De violents affrontements entre musulmans et chrétiens, qui se sont produits samedi soir autour d'une église du quartier d'Imbaba au Caire, ont fait neuf morts et une centaine de blessés. Au moins cinq Coptes ont été tués durant l'attaque.
AFP - De violents affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait neuf morts et plus d'une centaine de blessés samedi soir dans un quartier populaire du Caire, ravivant les fortes tensions interconfessionnelles que connaît l'Egypte.
Les principaux affrontements se sont produits autour d'une église du quartier d'Imbaba, attaquée par des musulmans au motif qu'une chrétienne supposée vouloir se convertir à l'islam y serait enfermée.
Les principaux affrontements se sont produits autour d'une église du quartier d'Imbaba, attaquée par des musulmans au motif qu'une chrétienne supposée vouloir se convertir à l'islam y serait enfermée.
Un autre église a été incendiée dans ce quartier, où d'importants effectifs de soldats et de policiers anti-émeutes ont été déployés.
L'agence officielle Mena a fait état tôt dimanche matin de neuf morts et plus d'une centaine de blessés, sans donner de répartition par confession.
Un prêtre, le père Hermina, a déclaré à l'AFP qu'au moins cinq Coptes avaient été tués lors d'une attaque "par des voyous et des salafistes (un mouvement fondamentaliste islamiste ndlr) qui ont tiré sur nous".
Un corps recouvert d'un drap sur lequel était posé un évangile reposait dans l'église Saint-Mina, dont le sol portait des traces de sang.
Des militaires ont tiré en l'air pour tenter de séparer les deux camps. Des musulmans ont quant à eux lancé des cocktails molotov sur les chrétiens, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ce sont eux qui ont commencé à tirer sur nous. Nous étions pacifiques", a quant à lui assuré Mamdouh, un manifestant musulman.
L'armée égyptienne a promis d'agir fermement contres les responsables de ces violences. Un général, s'exprimant dans la nuit sur la chaîne privée ON-TV, a promis que l'armée "ne permettra pas à quelque courant que ce soit d'imposer son hégémonie en Egypte".
L'officier a souligné que toute personne arrêtée sur les lieux était susceptible d'être jugée en vertu d'une nouvelle loi sur le banditisme, qui prévoit des sanctions renforcées.
L'armée égyptienne assure la direction du pays depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier à la suite d'une révolte populaire.
L'une des plus hautes autorités musulmanes d'Egypte, le grand mufti Ali Gomaa, a appelé à "ne pas jouer avec la sécurité du pays" et a assuré que les troubles "ne pouvaient pas émaner de gens vraiment religieux, qu'ils soient musulmans ou chrétiens".
Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent entre 6 et 10% de la population égyptienne, qui compte au total plus de 80 millions de personnes. Ils constituent la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient.
Des polémiques alternant accusations et démentis sur des chrétiennes coptes qui serait cloîtrées pour les empêcher de se convertir à l'islam alimentent depuis des mois une montée des tensions entre communautés.
Plusieurs manifestations à l'appel de salafistes ont eu lieu ces dernières semaines sur ce thème. La dernière, vendredi au Caire, a tourné au soutien à Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda tué dans une opération commando américaine au Pakistan.
La communauté copte avait été visée par un attentat dans la nuit de la Saint-Sylvestre contre une église copte à Alexandrie (nord de l'Egypte) qui a fait 21 morts.
Les Coptes, présents en Egypte depuis les premiers temps du christianisme, avant l'ère islamique, se plaignent de discriminations et de marginalisation croissante dans une société égyptienne en grande majorité musulmane sunnite.
Leur sentiment d'insécurité s'est aggravé depuis la chute du président Moubarak, qui s'est traduite par une visibilité accrue du mouvement fondamentaliste salafiste.
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