Les journaux égyptiens affichent tous Ilan Grapel en une. |
Ilan Grapel est accusé par les autorités du Caire d'agir pour le compte du Mossad.
Son visage juvénile s'affiche à la une des journaux égyptiens. Ici attablé devant une bière dans un café cairote, là sur la place Tahrir, épicentre de la révolution, avec une pancarte en arabe critiquant Barack Obama. À en croire les autorités égyptiennes, Ilan Grapel, un Américano-Israélien de 27 ans, est un agent du Mossad qui se livrait à des activités d'espionnage «dans le but de porter atteinte aux intérêts économiques et politiques du pays». Selon le parquet, qui l'a placé en détention préventive pour quinze jours, il est entré en Égypte «en se faisant passer pour un journaliste». Des sources judiciaires l'accusent d'avoir cherché à provoquer des tensions entre les jeunes révolutionnaires et l'armée, ainsi qu'entre musulmans et coptes. Une accusation reçue avec scepticisme par nombre d'experts égyptiens, qui soulignent que le jeune homme n'a pas le profil d'un spécialiste des missions secrètes.
L'ambassade d'Israël au Caire n'a fait aucun commentaire. À Tel-Aviv, le ministère des Affaires étrangères et le Mossad ont nié qu'Ilan Grapel agisse pour le compte du gouvernement israélien. Selon son père, il s'était rendu en Égypte en tant que volontaire pour une agence d'aide aux réfugiés. Un de ses amis, cité par le Jerusalem Post, le décrit comme un «activiste de gauche pro-arabe», bien qu'il ait fait son service militaire dans une unité parachutiste de l'armée israélienne et qu'il ait été blessé par le Hezbollah au Liban-Sud en 2006.
Qui est vraiment Ilan Grapel? Pour les observateurs au Caire, ce n'est pas le plus important: la question est surtout de savoir quel but recherchent les autorités qui ont déjà expulsé le mois dernier un diplomate iranien accusé d'espionnage. Un diplomate européen y voit «une nouvelle illustration de la politique de rupture» avec le régime d'Hosni Moubarak, jugé trop conciliant avec Israël. L'Égypte a suspendu ses livraisons de gaz naturel à prix bradés et rouvert le terminal de Rafah, allégeant le blocus de Gaza. Autant d'initiatives saluées par l'opinion publique, dont un récent sondage a montré qu'elle était favorable à une remise en question du Traité de paix avec Israël. «On peut aussi y voir une tentative de la part des services de sécurité de redorer leur blason, sérieusement écorné par la révolution», ajoute le diplomate européen. Le blogueur Hossam el-Hamalawy suspecte, lui, une autre explication: «L'armée pourra désormais accuser quiconque la critique d'agir pour le compte d'Israël»…
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