ainsi produits et renforcent le sentiment d'injustice qui habite des milliers de familles.
Ou alors, les enfants placés isolés. Certains ne reçoivent jamais les nombreuses lettres envoyées par leurs parents.

Certains enfants n'attendent que leurs 16 ans pour partir à la recherche des parents auxquels on les a arrachés. Certains parents osent timidement utiliser les réseaux sociaux pour espérer retrouver leurs enfants volés.

Depuis plusieurs mois, Florence Bellone, la correspondante de la RTBF à Londres, mène l'enquête : les témoignages qu'elle a recueillis sont à la fois choquants et bouleversants.
Elle rompt ainsi la barrière du silence, en faisant témoigner des familles qui n'ont pas officiellement le droit de s'exprimer devant la presse.


A. de Callataÿ
Radio et Télévision Belge Francophone (RTBF)


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